Dette: Moody’s se penche sur la France, six mois après sa rétrogradation par Fitch

Par Epoch Times avec AFP
20 octobre 2023 11:00 Mis à jour: 20 octobre 2023 11:19

Six mois après la rétrogradation de sa note par Fitch, la France passe vendredi sur le gril de l’agence de notation Moody’s chargée d’évaluer sa dette, alors que le gouvernement veut donner des gages de sérieux dans le budget 2024.

L’agence attribue actuellement à la France la note « Aa2 », l’une des meilleures possibles, signe que le pays reste très crédible aux yeux des marchés. Cette note est assortie d’une perspective « stable », ce qui signifie que Moody’s n’envisage pas de la modifier pour l’heure.

Moody’s est la première à se pencher de nouveau cette année sur la note française, avant Fitch le 27 octobre et Standard & Poor’s (S&P) le 1er décembre. Elle peut actualiser, dans la soirée, la note et/ou la perspective ou les garder inchangées. Et elle peut choisir de communiquer ou non.

S’il a entraîné peu de conséquences sur les marchés, l’abaissement de la note financière de la France par Fitch à « AA- » (là aussi une note qui reste très élevée) avec une perspective « stable » en avril dernier avait été un coup de semonce.

« Déficits budgétaires importants et des progrès modestes »

Fitch avait notamment évoqué « des déficits budgétaires importants et des progrès modestes » concernant leur réduction, après trois ans d’abondantes dépenses publiques destinées à amortir le choc du Covid et de l’inflation, et les tensions sociales autour de la réforme des retraites. Quelques semaines plus tard, la France échappait de peu à une révision à la baisse de la note « AA » (la troisième meilleure possible) attribuée par S&P, considérée comme la plus influente des trois.

Mais S&P n’avait pas non plus touché à la perspective « négative », qui signifie qu’un abaissement de la note est possible. S&P avait relevé des « risques » relatifs à l’exécution des objectifs budgétaires, comme « l’absence de majorité absolue » au Parlement.

Depuis ces dernières actualisations, « l’aspect politique est à peu près stabilisé », analyse pour l’AFP l’économiste et consultant indépendant Norbert Gaillard, notant que les agences ont mis au crédit de la France les réformes du marché du travail et des retraites.

Dette au-delà de 3000 milliards d’euros

Le gouvernement a toutefois été encore forcé, mercredi, d’engager sa responsabilité pour faire adopter au parlement la partie « recettes » du budget, l’opposition annonçant dans la foulée deux motions de censure. Alors que la dette a dépassé les 3000 milliards d’euros et que le déficit est largement hors des clous européens, le texte prévoit au moins 16 milliards d’euros d’économies – résultant principalement de la fin de mesures exceptionnelles, comme le bouclier tarifaire pour l’électricité. Mais certaines projections économiques sont jugées optimistes par certains économistes et organisations.

Le ministère mise sur une croissance économique de 1% cette année, puis de 1,4% en 2024. Il prévoit de ramener le déficit public de 4,9% du PIB en 2023 à 4,4% en 2024, puis à 2,7% en 2027. L’endettement resterait stable à 109,7% du PIB en 2024, pour atteindre 108,1% en fin de quinquennat. « Normalement, le projet de budget est de nature à rassurer les agences, sauf si elles mettent en doute sa crédibilité », remarque Éric Dor, directeur des études de l’IESEG School of Management.

Prévision d’un emprunt record en 2024

D’autres facteurs pourraient éventuellement conduire à une révision de la perspective de Moody’s à « négative », voire à un abaissement de la note de S&P. Le ralentissement de la croissance pourrait avoir un impact défavorable sur les recettes budgétaires, et la charge de la dette dans les dépenses pourrait s’accroître avec une nouvelle augmentation des taux de la Banque centrale européenne (BCE) lors de sa réunion du 26 octobre. La France prévoit d’emprunter un montant record de 285 milliards d’euros sur les marchés en 2024.

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