De Top Gun à Miss France, les nouveaux débats du « woke »

Par La Rédaction
12 juin 2022 17:38 Mis à jour: 14 mars 2023 08:27

La semaine passée, on a vu une jeune femme, qui avait interpellé le Président de la République sur ses ministres accusés de viol, recevoir dans son lycée la visite de la gendarmerie. Censément venus pour évoquer l’agression dont elle a été victime par le passé, les hommes en bleu lui ont surtout indiqué qu’il n’est pas bon d’interpeller publiquement le chef de l’État.

Cette même semaine passée, l’Institution Miss France fait sa révolution en modifiant le premier article de son règlement. Elle acceptera désormais les candidatures de femmes mariées et d’hommes transgenre. L’acteur Alexandre Furet, devenu après chirurgie et traitement hormonal Andréa Furet, sera ainsi candidat à la prochaine élection des Miss. La porte avait été ouverte en décembre dernier par la ministre à l’Égalité, Elisabeth Morano, provoquant une réaction outrée et politiquement incorrecte de Geneviève de Fontenay, fondatrice du concours : « C’est une profonde injure aux soixante années de ma vie pendant lesquelles je me suis battue pour donner à Miss France une image respectée et respectable, qui met en valeur les jeunes filles saines de corps et d’esprit. » En gras dans son communiqué, la dame au chapeau s’insurge: « Miss France n’est pas un concours contre nature ! » Les réactions n’ont évidemment pas tardé pour accuser la matriarche d’intolérance et de haine.

Cette semaine passée enfin, le débat a été vif au sujet du nouveau « Top Gun » avec Tom Cruise, phénoménal succès au box-office alors qu’il n’a pas coché toutes les cases de la liste du politiquement correct. Certes, il y a une femme, un hispano-américain et un noir dans l’équipe des acteurs, mais le film se construit avant tout sur la virilité non ambiguë de pilotes d’avion de chasse. De la testostérone, des voitures thermiques qui font vroum, le drapeau américain fièrement arboré… et même le drapeau taïwanais sur le blouson de Tom Cruise, ce qui vaut au film d’être interdit en Chine.

Le fil qui relie ces trois actualités est la conscience, aigüe ou pas, des injustices de nos sociétés, et la traduction extrême qu’en fait le mouvement dit « woke » en rendant chacun potentiellement coupable d’oppression. À Hollywood ces dernières années, les films ont donc été conçus avec une prudence et des précautions horlogères, pour ne pas risquer de heurter qui que ce soit. La violence, la drogue ou le sexe peuvent y saturer chaque scène, pour autant que les minorités ne s’y sentent pas offensées. La représentation du blanc hétérosexuel et patriote étant offensante car ramenant des souvenirs d’oppression – esclavagisme, violences faites aux femmes,  le héros-type a progressivement été transformé en un être blessé, plein d’ombres, dont la meilleure amie est une lesbienne noire et qui lutte avec l’aide d’ingénieurs chinois contre un homme au pouvoir (généralement conservateur) prêt à détruire le monde. Cette recette a été considérée comme la meilleure pour un large audimat, pour ne pas créer de controverse dans la communauté noire ou LGBT, et donc pour encaisser un maximum de recettes. La femme agent-secret cassant la figure, pendant 120 minutes, à tous les baraqués du monde rassemblés contre elle en est une autre déclinaison. Or, le nouveau Top Gun montre qu’on peut rencontrer un immense succès commercial avec du patriotisme à l’ancienne et des conflits qui se résolvent par l’union du groupe plutôt que par la lutte des classes. « When it’s woke, it’s broke » (« quand c’est woke, c’est fichu ») dit une nouvelle expression populaire aux États-Unis, qui traduit la fatigue populaire face aux excès associatifs.

Les deux autres actualités françaises citées ci-dessus, montrent une France elle aussi un peu hollywoodienne : d’un côté, des leaders de la majorité présidentielle peuvent passer leurs nuits en club avec des jeunes femmes à peine majeures, jusqu’à un jour être accusés de viol, sans que leur légitimité morale à assumer de hautes fonctions soit questionnée. Mais dans le même temps, un homme peut maintenant – parce qu’il se sent femme intérieurement et que la technologie médicale lui permet d’effacer les attributs de sa masculinité – se présenter à un concours de beauté pour jeunes femmes. La liberté individuelle a ainsi gagné le droit, pour s’exercer, de détruire les normes et les repères historiques de l’identité sociale. À cet étalon selon lequel la perception intérieure qu’une personne a d’elle-même dépasse la réalité matérielle du corps qui lui a été donné, un camionneur de deux quintaux pourrait considérer être « intérieurement » une miss, se juger victime de grossophobie, de critères esthétiques issus du patriarcat et demander à concourir barbu pour devenir la prochaine Miss Dunkerque.

En accompagnant ces réactions au mal-être intérieur, en les promouvant même pour ne pas risquer d’être accusée d’intolérance, notre société ne fait que créer plus de mal-être encore, et refuse de regarder le désespoir qu’elle crée chez ces jeunes immatures qui, ayant détruit leur identité sociale par leur transformation, ne trouvent plus de place pour exister ailleurs que dans des luttes communautaires. Les questions « Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? » sont si profondes qu’une vie suffit à peine pour y répondre – ce que ne sait pas faire un bistouri. Il y a des jours où on pourrait préférer le monde simple de Top Gun, dans lequel il y a des hommes, des femmes, des noirs, des blancs, grands ou pas, forts ou pas… mais qui donnent le meilleur d’eux-mêmes avec leurs moyens – et s’accomplissent à travers cela.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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