Incendie de Rouen: une enquête pour « mise en danger d’autrui » et un préfet qui se veut rassurant

Par Epoch Times avec AFP
28 septembre 2019 16:57 Mis à jour: 28 septembre 2019 19:53

Deux jours après le spectaculaire incendie de l’usine chimique Lubrizol, le parquet de Rouen a élargi samedi l’enquête à la « mise en danger d’autrui » et face à l’inquiétude sur l’impact sanitaire et environnemental du sinistre, le préfet a dévoilé des résultats d’analyses qu’il juge « encourageants ».

« Nous disposons de l’essentiel des résultats d’analyse qui sont encourageants et qui traduisent pour l’air une situation normale », a déclaré le préfet de Normandie Pierre-André Durand.

Sur le site de l’accident, un site industriel Seveso seuil haut, produisant des additifs d’huile, la présence de benzène a toutefois été notée.

Les résultats des analyses de l’air réalisées par Atmo Normandie sont disponibles sur leur site et les autres résultats seront sur le site de la préfecture dès samedi soir, a assuré le préfet.

Concernant les suies, « nous n’avons pas de situation alarmante », a dit le préfet, sauf la présence de plomb dans certaines analyses « mais qui sont vraisemblablement imputables à des traces historiques, et situées principalement sur des axes ou à proximité de voies très fréquentées », a-t-il dit. Sur les 55 écoles de Rouen, seules trois ont été touchées par les suies et elles devraient rouvrir lundi matin, ont assuré les autorités.

D’après une journaliste de l’AFP présente à Rouen, une forte odeur se faisait toujours sentir samedi après-midi dans la ville.

« Je ne minimise pas les éléments d’inconfort. Mais à l’échelle d’une population de 100.000 habitants, nous ne sommes pas dans une situation de masse qui frapperait toute l’agglomération rouennaise », a affirmé le préfet, qui a évoqué « une catastrophe majeure ».

Enfin la présence d’amiante a été confirmée sur le site, « dans la toiture des bâtiments » et un programme de mesures de fibres dans l’air a été lancé dans un rayon de 300 m autour du site.

Côté judiciaire le parquet de Rouen, qui a reçu plusieurs plaintes, a décidé d’élargir l’enquête ouverte initialement pour « destructions involontaires par l’effet d’une explosion ou d’un incendie » à « mise en danger d’autrui ».

Me Jonas Haddad, avocat de Rouen, a dit à l’AFP avoir été sollicité par plusieurs personnes, mais aussi par des entreprises, et s’attend « à une centaine de plaintes ». « On peut comparer cela à une marée noire dans l’air, ça ne se calme pas », a-t-il déclaré.

Le PDG de Lubrizol France, Frédéric Henry, s’était dit, lui, vendredi « très étonné de voir un incendie qui se déclare en pleine nuit, dans un endroit où il n’y a personne ».

Plusieurs riverains, associations ou syndicats faisaient toujours part de leur inquiétude ou de leur colère samedi, alors que cette usine est située dans la ville, à environ trois kilomètres de la célèbre cathédrale.

Plusieurs syndicats, dont la CGT et Solidaires, mais aussi des associations écologistes (Greenpeace, France nature environnement) ont appelé à manifester mardi à 18h devant le palais de justice, exigeant « une transparence complète » sur cet accident industriel. Dans un communiqué commun, ils regrettent que « la liste des produits qui ont brûlé n’ait pas été communiquée ».

Plusieurs députés de gauche, dont le numéro un du PS Olivier Faure, ont réclamé l’ouverture « dès la semaine prochaine » d’une commission d’enquête parlementaire sur cet incendie, comme pour l’usine AZF il y a 17 ans.

Preuve de l’importance de la pollution, le large nuage qui s’est échappé de l’incendie, long de 22 km et large de six kilomètres, est remonté vers le nord de la France comme en témoigne le maire de Bohain-en-Vermandois Yann Rojo, commune au nord de l’Aisne, à 200 km de Rouen qui a affirmé samedi que ses habitants ont « constaté des flaques d’eau brunâtres, teintes de résidus d’hydrocarbure » et « des traces de suie ».

Autour de Rouen les agriculteurs ont été touchés de plein fouet avec un « gel » des productions et des récoltes susceptibles d’avoir été exposées à la suie « jusqu’à obtention de garanties sanitaires », a précisé le préfet.

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