J’ai lu le « Manifeste du Parti communiste » pour la première fois. Voilà ce que j’ai appris sur Karl Marx

Par Dan Sanchez
7 avril 2022 19:57 Mis à jour: 8 avril 2022 11:28

L’Apple Books propose de nombreux ouvrages appartenant à la littérature classique sous forme numérique à télécharger gratuitement. Parmi les choix proposés, on trouve les six volumes de The Decline and Fall of the Roman Empire d’Edward Gibbon. [L’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain] et The Federalist Papers [Le Fédéraliste]. J’ai récemment découvert un livre dans cette bibliothèque gratuite, le Manifeste du Parti communiste. Qualifié de pamphlet et non de livre, le texte fait 67 pages et se lit rapidement, mais il manque cruellement de substance.

Certains historiens aiment se faire l’avocat du diable lorsqu’il s’agit de Karl Marx et de la mise en place du système communiste au cours du 20e siècle. Selon eux, si Karl Marx était encore en vie au moment de la formation de l’Union soviétique, il l’aurait désavouée et il aurait déclaré que cela ne correspondait en rien à sa vision. J’ai entendu assez d’arguments et de témoignages dénonçant les abus du communisme pour prouver qu’il s’agit d’une idéologie vouée à l’échec une fois appliquée, et dont les conséquences sont désastreuses. Mais je n’avais jamais lu le texte original. Les historiens et les apologistes avaient‑ils raison ?

Définir le communisme

Selon le dictionnaire Oxford, un « manifeste » est « une déclaration publique portant sur une politique et des objectifs ».

Le Manifeste du Parti communiste est très vague à cet égard. Les lecteurs n’ont pas même droit à un résumé clair de la philosophie communiste avant la page 29, à savoir « l’abolition de toute propriété privée ». Il n’y a aucune instruction quant à la mise en place et à l’administration de ce système, tout doit se faire naturellement, cependant, la force brute est requise. Enfin, que nul ne daigne se plaindre ! La Bourgeoisie capitaliste n’aura que ce qu’elle mérite, quant à ceux qui appartiennent au Prolétariat, ils n’ont rien à perdre… Leurs possessions sont si maigres, incontestablement vouées à être englouties dans le système capitaliste.

Sur les 67 pages du Manifeste, seules deux sont consacrées aux mesures que doivent prendre les communistes. Ces politiques, énumérées en dix points, sont : l’abolition de la propriété foncière ; de lourds impôts (de sorte à paralyser la richesse individuelle) ; l’abolition du droit d’héritage ; la confiscation des biens de tous les émigrants et rebelles (éradication des dissidents) ; la nationalisation des banques ; la centralisation dans les mains de l’État des communications et des transports ; l’État propriétaire de tous les moyens de production, industriels et agricoles ; la création d’armées de travailleurs ; l’abolition progressive des différences entre les villes et les villages (réinstallations forcées) et l’éducation gratuite.

Deux pages, c’est peu pour définir un système politique, mais ces principes ont été appliqués en Russie soviétique et en République populaire de Chine lorsque les deux pays ont mené à terme leurs révolutions communistes. L’Union soviétique est devenue une superpuissance avant de s’effondrer sous le poids de l’inefficacité de ce système ; le Parti communiste chinois persiste mais ses dirigeants ont abandonné la politique marxiste et ont adopté des réformes favorables au libre‑échange.

Quoiqu’il en soit, la concrétisation des principes communistes a entraîné la mort de 55 à 95 millions de personnes de par le monde.

Une complainte de la destruction créative

Le premier chapitre du Manifeste s’intitule « Bourgeois et prolétaires ». Selon la thèse principale de cette première partie, la civilisation humaine a toujours été le théâtre d’un conflit entre une classe dirigeante et tous ceux qui lui étaient subordonnés : par exemple, les seigneurs et les serfs à l’époque féodale ou les patriciens et les plébéiens durant l’Empire romain. À son époque, selon Marx, le conflit de classes oppose les bourgeois (marchands, propriétaires d’entreprises, entrepreneurs, capitalistes et nouvelle classe moyenne) et les prolétaires (qui ne possèdent pas grand‑chose et dont le seul moyen de gagner de l’argent est de travailler). L’unique moyen de dépasser ce schéma est d’opérer une révolution afin que nous fassions tous partie d’une seule et même classe, le prolétariat. Marx évoque également l’aristocratie, une classe sur le déclin, positionnée contre la bourgeoisie étant donné que celle‑ci renverse systématiquement toutes les anciennes structures de la société.

Selon le Manifeste, de nombreux prolétaires du 19e siècle sont les descendants des artisans d’autrefois. Ceux‑ci gagnaient correctement leur vie sous la monarchie, mais ses familles ont plongé dans la misère à l’apparition des usines modernes, produisant plus et à moindre frais. La main‑d’œuvre qualifiée a donc été remplacée par un personnel sans compétence particulière, si ce n’est de faire fonctionner une simple machine à un prix dérisoire. Le savoir des anciens artisans a perdu sa raison d’être.

Pour donner à Marx le bénéfice du doute, ce qu’il déplorait est ce que nous nommons aujourd’hui la « destruction créatrice ». Le concept est né sous la plume de l’économise Joseph Schumpeter dans les années 1940. Grâce aux innovations au sein d’une économie, les modes de production gagnent en efficacité. Alors de nouvelles ressources sont mises à profit dans de nouveaux domaines stimulant la croissance économique et impactant l’ensemble de la société. L’industrie automobile du début du 20e siècle, qui a supplanté l’industrie des chevaux et des calèches, en est un bon exemple.

La plus grande lacune de la pensée de Marx est la suivante : tandis qu’il déplore le déclin du niveau de vie du cordonnier, il oublie de mentionner que les usines ont permis de rendre les chaussures plus abordables pour tous. Grâce à la production de masse, des chaussures qui coûtaient autrefois un an de salaire pouvaient désormais être achetées pour une semaine de salaire. Aujourd’hui, avec les avantages du libre‑échange et de la spécialisation, un travailleur peut s’acheter une paire de chaussures décente pour une heure ou deux de travail.

L’innovation est un énorme atout pour l’économie. Si certaines personnes sont pénalisées par cette évolution dans la mesure où leurs compétences sont devenues obsolètes, de nouveaux emplois correspondant à de nouvelles compétences et offrant de nouvelles opportunités voient le jour, et le niveau de vie général s’en trouve amélioré. Nier cette vérité et refuser de considérer ce qui peut être gagné ultérieurement du fait qu’une chose du passé a disparu est le propre du « mauvais économiste » tel que le défini par Henry Hazlitt :

« Le mauvais économiste ne voit que ce qui frappe immédiatement l’œil, le bon économiste regarde aussi au‑delà. Le mauvais économiste ne voit que les conséquences directes d’une mesure proposée, le bon économiste examine également les conséquences indirectes et à plus long terme. Le mauvais économiste ne voit que l’effet d’une politique donnée sur un groupe particulier, le bon économiste s’interroge également sur l’effet de cette politique sur tous les groupes. »

Éloges superflus de Marx

En tant qu’économiste, Karl Marx n’a pas eu la capacité d’entrevoir l’avenir, ni la façon dont la révolution industrielle allait le façonner. À la veille de la chute de l’Union soviétique, après plus de 70 ans de communisme, 20 % de la population vivait dans la misère. Après la chute de l’Union, ce que l’on appelait le second monde (pays du bloc soviétique) s’est effondré et de nombreux pays ont adopté le libre marché. En 1990, 36 % de la population mondiale vivait dans une extrême pauvreté ; en 2015, seulement 12 %. Ce n’est ni le communisme ni les gouvernements centralisés qui ont permis cette réduction, mais bien le capitalisme.

Karl Marx est mort voici près de 150 ans. Depuis sa disparition, ses critiques du capitalisme ont globalement été invalidées, la classe moyenne s’est développée et le niveau de vie a augmenté partout dans le monde. Les idées limitées de Karl Marx, en revanche, se sont effondrées encore et encore.

Cependant, pour une raison qui nous échappe, de nombreux intellectuels contemporains le considèrent comme un génie incompris, malgré toutes les preuves du contraire.

Daniel Kowalski est un homme d’affaires américain, ayant des intérêts aux États‑Unis et sur les marchés en développement africains.

Cet article a été initialement publié sur FEE.org. Lire l’article original.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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