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Quel est le profil des 12.000 migrants débarqués sur l’île de Lampedusa ?

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Des migrants arrivent dans le port de l'île italienne de Lampedusa, le 18 septembre 2023. Le 18 septembre 2023, l'Italie a prolongé les périodes de détention pour les migrants illégaux afin de dissuader les arrivées après les traversées record de bateaux en provenance d'Afrique du Nord vers Lampedusa, dont la pointe la plus méridionale du pays a été submergée.

Photo: ZAKARIA ABDELKAFI/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

La majorité des 12.000 migrants débarqués sur l’île de Lampedusa la semaine dernière sont des jeunes hommes originaires de pays dont les ressortissants bénéficient rarement du droit d’asile.
Lundi 18 septembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est rendu sur l’île italienne afin de faire le point sur l’aide humanitaire qui peut être accordée à l’Italie afin d’aider ces dizaines de milliers de clandestins.
Au lendemain des propos tenus par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, qui a appelé « les États membres à accueillir » ces migrants, Gérald Darmanin, a lui, assuré sur Cnews que la France aiderait l’Italie mais n’accueillerait que les demandeurs « persécutés dans leurs pays », ainsi que les « réfugiés politiques », seuls bénéficiaires du droit d’asile en théorie.
Or, le ministre de l’Intérieur a souligné que la majorité des migrants de Lampedusa ne seraient pas dans cette situation, «60% d’entre eux» provenant de pays comme la «Gambie ou la Côte d’Ivoire», ou encore «le Cameroun» ou «la Tunisie».
«Il n’y a aucune raison qu’ils viennent», a-t-il insisté, il faudra les «renvoyer chez eux» car ils «n’ont rien à faire en Europe».
Qui sont ces personnes arrivées clandestinement à Lampedusa?
Si de nombreuses images circulent sur les réseaux sociaux, montrant principalement des hommes, jeunes et d’ethnies provenant d’Afrique subsaharienne, il demeure relativement compliqué de connaître l’origine et le sexe de ces dizaines de milliers de migrants arrivés en masse sur l’île italienne.
Régine Delfour est une journaliste de CNews qui a pu suivre un bateau effectuant la traversée. Elle assure avoir essentiellement échangé avec des hommes. «Parmi ces migrants, il y en a qui fuyaient les conflits armés, la persécution en raison de leur orientation sexuelle et d’autres pour des raisons économiques», explique-t-elle sur CNews. Sur le bateau, se trouvaient à bord 189 personnes, dont seulement 10 femmes et trois enfants en bas âge de moins de 3 ans. La plupart d’entre eux étaient originaires d’Afrique subsaharienne, avec quelques Tunisiens, Marocains et Soudanais.
Par ailleurs, les données publiées par Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, révèlent que seuls 8% des 331 553 migrants recensés en 2022, qu’ils soient arrivés par terre ou mer, étaient des femmes. 11% de ces migrants sont mineurs, accompagnés ou pas.

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Concernant la nationalité des migrants passés clandestinement par voie maritime, FRONTEX recense ainsi les 9 pays les plus représentés en 2022: l’Egypte, la Tunisie, le Bangladesh, la Syrie, le Maroc, l’Afghanistan, l’Algérie, la Côte d’Ivoire, la Guinée.
En 2019, 65% des migrants ayant traversé la Méditerranée étaient des hommes adultes, avec seulement 15% de femmes et 20% de mineurs, dont une majorité de jeunes hommes non accompagnés.
De son côté, le ministère de l’Intérieur italien établit une base de données recensant les pays d’origine des migrants arrivant illégalement sur le territoire.
Selon cette source, les pays les plus représentés sont la Guinée (12%), la Côte d’Ivoire (11%), l’Égypte (9%), la Tunisie (7%), le Bangladesh (6%), le Pakistan (5%), le Burkina Faso (5%), la Syrie (4%), le Cameroun (4%), le Mali (3%). Viennent ensuite l’Érythrée (3%), la Gambie (2%), l’Afghanistan (2%), puis le Soudan, le Bénin, le Sénégal, le Nigeria et la Sierra Leone.
Si le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont bien représentés, une majorité de migrants viennent effectivement d’Afrique subsaharienne.
Droit d’asile ou pas?
Compte tenu de ces éléments, il semblerait donc que selon les nationalités présentées, la plupart de ces migrants seraient alors déboutés d’un droit d’asile. Cependant, l’OFPRA, Office français de protection des réfugiés et apatrides, ne prend pas la nationalité comme seul critère de sélection. Le droit d’asile est ainsi octroyé aux personnes persécutées en raison de leur race, religion, opinion politique ou encore de leur appartenance sociale (comme être homosexuel, par exemple), conformément à la Convention de Genève.
Seule une petite partie des migrants arrivés à Lampedusa pourrait alors bénéficier de ce droit d’asile. Mais dans les faits, si les demandes d’asile ne sont pas acceptées, les renvois ne sont que peu exécutés, la France n’ayant exécuté que 6,9% des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) en 2020, indiquent des chiffres du Sénat.