Pourquoi l’ancien dirigeant chinois Jiang Zemin ne se réjouit pas de son 90e anniversaire

20 août 2016 10:02 Mis à jour: 20 août 2016 19:43

Analyse des informations

Les échanges en ligne au sujet de Jiang Zemin qui fête son 90e anniversaire commentent la situation difficile dans laquelle se trouve actuellement l’ancien dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), ainsi que les crimes épouvantables dont il est accusé.

Né le 17 août 1926 dans la province du Jiangsu sur la côte est de la Chine, Jiang a récemment reçu un grand nombre de vœux d’anniversaire et d’hommages dans les médias sociaux chinois.

Toutefois, selon Free Weibo, un site web qui permet de suivre les messages censurés sur Sina Weibo, les internautes chinois ont dû recourir à des moyens transverses (en ajoutant le tag « +1S » ou « plus une seconde ») pour accéder aux messages postés concernant le nonagénaire – les censeurs du régime supprimaient tous les messages avec les mots « Jiang Zemin » et « aîné» ( « zhangzhe » en chinois). Aucun média officiel du Parti n’a parlé du 90e anniversaire de Jiang.

D’après le Financial Times, la police chinoise a également mis en garde « les fans du crapaud » ou « hasi » en chinois, contre l’organisation de fêtes d’anniversaire et des messages de célébration en ligne. Jiang a été surnommé « le crapaud » à cause de sa ressemblance avec le batracien – ses lunettes noires à la monture épaisse, les plis sur ses mâchoires et son ventre rond.

L’absence de réjouissances à l’occasion de l’anniversaire de Jiang, explique le Financial Times, est due au fait qu’il est « considéré par l’actuel dirigeant Xi Jinping  comme une menace politique », en dépit d’avoir déjà 90 ans.

Grâce à ses alliés politiques, Jiang continuait de jouer un rôle dans les affaires de l’État après avoir abandonné tous ses postes officiels en 2005. Hu Jintao, le successeur de Jiang, était guindé et sans inspiration, car il était constamment entravée par la « direction collective » des alliés et partisans de Jiang, dont plusieurs étaient membres du tout puissant Comité permanent du Politburo.

Depuis son arrivée au pouvoir, Xi Jinping a continuellement cherché à déraciner le réseau politique supervisé par Jiang et consolider sa propre position car il voulait, entre autres, éviter le sort politique de Hu Jintao.

Dans le cadre de la campagne anti-corruption de Xi Jinping, plusieurs proches lieutenants et alliés de Jiang ont été reconnus coupables de corruption et soumis à la purge, y compris l’ancien membre du Politburo Bo Xilai , l’ancien responsable de la sécurité Zhou Yongkang et le dernier responsable adjoint des forces armées Xu Caihou. Toutefois, dans plusieurs discours prononcés l’an dernier, Xi Jinping a laissé entendre que les crimes des gens de Jiang étaient en fait politiques, car ils avaient formé des « cliques et cabales » afin de « ruiner et diviser » le Parti. Cependant, la corruption reste l’un des héritages les plus durables et détestés du règne de Jiang.

L’an dernier, Xi Jinping a également exposé le rôle de parrain joué par Jiang. Dans son discours prononcé en janvier 2015, Xi Jinping a critiqué certains dirigeants du Parti qui étaient une puissance derrière le trône. Huit mois plus tard, le Quotidien du Peuple, porte-parole de l’État, a publié un éditorial avertissant les dirigeants du PCC à la retraite qui continuaient d’influencer les affaires à travers leurs « hommes de confiance» dans des postes clés.

En 2016, Xi Jinping semble préparer la base pour ouvrir une enquête formelle sur Jiang.

Entre mars et mai dernier, les enquêteurs anti-corruption ont mené une enquête massive dans les départements d’État à Shanghai, le terrain traditionnel de Jiang Zemin. Des sources bien informées en Chine ont confié à Epoch Times que le responsable du Bureau anti-corruption, Wang Qishan, prévoit de démanteler cette année le « gang de Shanghai » de Jiang.

Zheng Enchong, avocat des droits de l’homme basé à Shanghai, a indiqué en mars dernier à Epoch Times que les déplacements de Jiang Zemin et de ses deux fils ont aussi été restreints. Zheng Enchong, qui est actuellement placé en résidence surveillée pour avoir affronté les membres du « gang de Shanghai », affirme que ses informations provenaient des sources « extrêmement fiables » et présente comme preuve l’accroissement de sa liberté.

Jiang n’a pas été vu en public depuis l’hiver 2015. Récemment, il n’a pas envoyé de couronne de fleurs à l’enterrement d’un camarade du Parti âgé – un signe suggérant qu’il doit avoir des problèmes.

Fin juin dernier, Xi Jinping a annoncé une série de règlements de discipline du Parti qui tiennent les plus hauts dirigeants directement responsables de leurs subordonnés fautifs. De nombreux fonctionnaires soumis à la purge à cause de corruption sont ceux qui étaient directement liée à Jiang ou ont suivi son appel à persécuter la discipline spirituelle de Falun Gong.

Selon Minghui.org, un site d’informations sur la persécution du Falun Gong en Chine, des milliers de pratiquants de Falun Gong ont été torturés à mort et des centaines de milliers ont été placés en détention sur les ordres de Jiang.

Les chercheurs estiment que les pratiquants de Falun Gong ont servi de principale source d’organes utilisés dans jusqu’à 1,5 million de transplantations d’organes effectuées en Chine. Ils ont été tués lors de cette opération. Les prélèvements d’organes forcés et sanctionnés par l’État chinois ont été condamnés par la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis et le Parlement européen.

En tenant compte de la grande attention internationale envers ce qui pourrait être l’aspect le plus atroce de la campagne de persécution de Jiang, ainsi que des mesures entreprises par Xi Jinping qui a lancé l’appareil disciplinaire du Parti à la poursuite de la faction politique de Jiang, le crapaud se sent probablement comme en train de bouillir dans un chaudron.

Version anglaise : Why Former China Leader Jiang Zemin Isn’t Exactly Enjoying His 90th Birthday

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