Les cinq raisons possibles pour lesquelles Nikki Haley reste dans la course présidentielle

Bien qu'elle ait perdu toutes les primaires jusqu'à présent, Nikki Haley, candidate républicaine à la présidence américaine, s'est engagée à rester en lice au moins jusqu'au Super Tuesday, le 5 mars.

Par Jackson Richman
1 mars 2024 18:16 Mis à jour: 1 mars 2024 19:08

Bien qu’elle ait subi une défaite en Caroline du Sud le 24 février et une autre dans le Michigan le 27 février, Nikki Haley, la dernière rivale de Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de 2024, a promis de continuer à se battre.

La campagne de Mme Haley a déclaré qu’elle resterait dans la course au moins jusqu’au 5 mars, date du Super Tuesday (Super mardi) où 15 États et les Samoa américaines voteront simultanément lors de primaires pour départager les candidats des deux principaux partis américains – le Parti démocrate et le Parti républicain – et désigner la personne qui sera le candidat officiel de chacun de ces partis à l’élection présidentielle au début de novembre.

Dans leurs interviews accordées à Epoch Times, des experts expliquent pourquoi Mme Haley pourrait rester dans la course.

1. Donner aux électeurs une alternative à Biden et Trump

Mme Haley a déclaré à plusieurs reprises qu’elle souhaitait donner aux Américains un choix autre que celui de l’actuel président démocrate Joe Biden ou de l’ex-président républicain Donald Trump, comme le souhaite également une grande partie des républicains.

« Nous ne pouvons pas nous permettre quatre années supplémentaires d’échecs de Biden ou de défauts de ciblage de Trump », a martelé Nikki Haley, en se référant aux questions telles que l’énorme dette nationale de l’Amérique, son économie, son éducation, les guerres dans le monde, la crise à la frontière sud des États-Unis et le problème de la drogue fentanyl qui tue d’innombrables Américains. Elle a également souligné que Biden et Trump divisent les Américains au lieu de les unir en tant qu’une seule nation.

Après tout, « il se peut que Mme Haley veuille simplement utiliser le fait que de nombreux électeurs républicains sont toujours à la recherche d’une alternative », a indiqué à Epoch Times David Redlawsk, professeur de sciences politiques et d’affaires internationales à l’université du Delaware.

« Elle veut donner le choix aux électeurs républicains de tous les États restants, et pas seulement à ceux des premiers États à voter », a affirmé Aubrey Jewett, professeur de sciences politiques à l’université de Floride centrale.

« C’est le fondement de la démocratie : les élections sans choix ne sont pas démocratiques et les personnes qui ne votent pas avant mars, avril ou mai méritent tout autant d’avoir le choix que les électeurs de l’Iowa, du New Hampshire, de la Caroline du Sud et du Nevada », a-t-il précisé.

Lors des trois dernières élections primaires républicaines, Mme Haley a recueilli entre 26% et 40% des voix dont Donald Trump aurait bien besoin pour remporter l’élection présidentielle générale en novembre prochain. De plus, Nikki Haley rappelle souvent l’un des principaux points de sa campagne : selon différents sondages, si Donald Trump remporte l’investiture républicaine, il risque de perdre face au président sortant Joe Biden dans l’élection présidentielle générale.

Par exemple, selon le dernier sondage publié le 22 février par l’université Marquette, Nikki Haley battrait Joe Biden lors de l’élection présidentielle générale par 16% (58% contre 42%) – et ce, en faisant mieux que Donald Trump qui ne battrait Biden que par 2% (51% contre 49%) en restant dans la marge d’erreur.

En outre, les sondages montrent que la majorité des électeurs ne veut pas d’un nouveau duel entre Trump et Biden, comme en 2020. Selon un sondage Reuters/Ipsos, 67% des personnes interrogées sont « fatiguées de voir les mêmes candidats aux élections présidentielles et veulent quelqu’un de nouveau ».

2. Elle a les moyens de financer sa campagne

Nikki Haley dispose des fonds nécessaires pour soutenir sa campagne électorale. Elle a même recueilli plus d’un million de dollars dans les 24 heures qui ont suivi sa défaite en Caroline du Sud, selon la campagne.

En étant comptable de formation, elle a mené une campagne bien disciplinée sur le plan financier, contrairement à l’ancien candidat Ron DeSantis qui a épuisé ses fonds. Mme Haley a organisé des collectes de fonds au cours des dernières semaines, recueillant des millions de dollars.

Après tout, pour rester dans la course, il faut avoir l’argent et les ressources nécessaires, a souligné M. Jewett.

De plus, « elle figure déjà sur le bulletin de vote », a indiqué à Epoch Times le stratège républicain Matt Dole. « Elle n’a pas besoin de dépenser de l’argent si elle ne veut pas le faire. »

Pourtant, le côté financement de la campagne de Mme Haley n’a pas connu que des moments positifs.

Tout d’abord, la campagne de Donald Trump dispose de beaucoup plus d’argent que la sienne.

Deuxièmement, l’important groupe conservateur Americans for Prosperity (AFP) a annoncé le 25 février qu’il cessait de soutenir la campagne de Nikki Haley. Après sa défaite en Caroline du Sud, l’AFP a déclaré qu’aucun « groupe extérieur ne peut faire une différence matérielle pour élargir son chemin vers la victoire ».

« La perte du soutien de l’AFP rendra certainement plus difficile la diffusion de son message pour le Super Tuesday », a noté M. Redlawsk.

Dans un communiqué, la campagne de Mme Haley a exprimé sa gratitude pour le soutien d’AFP et a qualifié ce groupe « d’alliés dans la lutte pour la liberté et le gouvernement conservateur ».

3. Se positionner pour 2028

Alors que le chemin de Mme Haley vers l’investiture républicaine de cette année est presque fermé, il est possible qu’elle se présente à la Maison-Blanche en 2028. Si Biden ou Trump emportent l’élection présidentielle en novembre, ils seront tous deux inéligibles en 2028 en ayant déjà exercé deux mandats de quatre ans. En outre, en 2028 Biden aura 86 ans et Trump 82 ans.

Si Mme Haley devait se présenter dans quatre ans, elle disposerait de millions de dollars pour démarrer sa campagne. Outre ses propres fonds de campagne, Mme Haley dispose de deux super comités d’action politique ou super PAC – Stand for America PAC et SFA Fund. Ces deux PAC de Mme Haley ont collecté des fonds avant même qu’elle n’entre dans la course en février 2023.

Il est vrai qu’on ne peut pas prédire à quoi ressemblera le Parti républicain en 2028, car quatre ans c’est toute une vie en politique. Il est possible que l’aile pro-Trump du Parti ne dictera plus sa direction, a estimé M. Jewett.

« Peut-être pense-t-elle aussi que cela peut la positionner d’une certaine manière pour 2028 », a suggéré M. Redlawsk.

4. Se positionner comme leader républicain anti-Trump

Nikki Haley semble se présenter comme le leader de l’aile du Parti républicain qui ne soutient pas Donald Trump – une quantité importante de républicains dont Trump aura mathématiquement besoin pour gagner en novembre.

« Presque chaque jour, Trump fait fuir les gens », a constaté Mme Haley dans son discours à la suite de la défaite en Caroline du Sud.

Toutefois, « avec le départ de Ronna McDaniel à la tête du Comité national républicain, le Parti républicain reste solidement le parti de Trump », a indiqué à Epoch Times Daniel Cronrath, professeur de l’université d’État de Floride.

« Mme Haley pourrait se positionner comme le futur leader d’un Parti républicain post-Trump, en supposant que la forme de populisme de Trump s’érode et qu’il y ait une remise à zéro », a-t-il ajouté.

« En 2028, l’environnement sera probablement différent, et elle pourrait montrer qu’elle a une certaine force, même avec la présence de Trump », a laissé aussi entendre M. Redlawsk.

« D’une certaine manière, je suis d’accord que cela ne semble pas être une grande stratégie, mais au minimum, elle peut bâtir une crédibilité auprès de l’aile du Parti qui n’est pas pro-Trump, ce qui peut être un facteur important en 2028, surtout si Trump perd [la présidentielle] en 2024. »

En outre, a remarqué M. Jewett, « elle veut représenter l’aile anti-Trump du Parti ».

« Selon les sondages, il y a un bloc de républicains qui ont indiqué qu’ils n’aimaient pas Trump, et donc sa candidature peut refléter leur point de vue et s’opposer à la vision que le Parti républicain et la campagne de Donald Trump sont une seule et même chose », a-t-il précisé.

« Elle joue le jeu à long terme et se positionne pour une future candidature en 2028, une fois que Trump aura quitté la scène politique.

« Elle pourrait penser que le fait de rester dans la course fera d’elle la tête de liste la prochaine fois. Elle fait le pari que le fait qu’elle reste dans la course n’aliénera pas définitivement envers elle la base actuelle de Trump qui constitue la majorité des électeurs [républicains]. »

5. En attente des résultats des batailles juridiques de Trump

Donald Trump a été inculpé à New York, en Géorgie et dans deux mises en examen fédérales pour un total de 91 chefs d’accusation. Il a plaidé non coupable pour toutes les accusations.

Il pourrait obtenir les 1215 délégués nécessaires pour la nomination du candidat républicain après le Super Tuesday et, par conséquent, avant le début des procès, selon une analyse d’Epoch Times.

Mais si Trump n’atteint pas ce « nombre magique » et est condamné, cela pourrait changer la dynamique de la course. Selon un sondage Reuters/Ipsos, 55% des républicains ne soutiendraient pas l’ancien président s’il était reconnu coupable. Même les républicains du Congrès auraient déclaré que, dans ce cas, ils ne pourraient pas le soutenir ou qu’ils ne le soutiendraient peut-être pas.

Néanmoins, si de nombreux républicains abandonnent Donald Trump à la suite d’une condamnation, Nikki Haley pourrait se trouver dans une position privilégiée pour être candidate républicaine, compte tenu du financement dont elle dispose et de l’infrastructure de campagne déjà mise en place. Si ceux qui ont suspendu leur campagne peuvent s’y remettre, il leur faudra probablement du temps pour reconstituer leur équipe et faire campagne dans les États où les primaires n’ont pas encore eu lieu.

« Si Donald Trump fait face au soutien qui diminue en raison de ses éventuels problèmes juridiques, le Parti républicain pourrait organiser une convention nationale [prévue en juillet] qui serait ‘compétitive’ et au cours de laquelle Nikki Haley et d’autres se disputeraient l’investiture », a indiqué M. Cronrath. « La convention nationale républicaine de 1976 a été la dernière convention au cours de laquelle les deux partis n’avaient pas choisi leurs candidats en avance. »

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