Les internautes chinois « manquent d’éducation et de jugement », selon une étude

15 février 2016 13:29 Mis à jour: 20 février 2016 22:05

La censure d’Internet en Chine est omniprésente et bien connue et depuis des années, le régime chinois a donné diverses explications à ses vagues de restrictions. Traditionnellement, les raisons officielles incluaient les dangers de la pornographie, la menace des influences occidentales et les risques pour la stabilité sociale.

Mais récemment, les responsables de la propagande ont trouvé une nouvelle explication : les internautes chinois ne sont tout simplement pas assez intelligents.

Le 28 janvier dernier, l’Administration chinoise du cyberespace, l’agence du Parti responsable de contrôler Internet, a publié un article affirmant que les internautes chinois ont de grandes difficultés dans l’exercice de leur jugement. L’article est intitulé « La capacité de comprendre de façon critique est insuffisante – les internautes n’arrivent pas à juger ». L’article est basé sur des sondages menés parmi 35 880 utilisateurs d’Internet chinois par le centre de recherche de données KdNet, un institut dirigé par le journal d’État Southern Metropolis Daily.

Cette enquête interrogeait les capacités des internautes dans trois domaines : compréhension critique, utilisation des nouveaux médias et communication à l’aide de nouveaux médias.

Les répondants ont été notés entre 0 à 5. Selon les résultats, les notes moyennes étaient inférieures à 4 et la catégorie de la compréhension critique arrivait en dernier avec une moyenne de 3,42.

Cependant, la définition de la compréhension critique telle qu’elle est entendue par les autorités chinoises n’est pas celle que vous voudriez lui donner. Ce terme devrait faire référence à la capacité d’évaluer de façon critique et de juger des informations, des preuves et des arguments. Cependant, selon le site officiel du sondage, la compréhension critique désigne « la compréhension du contenu de médias en ligne, ainsi que les règlements et les règles d’utilisation du secteur des médias en ligne dans son ensemble ».

He Lingnan, professeur à l’Université Sun Yat-Sen dans la province du Guangdong et l’un des chercheurs impliqué dans l’enquête, a été cité dans un jargon très bureaucratique : « Les autorités […] doivent accorder plus d’attention à la question de plus en plus importante du comportement en ligne ». De même, il appelait à « un appui politique et institutionnel, ainsi qu’une éducation spécialisée afin d’améliorer le comportement en ligne ».

Il n’était pas précisé si l’Administration chinoise du cyberespace serait chargée d’appliquer ces mesures visant à mieux « éduquer » les internautes dans leur comportement et leur compréhension de la loi en ligne. Si c’était le cas, cela n’amènerait probablement que davantage de censure.

Sur le portail de Sina, qui a été le premier à publier les résultats de l’enquête, un internaute de Pékin a commenté : « Selon les normes des autorités chinoises, plus les internautes font l’éloge des autorités, mieux ils sont considérés. »

Voici un exemple de cette soi-disant mauvaise conduite – probablement par une personne douée d’une compréhension critique insuffisante en ligne – survenu en septembre 2013. Une femme de 20 ans, surnommée Zhao, a été arrêtée par la police après avoir posté cette phrase : « J’ai entendu qu’un meurtre a été commis à Zhouzhuang. Est-ce que quelqu’un sait ce qui s’est passé ? »

Zhao voulait seulement savoir ce qui s’était passé, mais la police a annoncé qu’elle avait provoqué une perturbation sociale et qu’elle avait été arrêtée pour cette raison. Comprenne qui pourra.

Version anglaise : Chinese Internet Users in Need of ‘Education’ for Lack of Judgment, Says Official

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