L’UE va revoir son accord commercial avec Israël en réponse à l’offensive de Gaza

Le ministère israélien des Affaires étrangères a rejeté les critiques de l'UE et a déclaré qu'elles "reflètent une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël est confronté"

Par Chris Summers
21 mai 2025 16:29 Mis à jour: 22 mai 2025 22:43

La représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas, a déclaré mardi que l’Union européenne réexaminait son accord politique et économique avec Israël compte tenu de la situation « catastrophique » dans la bande de Gaza.

« L’aide qu’Israël a autorisée est bien sûr la bienvenue, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan. L’aide doit être acheminée immédiatement, sans obstruction et à grande échelle, car c’est ce qui est nécessaire », a affirmé Mme Kallas à la presse. « Une pression est nécessaire pour changer la situation ».

L’UE se présente comme le premier partenaire commercial d’Israël, représentant 32 % du total des échanges de marchandises d’Israël avec le monde en 2024.

L’accord d’association comprend une zone de libre-échange, bien qu’il exclue « les biens provenant des colonies israéliennes dans les territoires qui sont sous administration israélienne depuis juin 1967 [la Cisjordanie et le plateau du Golan] ».

Ces derniers jours, Israël a fait l’objet de pressions intenses de la part de ses alliés internationaux après que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a décidé de poursuivre une nouvelle offensive terrestre, connue sous le nom de « Chariots de Gédéon », afin de détruire le Hamas.

Dans un communiqué vidéo diffusé le 19 mai, M. Netanyahou a déclaré que les « plus grands amis d’Israël dans le monde », y compris un certain nombre de sénateurs, lui ont dit : « Nous ne pouvons pas accepter ces images de la faim, de la faim à grande échelle. Nous ne pouvons pas supporter ça. Nous ne pourrons pas vous soutenir. »

Le même jour, le Canada, la France et la Grande-Bretagne ont publié un communiqué commun dans lequel ils déclarent : « Si Israël ne met pas fin à la nouvelle offensive militaire et ne lève pas ses restrictions sur l’aide humanitaire, nous prendrons d’autres mesures concrètes pour y répondre. »

Kaja Kallas, ministre des Affaires étrangères et de la Politique de sécurité de l’Union européenne, répond aux questions des journalistes à son arrivée à la réunion du Conseil de défense au siège de l’UE à Bruxelles, le 20 mai 2025. (JOHN THYS/AFP via Getty Images)

« Sauver des vies », une priorité absolue de l’UE

Selon Mme Kallas, une forte majorité des 27 ministres de l’UE qui se sont réunis à Bruxelles mardi se sont prononcés en faveur de la révision de l’article 2 de l’accord d’association conclu entre l’Union européenne et Israël.

« Nous allons donc lancer cet exercice et, dans l’intervalle, il incombe à Israël de débloquer l’aide humanitaire », a-t-elle ajouté. « Sauver des vies doit être notre priorité absolue. »

Dans un message publié le 20 mai sur la plateforme de médias sociaux X, le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré qu’il rejetait totalement la direction prise par la déclaration de Mme Kallas, « qui reflète une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël est confronté ».

« Cette guerre a été imposée à Israël par le Hamas, et c’est le Hamas qui est responsable de sa poursuite. Israël a accepté à maintes reprises les propositions américaines de cessez-le-feu et de libération des otages. Le Hamas a refusé chacune de ces propositions », a souligné le ministère.

« Ignorer ces réalités et critiquer Israël ne fait que durcir la position du Hamas et l’encourager à camper sur ses positions. Les récents éloges du Hamas à l’égard de ces critiques en sont une indication claire et ont pour conséquence de prolonger la guerre. »

En vertu de l’article 2 de l’accord, entré en vigueur en 2000, l’UE et Israël ont convenu que leurs relations « sont fondées sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques, qui inspire leur politique intérieure et internationale ».

En 2012, en réponse à une question du Parlement européen, Catherine Ashton, alors vice-présidente de la Commission européenne, a écrit : « Cet accord prévoit une clause standard dans son article 2 qui est insérée dans tous les accords-cadres de l’UE avec des pays tiers depuis le début des années 1990. L’objectif de cette clause est d’indiquer clairement aux deux parties que le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales doit être un élément essentiel de l’accord. »

Dans une lettre proposant une révision de l’article 2, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, a déclaré que les politiques d’Israël « exacerbent une situation humanitaire déjà désastreuse ».

Il a également indiqué que des membres du cabinet israélien avaient fait des déclarations au sujet d’une présence permanente à Gaza.

Après l’annonce du réexamen par Mme Kallas, M. Veldkamp a estimé qu’il s’agissait d’un « signal très important et puissant », se faisant l’écho des sentiments exprimés par les représentants de la France et de l’Irlande.

D’autres n’ont pas soutenu un réexamen. Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, a déclaré que l’Union européenne devrait organiser une réunion avec Israël dans le cadre de l’accord d’association pour faire part de ses préoccupations, plutôt que de procéder à un réexamen.

Une jeune fille palestinienne tient une boîte de conserve à un point de distribution de nourriture dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 21 mai 2025. (EYAD BABA/AFP via Getty Images)

Sanctions britanniques contre les « colons israéliens extrémistes »

Mardi, le gouvernement britannique a annoncé qu’il suspendait les négociations de libre-échange avec Israël et qu’il imposait des sanctions contre les « colons israéliens extrémistes » installés en Cisjordanie.

Au milieu des manœuvres diplomatiques, Israël a poursuivi son offensive mardi, lançant de nouvelles frappes aériennes qui, selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, ont tué au moins 85 Palestiniens.

Le COGAT, l’agence gouvernementale israélienne chargée de superviser l’aide humanitaire, a fait savoir que 93 camions d’aide étaient entrés dans la bande de Gaza mardi.

Le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, a affirmé qu’aucune partie de l’aide – comprenant des aliments pour bébés, des fournitures médicales, de la farine et de la nourriture pour les soupes populaires – n’était parvenue aux civils palestiniens.

M. Dujarric a déclaré, lors d’une conférence de presse tenue le 20 mai, que le processus de sécurité israélien visant à acheminer l’aide vers les entrepôts était « long, complexe, compliqué et dangereux ».

Le conflit à Gaza a débuté le 7 octobre 2023, lorsque des terroristes du Hamas ont franchi la frontière israélienne, tuant 1200 personnes et ramenant environ 250 otages dans la bande de territoire qu’ils contrôlaient.

Israël a répondu par des frappes aériennes et une offensive terrestre qui, selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, a tué au moins 53.000 Palestiniens, dont un grand nombre de femmes et d’enfants.

Israël a toujours affirmé que, par rapport à de nombreux autres conflits armés, les pertes civiles restaient faibles.

Des pourparlers indirects entre Israël et des représentants du Hamas ont eu lieu au Qatar.

Le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, qui dirige les médiateurs, a estimé qu’un « fossé fondamental » subsistait entre les deux équipes de négociation.

Avec L’Associated Press et Reuters

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