Pétition au gouvernement espagnol pour déclarer un ambassadeur chinois «persona non grata»

Par Anastasia Gubin - La Gran Epoca
8 décembre 2019 23:05 Mis à jour: 20 août 2020 19:23

L’association Puro Arte Humano, une OSBL dédiée à la promotion de l’art, a lancé une pétition publique au gouvernement espagnol pour déclarer l’ambassadeur de la République populaire de Chine Lyu Fan comme une « persona non grata ».

« L’Espagne est l’une des démocraties les plus consolidées du monde, cependant, en Espagne, il semble que vous ne puissiez pas voir les spectacles qui dérangent le régime du Parti communiste chinois (PCC) », dit la lettre qui est également adressée au ministère des Affaires étrangères et au ministère de la Culture.

L’association espagnole a justifié sa demande en condamnant l’ingérence dirigée par le PCC par l’intermédiaire de l’ambassadeur Lyu Fan en faisant pression sur le Théâtre royal de Madrid pour qu’il annule les représentations convenues avec la compagnie de danse classique chinoise Shen Yun Performing Arts.

La prestigieuse compagnie internationale Shen Yun, basée à New York, enchante chaque année plus d’un million de personnes dans les meilleurs théâtres du monde, tels que le Palais des Congrès à Paris, le Lincoln Center aux États-Unis ou l’Opéra allemand de Berlin.

« Steaming Sleeves », du programme 2009 de Shen Yun Performing Arts. (Avec l’aimable autorisation de Shen Yun Performing Arts)

Pour la saison 2019, Puro Arte Humano a promu trois représentations entre le 31 janvier et le 2 février au Théâtre royal de Madrid. Bien que le contrat eût déjà été signé, le loyer payé et près d’un millier de billets vendus trois semaines seulement avant la première, le Théâtre royal a informé l’association culturelle que les représentations devaient être annulées pour « des raisons inévitables de nature artistique ».

Le Théâtre royal a confirmé des « difficultés techniques » dans une déclaration envoyée par e-mail à l’édition espagnole d’Epoch Times.

Cependant, un enregistrement révélé dans le cadre d’une enquête confirme que Lyu Fan a personnellement fait pression sur le Théâtre royal de Madrid pour annuler son contrat avec Shen Yun Performing Arts en 2019.

Les spectacles de Shen Yun visent à faire revivre 5 000 ans de culture chinoise à travers les arts de la scène, selon son site Internet. Leurs performances incluent des pièces représentant la Chine contemporaine, y compris la persécution du Falun Dafa (également connu sous le nom de Falun Gong) – un sujet considéré comme tabou par le régime chinois.

Deux semaines après l’annulation du spectacle par le Théâtre royal de Madrid, le siège américain de l’Organisation mondiale d’enquête sur la persécution du Falun Gong (WOIPFG), une organisation à but non lucratif qui enquête sur les violations des droits humains perpétrées contre les pratiquants de Falun Dafa, a décidé de mener une enquête sur cette annulation après avoir entendu les médias faire état de possibles interventions de l’ambassade chinoise pour inciter le théâtre à annuler ce spectacle.

Le 22 janvier, la WOIPFG a téléphoné à l’ambassade de Chine, se faisant passer pour un haut fonctionnaire du gouvernement chinois. La personne qui a reçu l’appel s’est identifiée comme étant l’ambassadeur de Chine en Espagne, Lyu Fan, selon un communiqué de presse publié par la WOIPFG. Le 28 janvier, l’organisation a affiché un enregistrement audio de l’appel téléphonique sur son site Web.

« L’enquête a confirmé que l’annulation du contrat de théâtre avec les organisateurs de Shen Yun résultait entièrement de l’ingérence du Parti communiste chinois (PCC) » et de « la pression personnelle de Lyu Fan », a déclaré l’OMPIF dans sa déclaration. « En utilisant comme incitation le contrôle du PCC sur le grand marché chinois, Lyu Fan et le directeur général du théâtre ont conjointement prévu d’annuler les représentations de Shen Yun. »

L’ambassadeur de Chine a « méprisé les libertés dans notre pays », et pour cette raison il est « indigne » d’exercer la fonction diplomatique en Espagne, a déclaré Puro Arte Humano (PAH).

Ces actes contreviendraient à l’article 41(1) de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961 qui stipule expressément : « Sans préjudice de leurs privilèges et immunités, toutes les personnes jouissant de ces privilèges et immunités doivent respecter les lois et règlements de l’État accréditaire. Ils sont également tenus de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de cet État », déclare la lettre de PAH.

« En tant que promoteurs de la compagnie de danse Shen Yun Performing Arts en Espagne, Puro Arte Humano a demandé au gouvernement espagnol de rétablir le droit violé de la compagnie de danse américaine ‘afin qu’elle puisse agir librement au cours des prochaines années et apporter l’essence et la beauté de la culture traditionnelle chinoise de 5 000 ans d’histoire’ », ajoute la pétition.

PAH note également que depuis la première présentation de Shen Yun en Espagne en 2014, des milliers de personnes ont pu profiter du spectacle, mais que la compagnie a dû faire face à toutes sortes de boycotts promus par le Parti communiste chinois : menaces sur les théâtres, pressions sur les politiciens et même démonstrations offensives devant les théâtres le jour de l’ouverture.

Le 15 février, l’association a officiellement demandé au ministre des Affaires étrangères, Josep Borrell, de déclarer « persona non grata » l’ambassadeur de la République populaire de Chine en Espagne.

« L’action de l’ambassadeur de Chine est absolument inadmissible dans un pays libre et démocratique comme l’Espagne et que vous, M. Borrell, représentez si dignement », a assuré la représentation juridique de Puro Arte Humano dans sa lettre au bureau des affaires étrangères.

« Nous pourrions même parler d’éventuels crimes typiques du Code pénal espagnol, pour des faits présumés induisant et incitant à une possible prévarication et détournement de fonds publics », ajoute-t-il dans la lettre adressée au ministère des Affaires étrangères.

PAH a envoyé des centaines de lettres aux membres du conseil du Théâtre royal : institutions publiques, hommes d’affaires, médias et personnalités du monde de la culture, les avertissant du danger d’autoriser la censure culturelle et artistique d’un État totalitaire dans les institutions culturelles nationales.

Les lettres soulignent l’autre pratique condamnable du PCC, à savoir le prélèvement forcé d’organes de prisonniers d’opinion qui a lieu quotidiennement dans les hôpitaux publics et militaires en Chine.

« Les États-Unis, le Canada, l’Australie et l’Europe, de plus en plus de pays ont réalisé que le PCC est la plus grande menace pour le monde libre et ont pris des mesures, telles que la résolution du Parlement européen du 12 décembre 2013 condamnant le prélèvement d’organes de prisonniers de conscience en Chine. »

« Pour les faits exposés », l’association a demandé au gouvernement espagnol dans la pétition que Lyu Fan soit expulsé ou retiré par la Chine ou, « dans son cas, le relever de ses fonctions diplomatiques, ou, à défaut, que lui soit retiré l’exequatur par l’État espagnol et donc qu’il cesse d’être considéré membre consulaire ou diplomatique en Espagne. »

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