Des régimes totalitaires au conseil des droits de l’homme de l’ONU

11 octobre 2016 09:41 Mis à jour: 11 octobre 2016 09:41

Beaucoup de régimes totalitaires siègent au conseil des droits de l’homme de l’ONU, altérant sa capacité à agir en tant que porte-parole pour la démocratie et les droits de l’homme. C’est tout du moins ce qu’en pensent plusieurs victimes, ainsi que des groupes de défense des droits de l’homme et certains membres du parlement canadien.

Une solution serait de n’accorder le statut de membre du conseil qu’aux représentants des pays qui ont fait preuve de respect envers les droits de l’homme. Ce qui, en pratique, n’est absolument pas le cas, comme en témoigne Michael Levitt, président du comité des droits de l’homme du parlement canadien.

« À nos yeux, le conseil des droits de l’homme de l’ONU est une entité qui passe un temps démesuré sur un seul pays, Israël, une démocratie. Cela ne peut pas être autorisé à continuer. Il doit y avoir de la place pour discuter des questions de démocratie et de droits de l’homme », expose-t-il lors d’une conférence de presse à la Colline du Parlement, le mercredi 5 octobre 2016.

Alors que quelques-uns des pays les moins regardant envers les droits de l’homme — la Chine, la Russie, l’Arabie Saoudite et Cuba — sont en passe d’être réélus, Levitt et d’autres espèrent un changement.

Pour les familles des victimes, c’est tout simplement impératif.

« Je viens d’un pays où avoir une opinion n’est pas considéré comme un droit humain », explique Maria Paya, une activiste des droits de l’homme cubaine, fille du fameux activiste Oswaldo Paya.

« Dès que votre opinion mûrit et se mue en une proposition de changement démocratique, votre vie est en danger. C’est ce qui est arrivé à mon père ainsi qu’à notre cher ami Harold Cepero, tous deux assassinés il y a quatre ans par les agents de sécurité du régime cubain. »

Pour Yang Jianli, dissident politique chinois exilé aux États-Unis et survivant du massacre de la place Tiananmen, l’ONU offre une opportunité unique aux pays de pointer du doigt les multiples abus perpétrés par le régime chinois.

« Ces dernières années, beaucoup de démocraties ont peur de s’attirer les foudres de Pékin et elles n’ont fait que peu d’efforts pour remettre en cause la Chine sur les questions d’abus des droits de l’homme. Mais le mécanisme de vote des Nations Unies pourrait permettre à ces pays de faire face d’un seul bloc à la Chine sur ces questions », explique-t-il à la conférence de presse.

Plusieurs critiques se sont exprimées sur l’inefficacité actuelle du conseil pour les droits de l’homme de l’ONU (UNHRC).

D’après Peter Kent, membre conservateur du parlement et ancien ministre de l’environnement, cela résulte en grande partie de la façon dont les pays s’échangent ces votes. À l’heure actuelle, lorsque les pays établissent des accords, l’un d’entre eux va soutenir une motion de ce côté-ici en échange d’un vote pour l’adhésion à tel comité de ce côté-là, et ainsi de suite.

Les votes d’appartenance au UNHRC, comme beaucoup d’autres à l’ONU, sont néanmoins anonymes, ce afin de protéger les pays.

« Je pense que les gouvernements se sont compromis au fil des années en pensant que ces échanges de votes resteraient confidentiels », explique Peter Kent.

« Je pense qu’il serait utile et encourageant que le gouvernement canadien expose publiquement la façon dont il vote, même si cela lui coûterait certainement un vote négatif pour leur campagne au conseil de sécurité à l’avenir. »

En quittant la Chambre des communes plus tard ce jour, Stéphane Dion, ministre des affaires étrangères, alors qu’il était questionné sur la position du Canada quant à la réélection de la Chine à l’UNHRC, a confirmé que la décision pourrait, à un certain point, devenir publique.

« Le Canada fera part de sa décision en temps voulu, mais ce que je peux vous dire, c’est que nous tenons en estime les positions nettes des canadiens s’exprimant au sujet des droits de l’homme. Tout particulièrement quand quelqu’un comme Irwin Cotler est à leurs côtés », a dit le ministre.

Cotler, qui s’est retiré de la politique l’année passée après une carrière respectable en tant que membre du parlement et ancien avocat général du Canada, a fondé le centre pour les droits de l’homme Raoul Wallenberg. Le groupe s’est associé avec UN Watch et la Fondation des droits de l’homme, afin de faire entendre les voix des familles des victimes aux pays siégeant à l’UNHRC.

« Ils souffrent continuellement, tourmentés par l’emprisonnement des leurs et des tortures qu’ils subissent. Et ils souffrent aussi de voir que les mêmes personnes qui abusent de leurs proches sont élus au conseil des droits de l’homme de l’ONU », ajoute Cotler.

Version anglaise : Rights Advocates Call for Change at UN Human Rights Council

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