Seal-Evan battu à mort par son grand frère qui clame son «innocence» en appel

Par Epoch Times avec AFP
10 février 2024 12:30 Mis à jour: 10 février 2024 12:36

Pendant six heures un soir de septembre 2018 à Mulhouse, Seal-Evan, neuf ans, a été battu pour ne pas avoir fait ses devoirs. Il en est mort : son grand frère tortionnaire a été condamné à 12 ans de prison vendredi par la cour d’assises du Doubs.

Dylan Owana Bodo, 26 ans, était jugé en appel depuis mercredi pour « violences volontaires sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». La cour d’assises du Doubs a suivi les réquisitions du parquet et l’a condamné à 12 ans de réclusion, une décision qui a laissé le jeune homme impassible.

Trois chiffres symbolisent ce « dossier de l’indicible, de l’insoutenable », avait plaidé l’avocate de la partie civile, Me Corinne Vuillemin : « Seal-Evan, neuf ans, son calvaire a duré six heures, sous les yeux de son frère de 11 ans ».

L’accusé affirme qu’il « n’a jamais voulu tuer son frère, mais lui faire du mal, oui, qu’il souffre, oui », avait souligné l’avocate générale, Marie-Christine Tarrare. Elle a identifié dans ces « violences d’une particulière intensité, commises sur un temps long », la « source » de la mort de Seal-Evan.

Coups de manche à balai

Dylan Owana Bodo, qui a lui-même grandi au Cameroun dans un contexte de violences quotidiennes, reconnaît avoir battu son frère sur ordre de sa mère, en déplacement à Paris, mais il soutient que les coups n’ont pas tué l’enfant. « Il n’a pas donné de coup fatal » et il y a « un doute, qui doit lui bénéficier », a ainsi plaidé son avocat, Me Fabien Ndoumou.

Le 16 septembre 2018, Seal-Evan, garçon joyeux et enthousiaste, essuie une volée de gifles et de coups de ceinture dans l’appartement familial à Mulhouse (Haut-Rhin), de la part de son frère aîné et de sa sœur.

L’enfant résiste et insulte son frère qui, empreint de croyances vaudou, le pense alors « possédé » et « voit rouge, très rouge » : les coups redoublent, à coups de manche à balai, frappé tellement fort qu’il se brise sur le corps de Seal-Evan. Son autre frère de 11 ans, auquel le garçon est très lié, et la compagne de l’aîné, enceinte, assistent impuissants aux faits.

Dylan Owana Bodo « est décontenancé par la résistance de son petit-frère, il ne cherche plus à l’éduquer, mais à le soumettre », a analysé devant les jurés le psychiatre Philippe Goetz. « Il est incapable d’être la figure d’autorité qu’il veut être » et « se rejouent ici les violences qu’il a subies enfant. Il ne subit plus le bâton, c’est lui qui le tient », poursuit-il.

La séance de correction, en partie enregistrée par la sœur, dure jusqu’à minuit, puis Seal-Evan devient confus, perd connaissance et meurt.

« Seal-Evan est aussi décédé parce que sa mère ne l’a pas protégé »

Selon l’autopsie les causes du décès sont imprécises. L’enfant aurait notamment été asphyxié par l’inhalation du contenu de son estomac lors de régurgitations, pendant un malaise. « Seal-Evan est aussi décédé parce que sa mère ne l’a pas protégé », relève le ministère public, « cette mère absente va ordonner à son fils aîné de ‘gérer’ le plus petit ».

Me Ndoumou précise que son client, arrivé alors depuis peu à Mulhouse et au casier judiciaire vierge malgré un parcours chaotique, « avait trouvé une désorganisation dans la maison et essayait de mettre les choses en ordre ».

Lors de leur procès en première instance devant la cour d’assises du Haut-Rhin, le frère aîné et la sœur, âgée de 25 ans, avaient respectivement été condamnés à 15 ans et six ans de prison.

La mère de cette fratrie livrée à elle-même avait été condamnée à quatre ans de prison pour « complicité de violences volontaires ». Enfin, l’ex-petite amie de l’accusé avait reçu une peine de trois ans de prison avec sursis pour « non-empêchement d’un crime ». Seul Dylan Owana Bodo avait fait appel.

Au total, « 122 enfants mineurs sont décédés en 2018 suite à des violences, dont 80 sous les violences de membres de leur famille », a rappelé Mme Tarrare. « Seal-Evan était l’une de ces 80 petites victimes ».

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