Un journaliste d’investigation révèle comment les Big Tech façonnent les opinions politiques

Par ELLA KIETLINSKA et JAN JEKIELEK
6 novembre 2020 18:51 Mis à jour: 3 avril 2021 22:05

Les grandes entreprises technologiques telles que Facebook, Google et Twitter peuvent arbitrairement censurer le contenu Internet vu ou posté par les utilisateurs pour influencer leurs opinions politiques. Après les élections de 2016, les géants de la technologie ont amélioré leurs systèmes et leurs algorithmes pour contrôler et bloquer plus efficacement les contenus internet qui ne sont pas conformes à leurs opinions, qui sont majoritairement de gauche.

Des inquiétudes sont soulevées quant à l’influence de la Silicon Valley sur la politique démocratique, y compris les élections, a déclaré Allum Bokhari, un journaliste d’investigation, dans une interview accordée à American Thought Leaders (maîtres à penser américains) du journal Epoch Times.

« Il n’y a pas de régulateur qui les empêche d’utiliser ce pouvoir, et que cela a un grand impact sur ce que les Américains sont autorisés à voir, sur ce que les Américains sont autorisés à lire », et cela peut revenir à interférer avec « cette élection cruciale », a déclaré M. Bokhari.

C’est devenu particulièrement évident au lendemain des élections de 2016, lorsque le candidat à la présidence de l’époque, Donald Trump, a remporté le scrutin, prenant par surprise ses adversaires et ceux qui ont des opinions politiques d’extrême gauche, y compris ceux appartenant à la plupart des grandes entreprises technologiques, selon M. Bokhari.

Par la suite, des initiatives ont été créées par les employés anti-Trump de ces entreprises pour supprimer la désinformation, les fausses nouvelles et les discours de haine, avec pour objectif de « supprimer le mouvement Trump, en s’assurant que 2016 ne se reproduise pas », a déclaré M. Bokhari au journal Epoch Times.

Allum Bokhari a mené des investigations sur la censure exercée par les grandes entreprises technologiques, il a interrogé des informateurs infiltrés qui s’inquiétaient de l’orientation politique de ces géants de la technologie et de leur « influence totalement inexplicable » sur la politique, et il a écrit le livre #DELETED: Big Tech’s Battle to Erase the Trump Movement and Steal The Election. (#SUPPRIMÉ : la bataille de Big Tech pour éliminer la popularité de Trump et arnaquer l’élection).

Des exemples récents de leur influence sont « leur censure de l’un des plus anciens journaux américains, le New York Post », « la fermeture du compte du secrétaire à la presse de la Maison-Blanche », ou la censure du compte Twitter du président Donald Trump à de nombreuses reprises, a déclaré M. Bokhari.

Méthodes employées pour censurer Internet

Le tweet du président américain Donald Trump que Twitter a censuré, sur un téléphone en Finlande, le 29 mai 2020. (Olivier Morin/AFP via Getty Images)

Un informateur de Facebook a parlé à M. Bokhari d’une « initiative de dépolarisation » menée par l’entreprise. Facebook analyse les vidéos et les posts consultés par les personnes qui ont changé leurs opinions politiques « de la soi-disant extrême droite au centre sur Facebook » et utilise ces informations pour créer un modèle afin « d’influencer de manière invisible » d’autres utilisateurs dits d’extrême droite pour qu’ils changent leurs opinions politiques de manière similaire, a déclaré M. Bokhari.

« Il semble que Facebook travaille sur une sorte de modèle de lavage de cerveau », a déclaré M. Bokhari. La dépolarisation « sonne politiquement neutre », comme si Facebook essayait de « rendre tout le monde moins partisan », mais « elle dissimule, je pense, un programme très insidieux », a déclaré M. Bokhari.

Un autre moyen de censure invisible consiste à effacer les liens qui existent avec les médias conservateurs, a déclaré M. Bokhari. Par exemple, en juillet, Breitbart a publié des données qui montrent que la visibilité de Breitbart News dans les résultats de recherche Google pour tout type d’information « a diminué de 99 % par rapport à la même période en 2016 », a déclaré M. Bokhari.

Les grandes entreprises technologiques attribuent également un score confidentiel à chaque utilisateur pour chaque post sur Facebook, Twitter, chaque site web testé ou ce qui est proposé sur Google et utilisent ce score pour déterminer ce qui apparaîtra en haut des résultats de recherche ou sur les flux Facebook, YouTube ou Twitter, a déclaré M. Bokhari.

Cette méthode, appelée classement par qualité, était utilisée dans le passé pour identifier les sites web contenant des logiciels malveillants, des virus, des sites web produisant des spams ou d’autres contenus dangereux afin de les empêcher d’apparaître sur les premières pages des résultats de recherche Google ou des flux de médias sociaux, a-t-il expliqué.

Toutefois, au cours des quatre dernières années, ce mécanisme a été amélioré et utilisé pour atteindre certains objectifs politiques. De nouveaux critères de notation ont été ajoutés aux algorithmes, et il permet désormais de noter si « le site web, le message ou la vidéo YouTube contiennent des informations erronées, ou des discours de haine, de fausses nouvelles ou des théories de conspiration », a déclaré M. Bokhari. « Donc maintenant, ce classement par qualité est déterminé en partie par votre conformité aux valeurs de la Silicon Valley. »

Allum Bokhari a écrit dans son livre récemment publié que ce sont les entreprises de Big Tech qui définissent ce qui est considéré comme de la « désinformation », du « discours de haine », de la « violence » ou des « robots » dans le but de marquer des points. Elles ont développé leurs systèmes pour noter le contenu des utilisateurs en fonction de leurs définitions.

La raison pour laquelle « Antifa et d’autres violents groupes d’extrême gauche qui enfreignent les règles ont apparemment carte blanche sur les plateformes de médias sociaux » est que les algorithmes de ces plateformes « n’ont tout simplement pas été formés pour les détecter », a écrit M. Bokhari.

Allum Bokhari a cité, dans son livre, un ingénieur de Twitter qui a affirmé dans une vidéo d’infiltration enregistrée par Project Veritas, que les comptes utilisant des « phrases conservatrices stéréotypées » dans leurs posts comme « les armes, Dieu, l’Amérique, et qui contiennent le drapeau américain et la croix » étaient classés comme des robots par le système mis en place par Twitter.

« [Le classement de la qualité] devient étrangement similaire au système chinois de crédit social où, là encore, vous êtes classé en fonction de votre niveau de conformité aux valeurs de l’élite dirigeante. C’est ce que nous sommes, c’est essentiellement vers cela que se dirige la Silicon Valley », a déclaré M. Bokhari.

Le système chinois de crédit social est basé sur une étroite surveillance et une documentation qui attribue une note à chaque citoyen et qui soit les récompense, soit les punit. Les punitions peuvent consister à empêcher les personnes ayant un « mauvais » crédit social d’acheter des billets de voyage.

Comment maîtriser les grandes technologies

Le représentant Greg Steube (Parti républicain, Floride) s’exprime lors de l’audition de la sous-commission judiciaire de la Chambre des représentants sur le droit de la concurrence, le droit commercial et le droit administratif concernant les plates-formes en ligne et le pouvoir sur le marché, dans les bureaux de Rayburn House, au Capitole à Washington, le 29 juillet 2020. (Graeme Jennings-Pool/Getty Images)

Les entreprises de la Big Tech contrôlent la plupart des discours et des activités politiques qui ont lieu sur leurs plateformes, et c’est « une situation vraiment difficile », a déclaré M. Bokhari. « Donc si vous essayez de vous organiser contre elles, eh bien elles auront le contrôle des plates-formes sur lesquelles vous vous êtes organisé. »

L’autre grande difficulté est qu’ils financent les institutions conservatrices et les institutions progressistes des politiciens républicains et des politiciens démocrates, a ajouté M. Bokhari.

« Une lueur d’espoir est que l’administration Trump semble prendre des mesures significatives sur la question du pouvoir des Big Tech », a déclaré M. Bokhari.

En octobre dernier, le député Greg Steube (Parti républicain, Floride) a dévoilé une législation qui obligerait les grandes entreprises technologiques à adhérer à la « norme du premier amendement relative à leurs pratiques de modération des contenus ». Le projet de loi limiterait l’immunité dont bénéficient les entreprises lorsqu’elles veulent restreindre la liberté d’expression ou censurer certains contenus, ce qui leur permettrait de mieux rendre compte de leurs actes.

La réponse des démocrates au Congrès à la question du pouvoir de la Big Tech « a été essentiellement à l’opposé des républicains », a déclaré M. Bokhari. À l’exception du député Tulsi Gabbard (Parti démocrate, Hawaii), « qui semble comprendre la question de la censure », la plupart des hommes politiques démocrates aimeraient « plus de censure sur les discours de haine » alors que les républicains veulent que les entreprises technologiques cessent de censurer, a déclaré M. Bokhari, il est donc difficile d’obtenir la majorité dans un Congrès divisé.

Même parmi les républicains, il y a une opposition à la réglementation des géants de la technologie, car certains républicains considèrent qu’elle interfère avec le marché libre, a déclaré M. Bokhari. Cependant, M. Bokhari n’est pas d’accord avec ce point de vue, car le pouvoir de censure des Big Tech provient d’un privilège spécial accordé par le gouvernement en 1996 dans la section 230 de la loi sur la décence des communications.

« La seule puissance du monde occidental qui tente actuellement de freiner les géants de la technologie est le pouvoir exécutif des États-Unis. Tous les autres gouvernements du monde semblent vouloir que ces entreprises technologiques adoptent davantage de réglementations contre ces messages de haine. Ils veulent plus de censure, ils veulent plus de contrôle », a conclu M. Bokhari.

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