Une enquête révèle comment le PCC a interféré dans les élections américaines

Pour avoir agir de façon aussi visible, le régime s'est probablement "perçu comme étant moins surveillé" qu'à l'époque de l'élection de 2020, selon un conseiller en risques géopolitiques

Par Andrew Thornebrooke
29 janvier 2024 21:16 Mis à jour: 3 février 2024 14:44

Le régime chinois s’est immiscé dans les élections américaines de mi-mandat en 2022, selon un rapport des services de renseignement américain, et des enquêtes du secteur privé.

Un large éventail de techniques ont été utilisées par le Parti communiste chinois (PCC), notamment par le biais de représailles contre certains parlementaires américains, en faisant la promotion de contenus qui sèment la discorde, et en se faisant passer pour des électeurs américains en ligne.

Tom Tiffany (Parti républicain, Wisconsin) a expliqué que le régime chinois allait continuer à agir de la sorte et interférer avec les élections américaines tant que l’administration Biden ne serait pas plus ferme avec Pékin.

« La Chine communiste a montré à maintes reprises qu’elle ne reculerait devant rien pour interférer dans les élections américaines », a assuré Tom Tiffany à Epoch Times.

« L’administration Biden doit adopter une ligne plus dure à l’égard de l’ingérence et de l’espionnage de la République Populaire de Chine (RPC). »

Un rapport publié par la directrice du renseignement national (DNI) en décembre 2023 a révélé que le régime avait tenté d’ « influencer » le résultat des élections législatives américaines, en ciblant des Démocrates et des Républicains ayant défendu des positions strictes à l’égard de la Chine.

Le rapport indique également que l’ampleur et la portée des activités étrangères en vue d’interférer avec des élections ont dépassé les niveaux précédents, mais sont restées en deçà du niveau attendu pour les années des élections présidentielles.

Le rapport estime que le PCC était « plus disposé à mener des activités d’influence électorale que lors des cycles précédents », en partie parce qu’il ne craignait pas de représailles de la part de l’administration Biden.

Selon le rapport, les responsables du PCC ont donné plus de liberté à leurs agents pour interférer dans les élections américaines parce que le régime « estimait que Pékin était moins surveillé […] et parce qu’ils ne s’attendaient pas à ce que l’administration actuelle prenne des mesures de rétorsion aussi sévères que celles qu’ils avaient redoutées en 2020 ».

Le PCC s’intéresse aux membres du Congrès

Le PCC a ciblé les élections législatives parce qu’il pensait que le pouvoir législatif était plus susceptible de prendre des mesures allant à l’encontre de ses « intérêts fondamentaux », selon le rapport du DNI.

Ainsi, le régime espérait s’assurer que les candidats favorables à la Chine remportent les élections, quelle que soit leur affiliation politique, selon Sam Kessler, conseiller géopolitique au sein de la société de conseil en gestion des risques North Star Support Group.

Le régime chinois soutient les candidats au Congrès qui sont considérés comme « pro-Chine » et s’oppose à ceux qui sont considérés comme « contre la Chine ». (Samuel Corum/Getty Images)

« L’influence du PCC sur les ‘midterms’ de 2022 illustre la stratégie géopolitique de la Chine qui vise à s’assurer que des politiciens et des penseurs pro-Chine soient élus au Congrès », a déclaré Sam Kessler, à Epoch Times.

[Le régime a pris des mesures] pour punir [les candidats] en raison de leurs opinions anti-chinoises et pour récompenser [les candidats] en raison de leur soutien perçu à Pékin.
— Directrice du renseignement national

« Cette stratégie sert également à donner une image négative du système politique démocratique et du processus électoral des États-Unis par rapport au système autoritaire de Pékin. »

Le régime a pris des mesures « pour punir [les candidats] en raison de leurs opinions anti-Chine, et pour récompenser [les candidats] pour leur soutien perçu à Pékin », indique le rapport.

Le régime a également cherché à semer la discorde parmi les Américains, mais il s’est surtout attaché à saper « un petit nombre de candidats spécifiques sur la base de leurs positions concernant la politique à mener ».

Selon le rapport, les efforts déployés depuis 2020 ont été dirigés par les hauts responsables chinois et reposent sur des directives générales qui visent à saper l’opinion publique ou les politiques du Congrès susceptibles de nuire aux objectifs stratégiques du PCC.

Sam Kessler a décrit ces activités comme « faisant partie d’une stratégie globale du PCC pour combattre les efforts américains de promotion de la démocratie à l’étranger ».

Pour avoir agi de manière aussi visible, le régime a probablement « perçu qu’il était moins surveillé » qu’à l’époque de l’élection de 2020.

Dépot de bulletins de vote anticipés pour les élections générales de 2022 à l’Université du Michigan à Ann Arbor, le 7 novembre 2022. (Eff Kowalsky/AFP via Getty Images)

Application de la loi chinoise

En plus de chercher à influencer les élections, le régime a également cherché à utiliser secrètement des comptes de réseaux sociaux, des sites Web mandataires, des influenceurs rémunérés et des sociétés de relations publiques pour manipuler l’opinion publique américaine sur tout ce qui touche à la Chine, selon le rapport.

Ces conclusions sont conformes aux rapports publiés l’année dernière par les géants de la technologie Meta et Microsoft.

La société Meta a en effet annoncé en août 2023 qu’elle avait supprimé de ses plateformes des milliers de comptes liés à la Chine qui, selon elle, faisaient partie de la plus grande opération d’influence en ligne au monde.

Cette opération était liée à des individus connus des services de police chinois qui cherchaient à influencer les élections de mi-mandat de 2022, selon Meta.

(Le PCC) ne suit aucune règle dans l’intention d’affaiblir constamment leur principal adversaire (les États-Unis).
— Casey Fleming, CEO, BlackOps Partners
(Samira Bouaou/The Epoch Times)

Casey Fleming, PDG de la société de conseil en gestion des risques BlackOps Partners, a déclaré que cette initiative s’inscrivait dans le cadre d’une stratégie plus large de guerre hybride sans restriction de la part du PCC.

« Les opérations d’influence continues du PCC sont l’une des nombreuses méthodes de guerre sans restriction où notre ennemi (le PCC) ne suit aucune règle et dont le but est d’affaiblir constamment [son] principal adversaire (les États-Unis) », selon un e-mail de Casey Fleming à Epoch Times.

Meta, la société mère de Facebook et d’Instagram, a supprimé de ses plateformes des milliers de faux comptes qui, selon l’entreprise technologique, étaient liés aux forces de l’ordre chinoises et constituaient la plus grande opération d’influence en ligne au monde. (Chris Delmas, Josh Edelson/AFP via Getty Images)

Les opérations d’influence du régime ont été largement menées en utilisant des comptes sur de multiples plateformes pour semer la division aux États-Unis et attiser les tensions sur des questions sociales conflictuelles telles que l’avortement et le contrôle des armes à feu, ainsi que pour dénigrer la démocratie et défendre l’idée que voter ne sert à rien.

Au total, Meta a déclaré avoir purgé plus de 7700 comptes Facebook, 900 pages, 15 groupes et une poignée de comptes Instagram liés à l’opération qui diffusait de la propagande communiste pro-chinoise et anti-américaine.

Cette « opération d’influence secrète » était active sur plus de 50 plateformes, dont Medium, Pinterest, Quora, Reddit, TikTok, Vimeo, X (anciennement connu sous le nom de Twitter) et YouTube.

L’opération s’est également concentrée sur des alliés et partenaires clés des États-Unis, notamment l’Australie, le Japon, Taïwan et le Royaume-Uni.

Meta a déclaré que les auteurs de l’opération « blanchissaient » la désinformation par le biais de plusieurs canaux dans le but de maintenir une présence persistante en ligne.

Dans un cas, des acteurs basés en Chine ont créé et publié un faux document de recherche de 66 pages sur la base de données ouverte Zenodo. D’autres acteurs ont ensuite créé des vidéos sur YouTube et Vimeo pour promouvoir ce faux document. Ils ont ensuite créé un nouvel article qui citait les conclusions de cette fausse recherche et incorporait les deux vidéos. Ces vidéos prétendaient démontrer que les États-Unis avaient « caché la vérité sur l’origine du [Covid-19] ».

Enfin, le groupe a placé le dernier article sur plusieurs plateformes et a utilisé de faux comptes de réseaux sociaux pour amplifier artificiellement les liens vers cet article.

Le conseiller géopolitique Sam Kessler a déclaré qu’il prévoyait une augmentation des opérations d’influence étrangères visant l’élection présidentielle de 2024. (Noah Berger/AFP via Getty Images)

Selon le rapport, malgré ces efforts, les acteurs basés en Chine ont eu du mal à dépasser leur propre chambre d’écho, composée principalement de bots et d’adeptes rémunérés.

« L’objectif de ces acteurs malveillants est généralement de diviser pour mieux régner en jouant sur les faiblesses physiques et cognitives perçues d’une société et de sa population », a expliqué Sam Kessler.

« Cela rejoint également la stratégie du PCC qui consiste à semer la division entre les partis politiques et les citoyens américains sur des questions brûlantes qui reviennent à chaque cycle électoral. »

Casey Fleming a déclaré que le Congrès devrait chercher à interdire l’influence étrangère auprès des secteurs du gouvernement, des affaires, de l’armée et de l’éducation, y compris par le biais d’une « technologie militarisée » (une technologie adaptée aux défis de guerre psychologique) telle que l’application de médias sociaux TikTok.

« Pourquoi autorisons-nous l’influence étrangère aux États-Unis alors que nos adversaires ne le font pas ? »

Se faire passer pour un électeur américain

Microsoft a publié son propre rapport en septembre 2023, qui révèle que des pirates informatiques basés en Chine se sont fait passer pour des électeurs américains en ligne et ont utilisé l’intelligence artificielle (IA) pour créer et promouvoir des contenus qui sèment la discorde, pendant les élections de mi-mandat de 2022.

« Avant les élections américaines de mi-mandat de 2022, Microsoft et ses partenaires industriels ont observé des comptes de réseaux sociaux affiliés au PCC personnifiant de soi-disants électeurs américains – un nouveau territoire pour les [opérations d’influence] affiliées au PCC », peut-on lire dans le rapport.

Prince, membre du groupe de piratage Red Hacker Alliance qui a refusé de donner son vrai nom, utilise un site Web qui surveille les cyberattaques mondiales sur son ordinateur dans son bureau de Dongguan, dans la province du Guangdong, en Chine, le 4 août 2020.(Nicolas Asfouri/AFP via Getty Images)

« Ces comptes se sont fait passer pour des Américains de toute opinion politique et ont répondu aux commentaires de vrais utilisateurs. »

Selon un rapport de la société de cybersécurité Recorded Future, le PCC est entré dans une nouvelle phase d’opérations d’influence en 2022, marquée par la création de messages ciblés destinés à des publics bien définis, et segmentés sur la base de données démographiques très détaillées.

Ces nouveaux comptes, selon ce rapport, ont probablement reçu des conseils ou un soutien matériel à la fois du département du travail du Front uni du PCC, un puissant organisme chargé de superviser les opérations d’influence mondiales, et du ministère de la Sécurité d’État, la principale agence de renseignement du régime.

[L’influence malveillante] d’acteurs étrangers a augmenté et continuera d’être une menace significative pour la sécurité des États-Unis… lors des élections de 2024.
— Sam Kessler, conseiller géopolitique, North Star Support Group

Sam Kessler a déclaré qu’il s’attendait à une augmentation des opérations d’influence étrangères visant l’élection présidentielle américaine de 2024, notamment en raison de l’hyperpolarisation actuelle de l’électorat américain.

« L’influence malveillante et les opérations subversives d’acteurs étrangers ont augmenté, et continueront à représenter des menaces importantes pour la sécurité nationale des États-Unis et la sécurité globale du système international lors des élections de 2024 », a-t-il ajouté.

« Tout indique que les opérations d’influence malveillante menées par la Chine et d’autres pays comme la Russie, l’Iran et Cuba intensifieront leurs efforts pour perturber les élections de 2024. »

De même, Casey Fleming a prévenu que les nations adverses chercheront probablement à tirer parti de l’IA pour semer le chaos en ligne pendant la période précédant les élections de novembre. « Le peuple américain doit s’attendre à une ingérence électorale massive de la part de la Chine, de la Russie et d’autres nations adverses, avec un renforcement croissant de l’utilisation de l’IA. »

« L’ingérence électorale est une menace directe pour nos processus démocratiques et, en fin de compte, pour notre liberté. »

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