Une prison de Pékin prend des mesures extrêmes pour éviter toute fuite d’informations

Par Jin Ming
6 août 2020 15:49 Mis à jour: 7 août 2020 20:14

La prison pour femmes de Pékin est entourée de secret. Son emplacement n’apparaît sur aucun système de navigation. La prison est fermée depuis que l’épidémie de Covid-19 a touché de nombreuses prisons chinoises au début de l’année. Les prisonnières et les gardiens ont été tenus au silence pour éviter toute fuite d’informations. Certaines sources internes décrivent la prison comme étant « l’enfer sur terre ».

Aucune trace sur le système de navigation

Dans le district de Daxing, dans le sud de Pékin, il y a des bâtiments entourés de clôtures de sécurité et de fils barbelés le long de la rivière connue sous le nom de Tiantang – il s’agit de la prison pour femmes de Pékin. Il n’est pas facile de trouver son emplacement sur un système de navigation. Il y a des milliers de détenues adultes et environ 400 gardiens et agents de sécurité.

Au début de l’année, la prison pour femmes de Pékin a été fermée pour freiner la propagation du virus du PCC*, communément appelé le nouveau coronavirus. Le 21 février, un total de 505 détenus de prisons de trois provinces différentes en Chine ont été infectés par le virus. Le 29 février, les médias chinois ont rapporté que le nombre de cas confirmés parmi les détenus était passé à 806 à Wuhan, la ville du centre de la Chine où le virus du PCC est apparu pour la première fois. Aucun détail supplémentaire n’a été rendu public sur les infections dues au virus du PCC dans le système carcéral par la suite.

Dissimulation de décès

Une source interne a déclaré au journal Epoch Times que vers midi le 19 mars 2003, Dong Cuifang, pratiquante de Falun Gong, a été conduite dans un endroit isolé de la prison pour femmes de Pékin qui est dépourvu de caméras de surveillance. Il y avait une tour de surveillance près du bâtiment avec des gardes armés qui patrouillaient dans les locaux.

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une pratique spirituelle de méditation qui a été interdite en juillet 1999 sur ordre de Jiang Zemin, alors chef du Parti communiste chinois (PCC).

Dong Cuifang, qui avait 29 ans à l’époque, était un ancien médecin de l’hôpital Shunyi Health Care pour les femmes, les enfants et les personnes âgées à Pékin. Elle a été enlevée illégalement par la police pour avoir pratiqué le Falun Gong, et condamnée à sept ans de prison. Elle est décédée huit jours après son incarcération.

Le rapport d’autopsie indique que Mme Dong est morte d’une thrombose pulmonaire, et que ses blessures auraient été « auto-infligées ».

Cependant, des preuves suggèrent que Mme Dong a été sévèrement battue par les gardiens de prison avant d’être envoyée à l’hôpital. La mère de la victime avait remarqué que ses jambes et ses bras étaient enflés et couverts d’ecchymoses, et que son épaule droite était disloquée.

La prison a menacé les parents de Mme Dong pour qu’ils ne fassent pas appel et ne contactent aucun pratiquant de Falun Gong à propos de l’incident. Les parents de Mme Dong ont reçu moins de 80 000 yuans (9 632 euros) à titre de compensation et ont été priés de ne pas divulguer d’informations sur la mort de leur fille.

La prison pour femmes de Pékin prétend avoir « zéro mort anormale » parmi les détenues depuis sa construction en 1999.

En 2004, l’information sur la mort de Mme Dong a été divulguée lorsqu’un détenu a mentionné l’incident lors d’une visite de sa famille. En conséquence, les autorités pénitentiaires ont imposé des règles strictes à toute la section de la prison (appelée « section trois ») où Mme Dong était détenue. Par exemple, il était interdit aux détenues de se parler dans leur cellule.

La zone d’administration militaire de la prison pour femmes de Pékin, en mars 2020. (The Epoch Times)

Les conditions de détention restent secrètes

Toute information concernant la prison pour femmes de Pékin ne peut être divulguée, et il incombe à la direction de la prison de veiller à ce que l’information ne soit pas communiquée. Les prisonniers sont sous surveillance en permanence et ils se surveillent les uns les autres – trois détenues sont chargées d’en surveiller une. Chaque détenue doit tenir un journal de bord à des fins d’introspection et faire part de ses propres réflexions aux gardiens de la prison.

Les gardiens de prison sont également soumis à un contrôle strict et doivent se conformer à un ensemble de règles et de consignes – leur comportement et leurs pensées sont étroitement surveillés.

Les gardes disposent de téléphones portables. Mais ce téléphone ne peut pas être introduit dans les locaux de la prison et doit être laissé dans le vestiaire. À un moment donné, les gardiens de prison ont dû utiliser des sacs en plastique transparents pour des raisons de sécurité.

Les informations extérieures sont censurées. Tous les tracts, lettres et autres documents obtenus par les gardiens doivent être remis à la prison. La seule source d’information est le média d’État CCTV (China Central Television).

Tous les téléphones de la prison sont surveillés, notamment l’internet. L’application de médias sociaux WeChat est interdite. Il est également interdit aux gardiens de prison de poster des messages ou de faire des commentaires sur WeChat ou Weibo.

Les sujets jugés sensibles par le Parti communiste chinois (PCC), tels que la pandémie du virus du PCC et le Falun Gong, sont tabous. Le personnel pénitentiaire est surveillé de très près et évite de contourner la Grande muraille de feu, le mécanisme sophistiqué de censure en ligne du régime, pour rechercher des informations censurées.

Chaque gardien de prison a deux anniversaires

La prison des femmes de Pékin compte 400 gardiens de prison et 74 % sont membres du Parti communiste. Xing Mei, l’actuel directeur de la prison, estime que chaque membre du Parti a deux anniversaires : l’un est sa date de naissance et l’autre est son « anniversaire politique » (le jour où il est devenu membre du Parti, selon une source interne).

Le jour de leur anniversaire politique, ils doivent renouveler et renforcer leurs vœux au Parti. En d’autres termes, ils doivent promettre leur loyauté envers le PCC.

Le secrétaire de la branche du Parti de la « section trois » de la prison est Zhang Haina qui se dit « pro-Parti sans regret », selon la source interne. La plupart des gardiens de la section trois sont membres du Parti. Actuellement, la section trois détient tous les pratiquants de Falun Gong et les chrétiens qui ont été kidnappés à Pékin.

Des sources internes ont révélé que les détenus de la « section trois » sont soumis à un lavage de cerveau, à des abus physiques et au travail forcé. Les formes de punition sont inhumaines.

Par exemple, Zhao Liuji, une pratiquante de Falun Gong de 66 ans, a été battue alors qu’elle était inconsciente, et ses cuisses ont été gravement blessées. Zhang Yinying, une septuagénaire pratiquant le Falun Gong, a été détenue dans une cellule avec d’autres criminels qui l’intimidaient secrètement en remplissant son short de notes écrites avec des mots qui diffamaient le Falun Gong.

Les pratiquants de Falun Gong ne sont pas autorisés à parler aux autres. S’ils enfreignent cette règle, ils sont punis et doivent rédiger un essai d’« autocorrection » d’au moins trois pages en deux semaines. Si l’essai fait moins de trois pages, toutes les détenues de cette section ne sont pas autorisées à dormir.

Les pratiquantes de Falun Gong ne sont pas autorisées à établir de contact visuel, sinon elles sont attaquées verbalement par les détenues et forcées de recopier la « Pensée de Xi Jinping » – idéologie communiste du leader chinois.

Au cours des deux dernières années, la prison pour femmes de Pékin s’est concentrée sur le lavage de cerveau des détenues avec l’idéologie politique communiste. Les détenues et les gardiens sont forcés d’accepter et d’exprimer leurs opinions sur « les avantages du système socialiste avec les caractéristiques chinoises ». Les détenues sont rééduquées pour prêter un serment d’allégeance au Parti communiste. Les programmes télévisés ne montrent que les informations de la CCTV, l’éducation politique communiste et des spectacles de chant qui honorent le Parti. Avant chaque repas, les détenues doivent chanter des chansons qui font l’éloge du PCC.

Pendant la pandémie du virus du PCC, les détenues ont cessé de participer aux travaux forcés. Au lieu de cela, elles ont dû écouter la propagande diffusée par les autorités pénitentiaires sur la gestion de la pandémie par le régime. Pékin a intensifié ses campagnes de désinformation contre les États-Unis pour renforcer son image, en vue de détourner l’attention internationale sur la gestion lamentable de la pandémie. Selon une source interne, certaines détenues ont déclaré : « Il vaut mieux travailler que de subir un lavage de cerveau tous les jours ! »

Les gardes n’ont pas de liberté

Selon une source interne, les gardiens se plaignent également entre eux. Ils affirment qu’ils se sentent également prisonniers compte tenu des longues heures de travail, du manque de liberté et de la crainte d’être punis pour avoir enfreint les règles, par exemple en parlant de questions sensibles, dont la pandémie.

Pendant la pandémie, de nombreux gardiens de prison ont travaillé sans interruption pendant deux mois sans faire de pause. Pendant cette période, ils ne pouvaient pas contacter leur famille par le biais de WeChat. Ils ne pouvaient qu’utiliser le téléphone de la prison pour parler à leur famille. Les gardiens qui n’étaient pas en service n’étaient pas autorisés à quitter leur domicile. Lorsqu’ils reprenaient le travail, ils devaient se mettre en quarantaine dans le dortoir de la prison pendant 14 jours avant d’entrer dans la zone de la prison.

Maintenant que la deuxième vague de la pandémie est arrivée à Daxing, cette ville est devenue une zone à haut risque de Pékin. La plupart des gardiens de prison vivent à Daxing, selon des sources internes. Lorsque les gardiens rentrent chez eux, ils sont tenus de signaler chaque jour leurs allées et venues à la prison, ce qui constitue une atteinte à leur liberté.

* Epoch Times désigne le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du covid-19, comme le « virus du PCC », car la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois (PCC) ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

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