Vers une future Chine démocratique: les dissidents chinois de la diaspora cherchent à raviver le constitutionnalisme

Par Michael Zhuang
23 mars 2024 16:30 Mis à jour: 25 mars 2024 21:33

Au début du mois de mars, des militants chinois favorables à la démocratie ont organisé à Washington la première conférence sur les affaires nationales (National Affairs Conference, NAC) afin de discuter de la voie à suivre pour la Chine dans une ère post-Parti communiste chinois (PCC). Ils ont formulé un « projet pour une Chine démocratique » basé sur des principes constitutionnels.

Dans le cadre de l’émission en langue chinoise « Pinnacle View » de NTD, deux dissidents chinois établis aux États-Unis qui ont participé au NAC ont discuté de l’histoire constitutionnelle de la Chine, longue d’un siècle, et de la feuille de route pour sa reconstruction future.

La République chinoise

La Chine moderne avait établi la première république d’Asie dans l’Histoire, la République de Chine, mais des conflits internes et les guerres mondiales l’ont empêchée d’établir une république constitutionnelle stable. L’objectif des activistes chinois du NAC est de renverser le PCC pour reconstruire une république constitutionnelle libre.

Wang Juntao, chef du Parti démocrate chinois qui a été condamné à 13 ans de prison en Chine après avoir organisé des manifestations d’étudiants en 1989, a expliqué dans l’émission « Pinnacle View » que « si les républiques constitutionnelles prennent diverses formes dans la politique moderne, elles partagent trois caractéristiques communes ». Premièrement, les droits des citoyens, notamment les diverses libertés et droits de l’homme fondamentaux, doivent être pleinement respectés et protégés. Deuxièmement, toutes les institutions de l’État doivent être mandatées par les citoyens au moyen d’élections libres et équitables. Troisièmement, un système de contrôle et d’équilibre des pouvoirs doit être mis en place pour éviter les abus et l’usurpation de pouvoir.

« Il est évident que le PCC n’incarne pas un système constitutionnel », a déclaré M. Wang. « C’est pourquoi nous plaidons pour le démantèlement du PCC et la reconstruction de la république. Notre objectif est d’établir une forme de gouvernement véritablement républicaine. »

Selon M. Wang, les idées de constitutionnalisme existaient déjà avant l’instauration de la République de Chine en 1911, à la fin de la dynastie Qing. La dynastie Qing n’a pas évolué vers une monarchie constitutionnelle, mais les idées du constitutionnalisme ont été transmises plus tard à la république.

Le constitutionnalisme dans le passé

Le commentateur politique chinois Zheng Xuguang a déclaré lors de l’émission que la République de Chine avait été créée sur la base de mouvements favorables au constitutionnalisme lancés à la fin de la dynastie Qing. Les constitutionnalistes en exil de l’époque, comme Liang Qichao, ont proposé une monarchie constitutionnelle inspirée du Royaume-Uni.

La révolution de 1911 a renversé la monarchie et instauré la République de Chine, rapprochant la Chine d’une république constitutionnelle. Cependant, l’Union soviétique et le Japon ont rapidement soutenu des factions internes de la nouvelle république pour diviser le pays, entraînant une ère de conflits et de guerre civile. Diverses factions réformistes et constitutionnelles se sont affrontées à l’époque.

M. Zheng a souligné que vers la fin de la dynastie Qing, les monarchistes purs et durs étaient faibles, tandis que les constitutionnalistes gagnaient beaucoup en pouvoir. Toutes les forces régionales sous la monarchie soutenaient le constitutionnalisme, de même que tous les bourgeois bien éduqués.

Destruction du constitutionnalisme par le PCC

Sous la direction du général Chiang Kai-shek, la République de Chine a été unifiée sous l’égide du parti nationaliste chinois, ou Kuomintang. Cependant, le général Chiang a continué à lutter contre les insurgés communistes tout en combattant l’invasion japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a résisté à la fois aux communistes soutenus par l’Union soviétique et aux Japonais.

Pendant cette période, la Chine est devenue un État dirigé par le Kuomintang. Après la prise de contrôle de la Chine continentale par le PCC, le général Chiang s’est retiré à Taïwan et est devenu président de la République de Chine. Son comportement en tant que président reste très controversé à Taïwan compte tenu de la gouvernance autoritaire qu’il a instaurée, et de la répression infligée au mouvement d’indépendance taïwanais.

M. Zheng a critiqué le système parti-État du Kuomintang, qu’il a qualifié « de non viable » dans la mesure où il combinait une gouvernance militaire et constitutionnelle. Après la guerre civile avec le PCC, le Kuomintang a utilisé de vastes mesures d’urgence à Taïwan pour réprimer l’opposition. Cette situation n’a pris fin qu’à la fin des années 1980, lorsque l’ancien président taïwanais Lee Teng-hui a permis l’instauration d’un véritable constitutionnalisme.

« Aujourd’hui, on peut dire que le système constitutionnel taïwanais est le meilleur d’Asie », a-t-il déclaré. « Taïwan est un pays démocratique fondé sur le constitutionnalisme, ce qui fait de lui un modèle quasi parfait [pour la Chine post-PCC] ».

L’effondrement inévitable du PCC

Pour M. Zheng, les programmes communistes et socialistes mis en place par le PCC ne peuvent pas fonctionner et sont voués à disparaître un jour.

« Tous les pays communistes d’Europe de l’Est et de l’Union soviétique se sont effondrés. La restauration de la république [en Chine] devra donc s’opérer. L’histoire de la Chine moderne est marquée par la quête de liberté, de démocratie et de constitutionnalisme menée par des générations successives de penseurs et de dirigeants depuis le mouvement constitutionnel né au sortir de la dynastie des Qing. Cette voie doit être rétablie, et j’ai une grande confiance en elle. »

Le débat sur « Pinnacle View » a mis en lumière le contexte historique et les aspirations de ceux qui prônent le retour au constitutionnalisme en Chine. De la fin de la dynastie Qing à la République de Chine, des mouvements constitutionnalistes se sont succédé, mais la voie vers un véritable constitutionnalisme s’est trouvée interrompue par divers facteurs internes et externes. Toutefois, les deux défenseurs ont exprimé leur optimisme quant à l’avenir, estimant que l’effondrement du PCC est inévitable, et que seules la liberté, la démocratie et la gouvernance constitutionnelle permettraient à la Chine d’aller de l’avant.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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