À l’Assemblée, l’ancien PDG d’EDF Henri Proglio dénonce les erreurs politiques majeures en matière énergétique

Par Emmanuelle Bourdy
19 décembre 2022 13:32 Mis à jour: 19 décembre 2022 13:32

Auditionné à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête, l’ancien patron d’EDF n’a pas usé de la langue de bois. Il a détaillé les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France, au profit des intérêts de l’Allemagne et de l’Europe.  

Ce mardi 13 décembre, Henri Proglio, PDG d’EDF entre 2009 et 2014, était auditionné par la commission d’enquête à propos de la souveraineté énergétique de la France et de son indépendance. Il a notamment démonté les décisions politiques énergétique et industrielle du gouvernement français, pointant l’influence néfaste de l’Allemagne sur celles-ci, sans omettre de viser les énergies renouvelables.

« L’obsession allemande depuis 30 ans c’est la désintégration d’EDF. Ils ont réussi »

Rappelant que le gouvernement « considérait que l’électricité était un élément essentiel de l’économie », lors de sa création en 1945, il a ajouté qu’en 2009, EDF était exportatrice nette d’électricité et jouissait pour cela d’une belle notoriété auprès des Français. En outre, elle avait le quasi-monopole de l’électricité au niveau européen, ce qui ne plaisait pas à Bruxelles, largement sous influence allemande. Ainsi que l’a déclaré l’ancien PDG d’EDF, toute réglementation européenne « est une réglementation allemande ».

« Les énergéticiens allemands étaient à la ramasse totale et l’Allemagne était totalement vulnérable en matière énergétique, comment voulez-vous que ce pays qui a fondé sa richesse, son efficacité et sa fiabilité sur son industrie accepte que la France dispose d’un outil compétitif aussi puissant qu’EDF à sa porte ? L’obsession allemande depuis 30 ans, c’est la désintégration d’EDF. Ils ont réussi », a expliqué Henri Proglio. Il a souligné qu’en France, on parle du « couple franco-allemand », alors que « personne ne parle en Allemagne du couple franco-allemand ». « Je pense qu’on n’a rien négocié contre le sacrifice d’EDF. En tout cas, je n’ai pas connaissance de contreparties qu’on ait obtenues », a-t-il ajouté.

Les politiques de François Hollande et d’Emmanuel Macron pointées du doigt

Revenant sur l’arrêt de la centrale de Fessenheim, Henri Proglio a supplié de ne pas « remuer le couteau dans la plaie », cette fermeture étant victime d’une part de la politique de François Hollande, qui a promis en 2012 aux écologistes la fermeture de 28 réacteurs nucléaires, aggravée d’autre part par la politique d’Emmanuel Macron. Celui-ci avait expliqué le 5 septembre dernier que cette fermeture était due à la proximité de la France avec l’Allemagne, notre voisin n’étant pas en alignement avec nous sur le nucléaire.

Quant au futur mix énergétique, dont la part du nucléaire a été fixée à 50%, Henri Proglio a indiqué qu’il s’agissait d’une décision « prise au doigt mouillé ». Pointant l’expérience allemande, qui a investi « 500 milliards dans le renouvelable, et on en voit l’efficacité », pour lui, « la France n’est pas un pays dans lequel le renouvelable a une place considérable à prendre », d’autant plus que « l’injection du renouvelable dans le système impose une flexibilité au nucléaire qu’il n’a pas spontanément », a-t-il expliqué.

Deux autres PDG d’EDF auditionnés

Selon Henri Proglio, la guerre en Ukraine n’est pas la cause des problèmes d’approvisionnement de la France en électricité, elle est tout au plus le révélateur de sa faiblesse. L’ancien PDG d’EDF se demande encore pourquoi la France « ne prend pas l’initiative, comme l’Espagne et la Portugal de sortir du marché européen de l’énergie ? »

Ont également été auditionnés à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête « visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France » deux autres PDG d’EDF. Il s’agit de Pierre Gadonneix et de Jean-Bernard Lévy, l’un étant en poste de 2004 à 2009, l’autre de 2014 à 2022.

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