À Marseille, procès des «Arrow Baga», gang criminel nigérian ultra-violent

Par Epoch Times avec AFP
6 novembre 2023 16:15 Mis à jour: 6 novembre 2023 16:18

Réseaux d’immigration clandestine, proxénétisme, viols : pendant trois semaines, au tribunal correctionnel de Marseille, la justice va plonger au cœur du fonctionnement des « Arrow Baga » ou « Supreme Vikings », un « cult » nigérian, sorte de mafia criminelle au fonctionnement ultra-violent. 

Sur le banc des prévenus ils étaient 13 lundi à l’ouverture du procès, 13 hommes âgés de 22 à 37 ans, dont dix comparaissent détenus. Ils formaient la hiérarchie marseillaise des Arrow Baga, ex-fraternité étudiante décrite par le juge d’instruction comme « une organisation criminelle hiérarchisée et structurée, avec ses règles et ses rites, ses artifices et ses accessoires ». Parmi eux, deux anciens Doctor One, les chefs successifs des Arrow Baga à Marseille. Un troisième, échappé en Italie, est sous le coup d’un mandat d’arrêt. Face à eux, côté parties civiles, une dizaine de jeunes femmes, prostituées de force et violées, et deux associations.

Identifiables à leurs tenues rouges, les Arrow Baga sont aujourd’hui largement implantés dans la deuxième ville de France, comme leurs compatriotes et ennemis des Blacks Axes (les noirs) ou des Eiyes (les Bleus). Ces groupes criminels nigérians tirent notamment leurs profits de la prostitution. Après avoir traversé la Libye puis l’Italie, guidées par le mirage d’un travail ou d’une formation, de jeunes Nigérianes se retrouvaient contraintes, à leur arrivée en Europe, de rembourser des dizaines de milliers d’euros à leur « Madame », une ancienne prostituée devenue mère maquerelle.

Pour les soumettre, leurs proxénètes utilisent la crainte du « djoudjou », un rite exercé au Nigeria, avec la menace de représailles sur leurs familles. Mais il y a aussi l’arme du viol, voire du viol aggravé par l’usage d’armes. Des faits qui devraient relever de la cour d’assise mais que le juge d’instruction, en accord avec les victimes, a choisi de correctionnaliser en agressions sexuelles.

« Marquée au feu dans le dos »

Fin mars 2020, alors que le confinement maintient les prostituées dans leurs appartements de la cité du Parc Corot, une des pires copropriétés dégradées de Marseille, 20 membres des Arrow Baga font irruption au domicile de quatre d’entre elles. Durant deux heures, ils vont les violer et leur dérober des centaines d’euros, sous la menace de couteaux et d’un pistolet.

Une autre jeune femme, âgée de 22 ans, également forcée à se prostituer et « marquée au feu dans le dos », a raconté comment, le 20 juillet 2019, elle avait été conduite à « la maison secrète », une villa abandonnée dans les quartiers Nord de Marseille, lieu de réunion des Arrow Baga. Là, des hommes « en train d’aiguiser des lames de couteaux, de sabres, de machettes » vont la violer successivement. « C’était une punition, car je ne voulais plus être avec eux, je voulais les fuir », a-t-elle expliqué. Les prévenus voudront convaincre le tribunal que leurs accusatrices sont des « Reines bleues », membres d’un clan adverse cherchant à les éliminer judiciairement.

Fonctionnement sectaire

Mais la violence s’exerce aussi contre les hommes, pour les contraindre à adhérer au gang (« cult ») ou à ne pas le quitter. L’un des prévenus, « J-Boy », a ainsi été puni par les « germans », les membres du gang : « Je ne voulais plus les suivre dans leurs activités de bagarre, d’attaques au couteau, de vol d’argent, alors ils m’ont coupé aux poignets avec une machette », a-t-il raconté aux enquêteurs.

Puis, le 29 février 2020, dans la cité des Flamants, où les Nigérians géraient un squat dans un immeuble en attente de rénovation, il avait été jeté du 6e étage car, « pour eux, la seule façon de quitter la secte était de mourir ». Ces « cults » nigérians au fonctionnement sectaire prospéraient aussi sur la base de rites sorciers. Ainsi, un ex-Doctor One qui s’était installé à Montpellier et souhaitait quitter le groupe avait été blessé au couteau par son successeur et ses hommes de main. En garde à vue, il avait évoqué le « serrina », un médicament qui « protège des armes qui coupent » : « Si vous buvez serrina, les lames ne peuvent pas entrer dans votre corps. »

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