Inquiétudes à Rouen après l’énorme incendie de l’usine chimique Lubrizol, classée Seveso

Par Epoch Times avec AFP
26 septembre 2019 16:46 Mis à jour: 27 septembre 2019 09:38

L’incendie de l’usine Lubrizol, classée Seveso, inquiète les habitants de Rouen des risques liés aux fumés. Les rares passants marchent avec des masques de protection et s’interrogent.

Après le passage du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner annonçant que l’incendie « est maîtrisé » mais « qu’il faudra plusieurs jours pour en venir totalement à bout », la vie tourne encore au ralenti dans le centre-ville de Rouen. Deux cents pompiers ont été mobilisés pour maîtriser cet incendie hors norme qui s’était déclaré vers 2H30 du matin.

« C’est comme de l’huile noire qu’on aurait jetée sur les voitures » : à Rouen et dans les communes proches, habitants et touristes regardaient avec inquiétude les stigmates causés par le spectaculaire incendie qui a ravagé jeudi l’usine Lubrizol classée Seveso.

Sur Twitter, des internautes ont partagé des photos des résidus noirâtres qui se sont accumulés dans la ville et ailleurs dans la région, apportés par la pluie.

Un  habitant a tweeté : « Ça en dit long sur ce que l’on va respirer aujourd’hui et aussi pour tout le reste (légumes, arbres, plantations, animaux) ».

D’autres constatent des traces d’huile sur leur terrasse ou bien sur le mobilier.

À 30 km de Rouen, à Sommery, un habitant a constaté l’apparition de traces noires sur sa terrasse.

Des masques de protection

La rue du Gros Horloge, habituellement très fréquentée, est aussi clairsemée qu’un jour férié. La plupart des commerçants ont baissé le rideau, certains pour la journée, d’autres jusqu’à nouvel ordre.

Parmi eux, quelques rares passants portent des masques ou marchent le nez protégé par leur écharpe, alors que le thermomètre affiche 19 degrés, a constaté une journaliste de l’agence France Presse (AFP).

Au moins trois écoles ont complètement fermées dans le quartier, selon une commerçante. Dans un véhicule de police croisé à la sortie de Rouen, des policiers ont revêtu des masques de protection.

La préfecture se veut rassurante

La préfecture sur son site internet a assuré qu’il s’agit  de « dépôts de suie », et recommande de se laver les mains en cas de contact. Dans un communiqué elle recommande également aux habitants de ne pas manger les fruits et légumes de leur jardin « qui ne pourraient être épluchés ou lavés de façon approfondie ».

Alors que le spectaculaire panache de fumée noire de 22 km de long et de 6 de large commence à se dissiper, l’inquiétude liée à la présence dans l’air de produits supposés dangereux pour la santé, est dans toutes les têtes, même si les autorités se veulent rassurantes.

« Je ne suis pas à l’aise. C’est un site Seveso. Il faut être très prudent avec ce que les autorités disent, est-ce que c’est la vérité ? Parfois on ne sait ce qui s’est vraiment passé qu’une semaine après », estime un sexagénaire.

Des nappes huileuses, des coulures noires

Rive gauche, de l’autre côté de la Seine, Driss Saidi, 25 ans, riverain de l’usine au Petit-Quévilly, raconte comment il a été réveillé par le bruit des explosions à 3H00 du matin.

Il a entendu « du boucan ». « Ça a bien pété ! Des explosions. Après on a vu la fumée, mais dans le noir on ne voyait pas trop, en fait. Quand on est sortis, on a vu les flammes. C’est là qu’on s’est dit « c’est chaud! ça craint ». La preuve :  dix heures plus tard, (le feu) n’est  toujours pas éteint.

À Préaux (Seine-Maritime), à une dizaine de kilomètres au nord de Rouen, les habitants ne bougent pas de chez eux. La commune a pris le passage de la fumée, provoquée par la combustion des lubrifiants de Lubrizol.

« Je suis restée chez moi, j’ai fermé les portes et les fenêtres », explique Brigitte, une quinquagénaire. « J’ai senti des odeurs que je ne peux pas identifier. Les trottoirs sont plus noirs que d’habitude. Il y avait des nappes huileuses dans les flaques d’eau ce matin. C’est inquiétant, tout cela va s’infiltrer par le ruissellement », pense-t-elle.

Des coulures noires sont encore visibles sur le muret de sa maison, et sur la végétation, « une eau noire ».

Odile, incommodée par « des odeurs dans la matinée » dit avoir « eu la gorge qui gratouillait ». « C’était comme des odeurs de garage automobile, de graisse. Mes deux chats laissaient des traces de pas grises », a-t-elle dit.

Elle montre les véhicules devant sa maison : c’est « comme de l’huile noire qu’on aurait jetée sur les voitures ».

 

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