Après l’Australie, Emmanuel Macron confirme une loi pour interdire les réseaux sociaux « avant 15-16 ans »
Le président Emmanuel Macron a confirmé, mercredi à Saint-Malo, son intention de faire interdire l’accès aux réseaux sociaux avant « 15 ou 16 ans », grâce à un projet de loi que le gouvernement entend déposer « dès janvier ».

Photo: Yoan VALAT / POOL / AFP via Getty Images
Lors de cette étape bretonne de son tour de France consacré à la régulation du numérique, le chef de l’État a réaffirmé devant près de 220 lecteurs et journalistes d’Ouest-France sa volonté « d’imposer à tous les réseaux sociaux la vérification de l’âge » des utilisateurs, à l’instar des sites pornographiques depuis mars. Le texte du gouvernement, a-t-il précisé, sera déposé à l’Assemblée nationale « dès janvier » avant d’être voté « dans les meilleurs délais ».
Un dispositif inspiré des sites pornographiques
Soulignant le « consensus scientifique » sur les effets néfastes des réseaux sociaux sur les résultats scolaires et la santé mentale des adolescents, Emmanuel Macron a comparé leur danger à celui d’un enfant « au volant d’une Formule 1 ».
« Mon enfant, (…), j’ai pas envie qu’il gagne la course, j’ai juste envie qu’il descende de la voiture », a-t-il illustré. « Je veux d’abord lui apprendre le code et être sûr que la voiture fonctionne, lui apprendre à conduire sur une autre voiture », a-t-il poursuivi.
S’appuyant sur le précédent australien, où l’interdiction s’applique aux moins de 16 ans, le chef de l’État estime que le modèle de vérification d’âge adopté pour les sites pornographiques « fonctionne ». « Cette technique, on peut l’utiliser pour les réseaux sociaux », a-t-il assuré, rappelant que la Commission européenne avait donné son feu vert « l’été dernier ».
Une précédente loi, promulguée en juillet 2023, avait déjà instauré une majorité numérique à 15 ans sans jamais entrer en application, bloquée à Bruxelles. Parallèlement, une proposition de loi du groupe Renaissance, inscrite à l’agenda de l’Assemblée pour le 19 janvier, prévoit elle aussi d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Emmanuel Macron, lui, ne s’est référé à aucun de ces deux textes lors du débat de Saint-Malo consacré à « la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux ». Il s’est borné à « prendre l’engagement » qu’une loi serait « votée avant la fin de ce mandat ».
Une polémique autour de la « labellisation » des médias
Le président est également revenu sur la controverse suscitée par ses propos concernant la lutte contre la désinformation et la « labellisation des médias ». Emmanuel Macron a dénoncé des accusations de dérive « autoritaire » qu’il juge « largement biaisées ».
« Il y a eu parfois des débats ces derniers jours largement biaisés qui ont dit un peu n’importe quoi, y compris sur ce que j’avais pu dire », a-t-il observé.
La polémique avait éclaté après qu’il eut apporté un soutien appuyé à des initiatives de labellisation « par des professionnels », destinées à distinguer les médias respectant les règles déontologiques. « On va tout faire pour que soit mis en place un label », avait-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en soulignant que « ce n’était pas à l’État de le faire ».
Le Journal du dimanche l’avait accusé d’une « dérive totalitaire », bientôt suivi par plusieurs médias du groupe Bolloré ainsi que par des responsables de la droite et de l’extrême radicale, soupçonnant le chef de l’État de vouloir « contrôler l’information ».
« Ce n’est pas du tout le travail de l’État de distinguer le vrai du faux, c’est précisément le travail d’une presse libre par la contradiction, la vérification », a répliqué le président à Saint-Malo, reprenant une position déjà défendue en Conseil des ministres. « La clé, c’est d’abord de redonner une place centrale à ceux dont c’est le travail, c’est-à-dire les journalistes et les organes de presse (…). Ils ont une déontologie, une charte déontologique », a-t-il insisté.
Le témoignage bouleversant d’une mère endeuillée
Un moment fort de l’échange a été le témoignage poignant d’Emmanuelle Pouédras, dont le fils s’est suicidé en septembre 2024. La mère de famille affirme que les messages reçus sur TikTok ont contribué à son drame.
« Qu’est-ce que vous allez imposer comme mesure immédiate vis-à-vis des parquets et des plateformes pour accompagner les familles endeuillées ? », a-t-elle interrogé. Emmanuel Macron a parlé d’un « témoignage bouleversant » et s’est engagé à la rencontrer personnellement.

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