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Attaque de la prison de Condé : le principal accusé revendique tout et insulte l’administration pénitentiaire

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Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

« Je ne regrette absolument pas » l’attentat à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) en mars 2019, quand deux surveillants ont été grièvement blessés à l’arme blanche, a affirmé lundi Michaël Chiolo, le principal accusé, justifiant avec véhémence son acte au nom du groupe terroriste État islamique.
L’homme de 33 ans, poursuivi pour tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste, s’est livré, à l’occasion de sa première prise de parole devant la cour d’assises spéciale de Paris, à une attaque en règle contre les autorités françaises et particulièrement de l’administration pénitentiaire.
Souvent injurieux à l’égard des agents de la pénitentiaire, reconnaissant « une haine tenace » pour la France et ses valeurs, l’homme aux cheveux ras et à la barbe fournie, s’est présenté comme « un combattant » dans une logorrhée de plus de 35 minutes.
« La prison, symbole de la  d’État, est une poubelle dirigée par des ordures », a-t-il lancé dans un discours soigneusement préparé et rassemblant tous les poncifs du groupe terroriste État islamique (EI). « L’administration pénitentiaire a contribué à mon passage à l’acte », a-t-il affirmé, osant à l’égard des victimes un glaçant : « ils se sont poignardés eux-mêmes ».
« Il faut faire des prisons un champ de bataille du jihad », a-t-il souhaité.
Le seul « pardon » qu’il a concédé a été pour ses co-accusés « injustement » soupçonnés de l’avoir aidé. « Je n’ai bénéficié d’aucune aide », « ils n’y sont pour rien », a-t-il soutenu avant de rendre hommage à sa compagne, Hanane Aboulhana, tuée durant l’attaque.
Michaël Chiolo, radicalisé en prison
Le 5 mars 2019, Michaël Chiolo, détenu de droit commun, ex-sympathisant néonazi, fasciné par Hitler, converti à l’islam en 2010 et acquis en prison aux thèses de l’islam radical, profite d’une unité de vie familiale (UVF) de la prison de Condé-sur-Sarthe avec sa compagne, rencontrée pendant sa détention sur un site de rencontre islamique.
Vers 09h30, le couple demande à sortir. Lorsque deux surveillants se présentent pour ouvrir l’UVF, Chiolo et sa compagne, qui avait caché des couteaux en céramique sous ses vêtements, se jettent sur eux, cherchant à les égorger. Les surveillants, grièvement blessés, parviennent à s’extraire de la pièce et à y enfermer Chiolo et sa compagne.
Après plusieurs tentatives de négociations qui auront duré une dizaine d’heures, des policiers du RAID lancent l’assaut, blessant Chiolo et tuant Hanane Aboulhana, 34 ans.
Chiolo qui revendique l’attaque au nom de l’EI explique avoir voulu « venger » Chérif Chekatt, l’auteur de l’attaque jihadiste du marché de Noël de Strasbourg, abattu le 13 décembre 2018 par les forces de l’ordre après avoir tué cinq personnes. L’enquête révélera que le projet du couple était de commettre un massacre « de plus grande ampleur ». Il voulait tuer le maximum d’agents pénitentiaires et décapiter le directeur de la prison, Jean-Paul Chapu, appelé à témoigner au procès.
Quatre coaccusés moins véhéments
Les autres accusés se sont montrés moins véhéments que Chiolo.
Nabil Ganned, poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste, s’est dit « désolé » et a réaffirmé son « innocence ». « Je n’étais au courant de rien », « je n’ai rien fait », a-t-il répété plusieurs fois.
Présenté comme « le leader charismatique » du « club des cinq » accusés, Abdelaziz Fahd a fait profil bas. « Mes premières pensées vont aux victimes », a-t-il dit. « J’espère que la vérité sera prouvée et la vérité c’est mon innocence » a déclaré l’homme de 39 ans, poursuivi pour complicité de tentative d’assassinat.
Jérémy Bailly, poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste (AMT), a préféré ne pas s’exprimer. Le dernier accusé, Yassine Merai, également poursuivi pour AMT et seul accusé qui devait comparaître libre, est en fuite en Tunisie et sera jugé « par défaut ». « Il est terrifié à l’idée de retourner en prison », a expliqué son avocat Me Martin Méchin pour justifier l’absence de son client.
Les interrogatoires des accusés sur les faits ne sont pas attendus avant le 25 juin. Tous les accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès est prévu jusqu’au 4 juillet.