Budget: Élisabeth Borne face aux motions de censure Nupes et RN

Par Epoch Times avec AFP
24 octobre 2022 12:20 Mis à jour: 24 octobre 2022 14:43

La première ministre Elisabeth Borne fait face lundi après-midi à l’Assemblée aux motions de censure de la Nupes et du RN sur le budget 2023, qui promettent des débats électriques dans l’hémicycle bien qu’elles n’aient presque aucune chance d’être adoptées.

Discutées à partir de 16H, ces motions répondent à l’arme constitutionnelle du 49.3 dégainée mercredi par la cheffe du gouvernement pour faire passer sans vote la partie recettes du projet de loi de finances, premier volet du budget de l’État.

Au nom des 151 élus de la coalition de gauche, la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain présentera la motion de censure Nupes pour dénoncer le « mépris » du gouvernement à l’égard du Parlement et critiquer un budget « irresponsable sur le plan climatique ».

Puis viendra le tour de Marine Le Pen pour le RN. La motion des 89 députés du parti, cosignée par le non-inscrit Nicolas Dupont-Aignan, reproche au gouvernement un « déni de démocratie », car il a « effacé d’un trait de plume une cinquantaine d’amendements, pourtant votés » à l’Assemblée nationale, avant le coup d’arrêt du 49.3.

Le premier 49.3 d’une longue série

La discussion commune doit durer environ deux heures et demie, sans compter la réponse d’Elisabeth Borne. Puis les députés voteront dans les salons voisins de l’hémicycle. Seuls les votes pour les motions sont pris en compte.

Elles n’ont a priori aucune chance de recueillir la majorité absolue de 289 voix, nécessaire pour faire tomber le gouvernement. Car ni la Nupes ni le RN n’entendent soutenir la motion rivale. Et la droite a déjà prévenu qu’elle ne les voterait pas pour ne « pas rajouter du désordre au désordre ».

« Si un jour on doit voter une motion de censure, c’est celle que nous aurons choisi de déposer. Et on ne s’interdit pas de le faire », a commenté dimanche sur Radio J Olivier Marleix, le chef de file des députés LR.

Sous la Ve République, une seule motion de censure a été adoptée, en 1962, faisant tomber le gouvernement de Georges Pompidou.

En l’absence de majorité absolue pour les macronistes à l’Assemblée, ce 49.3 est probablement le premier d’une longue série durant cet automne budgétaire. Elisabeth Borne en a d’ailleurs déjà déclenché un deuxième dès jeudi sur le budget de la Sécurité sociale, avec une autre motion Nupes à la clé, qui pourrait être examinée lundi soir ou mardi.

Le camp présidentiel défend le recours au 49.3

Le camp présidentiel s’efforce de banaliser le recours à cet article 49 alinéa 3 de la Constitution qui pourrait être dégainé une dizaine de fois pour faire passer le budget de l’État et celui de la Sécu d’ici Noël.

« Ce que proposent ceux qui déposent des motions de censure c’est d’ajouter de la crise à la crise en faisant en sorte que la France n’ait pas de budget et en renversant le gouvernement », a souligné dimanche sur France Inter le ministre des Comptes publics Gabriel Attal.

Les deux premiers sont « ceux qui comptent, les autres seront techniques. Il faut bien l’expliquer aux citoyens », estime le MoDem Erwan Balanant, pour dédramatiser.

Et avec des motions de censure, « ça va être très intéressant de voir quelle est la différence entre la Nupes et le RN : (…)  On voit qu’il y a quand même beaucoup de votes qu’ils réalisent ensemble. Et je crains qu’ils ne se retrouvent toujours dans la critique, toujours dans le blocage face au gouvernement », attaque le député Renaissance Mathieu Lefèvre.

Un rejet des motions de censure permettrait l’adoption de la première partie du projet de loi de finances (PLF) pour 2023 et le passage à l’examen de la seconde, consacrée aux dépenses, à partir de jeudi.

Le gouvernement « manque de sens du compromis »

Dans la version du budget soumise au 49.3, l’exécutif avait tout loisir de retenir les amendements de son choix. Il en a conservé une centaine, mais ni du RN ni de LFI et pas les plus sensibles.

C’est le gouvernement qui « manque de sens du compromis et n’a pas compris le résultat des élections législatives », a jugé dimanche soir Marine Le Pen sur TF1. Selon elle, « le gouvernement utilise le 49.3 comme un outil de contournement de la volonté des Français ».

Au nom de la stabilité fiscale, le gouvernement a repoussé une proposition du MoDem, dans la majorité, pour augmenter la taxation des « superdividendes » des grandes entreprises. Combattue par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, la mesure avait obtenu le soutien de la gauche, du RN, mais aussi d’une vingtaine d’élus Renaissance.

Dans ce budget 2023, le gouvernement revendique un équilibre entre la maîtrise des finances publiques et la « protection » des Français, grâce à un « bouclier tarifaire » de 45 milliards d’euros pour limiter à 15% la hausse des tarifs réglementés de l’électricité et du gaz.

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