La prolifération problématique des drones chinois

Par Richard A. Bitzinger
9 novembre 2021 21:34 Mis à jour: 9 novembre 2021 21:34

Il y a quelques semaines, la Chine faisait la une des journaux après avoir testé un engin hypersonique capable de transporter une arme nucléaire. Cet essai révélait également qu’elle développait probablement un « système de bombardement orbital fractionné ».

Ces capacités, si elles sont combinées, signifient que la Chine pourrait neutraliser ou submerger les systèmes nucléaires d’alerte précoce et de défense antimissile des États-Unis.

La perspective d’un drone à armement nucléaire est inquiétante, d’autant que la Chine est déjà un leader mondial dans un certain nombre d’autres types de systèmes dangereux sans pilote.

Les armées du monde entier utilisent des véhicules aériens sans pilote (UAV) pour effectuer une multitude d’opérations, généralement celles jugées trop « ennuyeuses, sales ou dangereuses » pour l’homme. La plupart des drones effectuent des missions de reconnaissance de routine, mais ils servent également de leurres, de relais de communication ou, dans le cadre de la guerre électronique, d’outils de brouillage.

De plus en plus, cependant, les armées s’intéressent aux drones armés, c’est-à-dire des drones capables de transporter et de lancer des armes air-sol. Les États-Unis exploitent un certain nombre de drones armés, tels que Predator ou Reaper. Ils sont équipés de munitions air-sol à guidage de précision, comme le missile Hellfire à guidage laser et sont régulièrement utilisés contre des organisations terroristes ou des insurgés.

Ces dernières années, la Chine est devenue l’un des principaux constructeurs, et exportateurs, de drones armés. Au cours des deux dernières décennies, le pays s’est lancé de manière agressive sur le marché des drones, devenant rapidement l’un des plus grands fabricants, proposant toutes sortes de produits, des drones de petite taille (tenant dans la main) aux grands drones de haute altitude – longue endurance (HALE).

La plupart d’entre eux sont des versions non armées, utilisés pour des missions de surveillance et de reconnaissance. Cependant, plus récemment, la Chine s’est lancée dans la fabrication de drones armés, avec un certain succès. Les drones chinois (également appelés véhicules aériens de combat sans pilote ou UCAV) constituent une exception remarquable par rapport aux systèmes d’armes de qualité moyenne que Pékin commercialise habituellement sur le marché mondial de l’armement, avec des résultats mitigés.

La Chine est devenue un fournisseur majeur de drones armés. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), Pékin a déjà vendu des drones armés à au moins 16 pays sur trois continents, dont l’Égypte, l’Indonésie, l’Irak, la Jordanie, le Nigeria, l’Arabie saoudite, la Serbie et les Émirats arabes unis (EAU). Nombre de ces pays sont de proches alliés des États-Unis. Le total des ventes s’élève à plus de 700 millions de dollars.

De plus, ces drones sont régulièrement utilisés au combat. En 2018, un UCAV chinois exploité au-dessus du Yémen par les forces armées des EAU a tiré un missile sur un 4×4, tuant un haut dirigeant rebelle houthi. Le Nigeria a utilisé ses drones chinois pour lutter contre l’insurrection de Boko Haram.

La Chine a jusqu’à présent exporté au moins deux types de drones armés, le C-4 Wing Loong (également appelé le Pterodactyl) et le Caihong (arc-en-ciel). Tous deux présentent une ressemblance frappante avec deux UCAV américains existants, le MQ-1B Predator et le MQ-9 Reaper. Le Wing Loong est du même gabarit que le Predator, environ 8,80 mètres de long et une envergure de 13 mètres. Il transporte cependant une charge utile beaucoup plus petite, environ 100 kg, contre 500 kg pour le Predator.

Le drone Caihong est plus ou moins un clone du MQ-9 Reaper. Il existe également une version plus grande du drone Caihong, appelée CH-5, en cours de préparation pour le marché de l’exportation. Le CH-5 a une envergure de 20 mètres et un poids au décollage d’environ 3 tonnes. Il peut transporter une charge utile maximale d’environ 900 kg, soit environ deux fois et demie plus que les UCAV précédents de la série Caihong. En outre, il a une autonomie de 60 heures, ce qui lui donne une portée de 6 400 km.

D’autres UCAV chinois, plus grands ou dotés de moteurs plus puissants pour une plus grande portée, sont également en cours de développement.

Les drones armés évoluent rapidement en secteur particulièrement rentable sur le marché mondial de l’armement. Ils devraient connaître un succès important au cours des prochaines décennies. En matière d’exportation de drones armés, la Chine dispose de plusieurs avantages par rapport à ses concurrents.

Tout d’abord, les UCAV chinois sont comparativement bon marché. Un drone Wing Loong coûte environ 1 million de dollars chacun, soit environ un quart du coût d’un Predator.

Un drone Wing Loong II de fabrication chinoise est exposé lors du salon aéronautique de Dubaï 2017, le 14 novembre 2017. (Karim Sahib/AFP via Getty Images)

Deuxièmement, la Chine applique généralement une politique de non-questionnement en matière de ventes d’armes. Pékin est prêt à exporter des drones armés à des pays auxquels d’autres pays fabricants de drones, comme les États-Unis, ne veulent pas vendre. Par exemple, Washington s’est montré réticent à transférer des drones armés à la Jordanie ou aux EAU, d’autant plus que des UCAV ont été utilisés pour tuer des milliers de personnes, dont de nombreux civils, au Yémen.

En fait, l’administration Trump n’a autorisé la vente de drones MQ-9 Reaper aux Émirats qu’en 2020, après que ces derniers ont acquis des UCAV auprès de la Chine.

Qui plus est, après leurs déploiements au Yémen et au Nigeria, la Chine est l’un des rares pays à avoir vu ses UCAV réellement utilisés au combat (« ensanglantés dans la bataille »), ce qui renforce considérablement la réputation de ces armes.

Les Chinois sont également aidés par le fait que le marché mondial des drones armés est nouveau et relativement ouvert. Cela a donné à la Chine une occasion unique de se lancer dans cette activité dès le départ.

Les UCAV chinois, même s’ils ne sont peut-être pas aussi performants ou de qualité aussi élevée que leurs concurrents, occupent donc une part de marché essentielle et lucrative. Les pays ne se hâtent pas d’acheter des avions de chasse ou des chars chinois, mais les drones armés constituent un secteur où la Chine a au moins trois avantages sur ses concurrents : elle peut offrir un produit « suffisamment bon », à un prix relativement bas, à tous ceux qui ont de l’argent.

Tous ces facteurs offrent à la Chine une très bonne opportunité pour devenir un fournisseur majeur de tous les types de drones armés. Par conséquent, les forces américaines et alliées risquent bientôt de se retrouver face à des adversaires armés d’UCAV chinois qui compliqueront d’autant les manœuvres militaires.


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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