Des archéologues à la recherche du paradis perdu de l’Éden

6 septembre 2017 13:38 Mis à jour: 6 septembre 2017 17:53

Rien n’a autant fasciné les archéologues et les théologiens que la localisation d’un paradis perdu de l’homme: le Jardin d’Éden. À travers l’histoire, l’idée d’un paradis était un thème courant dans presque toutes les anciennes cultures. Les Sumériens l’appelaient Dilmun (généralement identifié à l’île actuelle de Bahreïn). Les Grecs l’ont appelé le Jardin des Hespérides. L’idée n’était pas unique aux auteurs bibliques, bien que le Livre de la Genèse nous donne le plus de détails, bien que vagues, sur sa localisation. Qu’était l’Éden et où était-il situé ? Nous devons nous plonger dans les sources anciennes à notre disposition afin de pouvoir déchiffrer l’énigme de ce qu’est l’Éden.

La Genèse 2 :8-9 nous informe d’un jardin à l’Est, d’arbres et d’animaux abondants, où un fleuve coulait et se séparait en quatre : le Pishon, le Gihon, le Tigre et l’Euphrate. La Septante confirme les traductions du Tigre et de l’Euphrate, bien que le Pishon et le Gihon continuent de rester un mystère. L’identification des deux fleuves a conduit beaucoup de chercheurs à les chercher en Mésopotamie et plus récemment dans les régions submergées du Golfe Persique. Mais jusqu’où ces détails peuvent-ils être considérés comme crédibles ?

Il semblerait que la géographie indiquée par l’auteur ne soit pas tout à fait exacte. Par exemple, nous savons où le Tigre et l’Euphrate se rencontrent au Sud de la Mésopotamie et où les fleuves s’écoulent au Nord et au Nord-Ouest. Pour le fleuve Gihon, une lecture littérale de la Genèse 2 :13 en hébreu se traduit par : « Et le nom du second est le fleuve Gihon. Il encercle toute la terre de Kouch. » Nous lisons clairement que le Gihon s’écoulait du Golfe Persique et se séparait pour encercler Koush. Selon une source hébreu et assyrienne, Koush s’identifie à l’Éthiopie. Il s’agit bien de l’Éthiopie sur le continent africain.

Pour cette raison beaucoup ont identifié le Nil avec le Gihon, bien qu’une telle identification invaliderait la citation originale en ce qu’il se séparait aux côtés de trois autres depuis le même fleuve. Dans Rois 1:33, il est également fait mention d’une source près de Jérusalem du nom de Gihon. Le nom hébreu se traduit par « éclatant », un terme générique qui pourrait décrire à peu près tout.

En lisant plus loin dans le livre de la Genèse, nous pouvons trouver des références additionnelles à l’Éden :

Isaïe 37:12 « Est-ce que leurs dieux les ont délivrées ces nations que mes pères ont détruites Gozan, Haram, Réseph et les fils d’Eden, qui filaient à Thélasar ? »

Ézéchiel 27:23 « Charan, Canné et Éden, Les marchands de Séba, d’Assyrie, de Kilmad, trafiquaient avec toi. »

Ézéchiel 31:16 « Par le bruit de sa chute j’ai fait trembler les nations, Quand je l’ai précipité dans le séjour des morts, Avec ceux qui descendent dans la fosse; Tous les arbres d’Éden ont été consolés dans les profondeurs de la terre, Les plus beaux et les meilleurs du Liban, Tous arrosés par les eaux. »

L’expulsion du Jardin d’Éden, Thomas Cole

Cela voudrait-il dire que l’Éden existait toujours au moment où le livre d’Ézéchiel a été écrit (durant l’exil babylonien) ? Isaïe parle des enfants de l’Éden comme une nation existant toujours, tandis qu’Ézéchiel laisse suggérer que l’Éden est une ville marchande. Elle est listée avec d’autres lieux situés au Nord de la Mésopotamie, au Sud de l’Anatolie et dans le Nord du Levant. Cela voudrait-il indiquer que l’Éden est situé quelque part dans ce tracé ? En relisant Ézéchiel 31 :16, nous observons le verset confirmant que l’Éden est dans la terre du Liban, une région bien connue pour ces cèdres.

Ceci est encore confirmé lorsqu’on identifie l’étymologie correcte du nom « Éden ». Traditionnellement, les savants pensaient qu’il s’agissait d’une forme en hébreu du mot sumérien « edin » se traduisant par « steppe ». L’archéologie a pourtant montré que le mot avait une origine araméenne, une langue sémitique ayant été couramment utilisée dans le Nord de l’ancien Israël, dans l’ancien Liban et en Syrie.

Une statue découverte à Tell el Fakhariyah (un des affluents de la rivière Khabur) en Syrie en 1979 contenait une inscription bilingue. Datant approximativement de la fin du IXème siècle av. J.-C. , la statue offre le plus ancien témoignage de la langue araméenne. Écrite sur la jupe d’un homme, l’inscription bilingue était inscrite en cunéiforme assyrien et en alphabet sémitique linéaire dans un dialecte araméen. C’est ce texte bilingue qui détient la clé de la plus ancienne identification et interprétation du mot « éden ». Utilisé comme un verbe, ‘dn correspond au verbe assyrien pour « richesse ou luxuriance ». Cette traduction renforce l’idée d’un paradis derrière l’histoire de la Genèse.

Malgré cette découverte extraordinaire, les sources assyriennes fournissent plus de preuves sur la localisation de l’Éden. Les écrits assyriens ont révélé l’identification d’un État araméen ayant existé entre les Xème et IXème siècle av. J.-C. Le nom de ce royaume était Bit Adini (ou Maison de l’Éden) et sa capitale était centrée à il Barsip (aujourd’hui Telle Ahmar). Bit Adini aurait été conquis et absorbé dans l’empire Assyrien en 856 av. J.-C. , durant le règne de Salmanazar III (ayant régné entre 859 et 824 av. J.-C.). Situé en Syrie, Til Barsip se trouvait le long du fleuve Euphrate. C’est maintenant que les passages cryptiques dans Ézéchiel et Isaïe, et la localisation générale de l’Éden, se recoupent.

Carte historique des États néo-hittites (vers 800 av. J.-C.).

Le Livre d’Isaïe met en lumière le sort du peuple ayant habité l’Éden. Ainsi que le sort de nombreuses nations s’étant opposées aux Assyriens et plus tard aux Babyloniens – les conquis s’étant exilés aux confins les plus reculés de l’empire. Au début du IXème siècle av. J.-C. , une coalition araméenne a été formée pour s’opposer à la puissance assyrienne. Ashurnasirpal (ayant régné entre 889 et 859 av. J.-C. ) a réprimé cette rébellion jusqu’à ce que son fils Shalmaneser ne conquiert et n’absorbe la région.

Durant cette période, le peuple a été exilé et les citoyens assyriens se réinstallaient dans les territoires nouvellement conquis. Les Édénites, avec le peuple de Haran, Gozan et Rezeph ont été transportés à Telassar. Se traduisant par « colline assyrienne », Telassar était une ville conquise et tenue par les Assyriens. Écrit en assyrien et dans les chroniques babyloniennes comme Til-Assuri, elle a été identifiée avec Bit-Burnaki (aussi écrit comme Bit-Bunakku) en Elam, à l’Est de la Mésopotamie dans l’Iran moderne.

En quoi cela est-il lié au Jardin d’Éden dans le Livre de la Genèse ? L’auteur pense qu’il s’agit d’une histoire allégorique ; peut-être utilisée à des fins politiques. Elle aurait été inspirée par l’expansion assyrienne et les nombreux peuples exilés, qui ne sont jamais retournés à leur terre natale (i.e. l’expulsion d’Adam et d’Ève). Ce qui pourrait confirmer cette affirmation est un verset de la Genèse 3:24 :

« Et il chassa l’homme, et il mit à l’orient du jardin d’Éden les Chérubins et la flamme de l’épée tournoyante, pour garder le chemin de l’arbre de vie. »

Une peinture murale reconstitué à Til Barsib, actuel Tell Ahmar, Syrie.

Après être devenue une partie de l’empire assyien, l’ancienne capitale des Édénites Til Barsip a été « assyrianisée ». Elle a été décorée avec un art magnifique consistant en des rosettes, des processions royales, des scènes de chasse et même le lamassu. Le lamassu (aussi appelé shedu et le kuribu akkadien) était une divinité avec la tête d’un homme et le corps d’un taureau. Ils se tenaient généralement comme gardiens, souvent au palais du roi et dans la salle du trône. Ces lamassus étaient tout comme les chérubins hébreux. Étant une pièce de décoration courante dans l’art du Levant, ils étaient plus répandus dans les cultures assyriennes et babyloniennes.

Le positionnement des chérubins comme gardes du jardin pourrait être symbolique de l’influence assyrienne et de l’occupation de Til Barsip. Cela comprend un relief bien connu avec Ashurnasirpal entouré des deux côtés par l’Arbre de la Vie. Pour le jardin lui-même, l’auteur se rappelle d’articles publiés ces dernières années affirmant que les Jardins Suspendus de Babylone seraient situés au Nord de Nineveh, autrefois capitale assyrienne et ont été construit durant le règne de Sennacherib (ayant régné entre 705 et 681 av. J.-C. ). Les Assyriens aimaient apparemment leurs jardins.

Statue de lamassu datant de la période né-assyrienne. 

Sources

Brenton, Lancelot C.L. The Septuagint with Apocrypha. Peabody: Hendrickson Publishers,1986.

JPS Hebrew-English Tanakh. Philadelphia: Jewish Publication Society, 2003. [Print]

Koutoupis, Petros. Biblical Origins: An Adopted Legacy. College Station: Virtualbookworm.com P, 2008.

Millard, A. R. and P. Bordreuil. “A Statue from Syria with Assyrian and Aramaic Inscriptions.” The Biblical Archaeologist, Vol. 45, No. 3. 1982: 135-141.

Rogers, Robert W. A History of Babylonia and Assyria: Volume 2. Long Beach: Lost Arts Media, 2003.

Cet article a été republié avec l’autorisation d’Ancient-Origins.net, voir la version originale ici

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