Guerre Hamas-Israël: au moins 200 morts dans un hôpital de Gaza, Israël et Palestiniens se rejettent la responsabilité

Par Epoch Times avec AFP
18 octobre 2023 10:15 Mis à jour: 18 octobre 2023 10:17

Une explosion dont Israël et les Palestiniens se rejettent la responsabilité a fait des centaines de morts dans un hôpital de Gaza et provoqué des condamnations internationales et des manifestations à travers le monde musulman, à quelques heures de l’arrivée mercredi du président américain Joe Biden dans la région.

Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza a accusé Israël d’être à l’origine de cette frappe mardi soir, que l’armée israélienne a elle imputée à un tir de roquette du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien, onze jours après le début de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël. Le Jihad islamique a démenti et mis lui aussi en cause Israël.

Attendu en Israël, Joe Biden va « reporter » son étape prévue ensuite en Jordanie, a indiqué la Maison Blanche. M. Biden s’est dit « indigné et profondément attristé par l’explosion », dans un communiqué. La Jordanie avait auparavant annoncé l’annulation d’un sommet auquel M. Biden devait participer avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le président Abbas.

Manifestations dans le monde musulman

Le tir a suscité de nombreuses condamnations et des manifestants sont descendus dans les rues à Téhéran, Amman, Istanbul, Tunis ou encore à Beyrouth. À Ramallah, en Cisjordanie occupée, des affrontements ont éclaté mardi soir entre des manifestants appelant au départ du président palestinien Mahmoud Abbas et ses forces de sécurité.

« De 200 à 300″ personnes sont mortes », a déclaré le ministère de la Santé du territoire palestinien, selon qui « des centaines de victimes se trouvent encore dans les décombres » de l’hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza.

Des personnes inspectent les dégâts à l’hôpital Ahli Arab à Gaza, le 18 octobre 2023. (Photo DAWOOD NEMER/AFP via Getty Images)

Le Hamas parle de plus de 500 morts, et a incriminé Israël. L’armée israélienne a réfuté cette accusation, affirmant que « d’après des informations des services de renseignement (…) le Jihad islamique est responsable du tir de roquette raté ». Elle a dit plus tard dans la nuit qu’elle allait fournir les « preuves » de ses affirmations. « Mensonges », a rétorqué le Jihad islamique, qui a accusé Israël de vouloir « se dérober à la responsabilité de son crime ».

Selon ce groupe allié du Hamas, classé comme lui organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, l’hôpital avait été sommé par Israël d’évacuer sous la menace d’un bombardement, et c’est une bombe larguée par un avion de l’armée israélienne qui a causé la tragédie.

Nombreuses condamnations internationales

À la demande de la Russie et des Émirats arabes unis, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra mercredi une réunion d’urgence, et se prononcera juste avant sur une résolution portée par le Brésil pour tenter de trouver une position commune sur le conflit.

« Nous étions en train d’opérer dans l’hôpital, il y a eu une forte explosion et le plafond est tombé sur la salle d’opération. C’est un massacre », a déclaré le Dr Ghassan Abu Sittah, médecin de Médecins sans frontières, dans un communiqué de l’ONG.

Une ambulance endommagée est immobilisée à l’hôpital Ahli Arab. (Photo DAWOOD NEMER/AFP via Getty Images)

L’Église épiscopale à Jérusalem, qui gère l’hôpital, a dénoncé un « crime contre l’humanité ». Le Croissant rouge palestinien a dénoncé un « crime de guerre », qui a fait « des centaines » de victimes civiles, « dont des femmes, des enfants, des personnels de santé ».

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui doit se rendre jeudi en Égypte frontalière de la bande de Gaza pour évoquer l’aide humanitaire, s’est dit mardi soir « horrifié ». Les attaques du Hamas « ne peuvent justifier la punition collective des Palestiniens », a-t-il ajouté mercredi depuis Pékin, après avoir dénoncé « les actes terroristes commis par le Hamas le 7 octobre ». Il a appelé à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat ».

Le Hezbollah appelle à une « journée de colère »

Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a appelé à observer une « journée de colère » mercredi pour condamner le « massacre », dont il accuse Israël. Le Président iranien Ebrahim Raïssi a décrété une journée de « deuil public » mercredi et prédit que l’attaque contre l’hôpital allait se retourner contre Israël et son allié américain. Mardi, Téhéran avait menacé d’une possible « action préventive » contre Israël, qui prépare une offensive terrestre à Gaza.

Intenses négociations pour la libération des otages

« Je demande aux dirigeants du monde que ma fille nous soit rendue dans l’état où elle se trouve aujourd’hui ainsi que les autres otages », a exhorté mardi Keren Shem, la mère de Mia, une otage franco-israélienne dont une vidéo a été diffusée lundi par le Hamas.

Keren Sherf Shem tient une photo de sa fille Mia Shem, suite à la publication de nouvelles images des otages pris par le Hamas lors de leur attaque, le 17 octobre 2023 à Tel Aviv, Israël. (Photo Leon Neal/Getty Images)

D’intenses négociations impliquant plusieurs pays sont en cours pour la libération des quelque 200 otages, enlevés par le Hamas palestinien lors de son attaque en Israël et emmenés à Gaza, sous le feu israélien, alors que les familles laissent éclater leur colère et leur douleur.

Leur sort est une source d’angoisse infinie pour les familles, le Hamas ayant affirmé que plusieurs d’entre eux étaient morts, et l’armée israélienne ayant annoncé avoir localisé des cadavres d’otages lors de raids dans la bande de Gaza.

Mardi, la France, dont 21 ressortissants ont été tués et 11 ont disparu, probablement otages, a de son côté évoqué des « discussions intenses » pour leur libération. « Je veux ici me montrer très prudent (…) pour ne pas mettre en péril les discussions intenses que nous sommes en train de conduire », a déclaré le Président Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Tirana où se tient un sommet des Balkans occidentaux.

« Mais elles avancent, nous sommes heure par heure au suivi de ces discussions », a-t-il ajouté, soulignant que la France avait des « contacts, évidemment, avec les autorités israéliennes », mais aussi avec des « puissances amies intermédiaires avec le Hamas pour obtenir la libération de nos otages et de tous les otages ».

L’eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, privés aussi d’électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre au petit territoire, déjà soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Dans le sud de Gaza, où les habitants ont fui par centaines de milliers, suivant un appel à l’évacuation du nord lancé par l’armée israélienne, le point de passage de Rafah, contrôlé par l’Égypte, la seule issue de Gaza vers l’extérieur qui ne soit pas contrôlée par Israël, reste fermé. Le Caire a appelé mardi Israël à « cesser de viser les environs » du terminal pour laisser entrer l’aide humanitaire « au plus vite ».

Cette photo prise dans la ville de Sderot, au sud d’Israël, montre de la fumée s’élevant au-dessus du nord de la bande de Gaza lors d’un bombardement israélien le 18 octobre 2023. (Photo JACK GUEZ/AFP via Getty Images)

À Gaza, l’armée israélienne « commencera ses activités militaires renforcées lorsque le moment sera propice », a déclaré mardi un porte-parole. Une telle opération s’annonce périlleuse sur ce terrain très densément peuplé, alors que le nord du territoire est truffé de tunnels où le Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, cache combattants et armes.

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