Des restaurateurs ni « anti-vaccins » ni « complotistes » refusent de contrôler leurs clients

Par Emmanuelle Bourdy
3 août 2021 08:07 Mis à jour: 3 août 2021 08:07

Une dizaine de restaurateurs de la Manche publient une tribune pour dénoncer l’obligation de contrôler le passe sanitaire de leurs clients. Ils estiment en effet que ce n’est pas leur tâche.

Si le 5 août 2021 le Conseil constitutionnel donne son feu vert sur l’extension du passe sanitaire dans les restaurants, alors celui-ci sera obligatoire à compter du 9 août prochain. Les restaurants, déjà durement touchés par les fermetures successives depuis le printemps 2020, devront alors contrôler leurs clients à l’entrée de leur établissement, sans quoi, ils s’exposent à des sanctions pouvant aller jusqu’à la fermeture administrative de leur établissement.

« Nous ne sommes pas anti vaccins, nous ne sommes pas complotistes, nous sommes témoins de l’histoire, respectueux de l’État de droit dans lequel nous nous trouvons et c’est pour cela que, républicainement, respectueusement et fermement, nous ne pouvons accepter cette injonction », ont déclaré les dix restaurateurs du Cotentin dans leur tribune. Leur but est d’interpeller les services publics.

« Ce n’est pas notre métier »

« Nous ne pouvons nous substituer aux agents de la paix qui sont les seuls habilités à pouvoir contrôler les citoyens », ont encore avancé les dix restaurateurs. « On n’a déjà pas suffisamment de personnel et on demande à nos salariés d’être dédiés à une autre tâche que celle prévue dans leurs contrats. C’est très compliqué pour nous », s’irrite Christophe Iskenderian qui gère Le Baligan à Siouville-Hague, ainsi que le rapporte France 3 Normandie. Le restaurateur a d’ores et déjà sollicité l’aide des députés et sénateurs de sa circonscription.

« Notre métier c’est de rassembler et d’accompagner les gens dans un bon moment », confie encore à France 3 le restaurateur de Siouville-Hague, qui refuse de choisir ses clients et estime en outre que ces contrôles sont aux antipodes des valeurs de sa profession. « Ce qui me gêne c’est de contrôler des citoyens. Ce n’est pas notre métier de contrôler et de diviser la société en deux. Tant sur le fond que sur la forme, nous sommes réticents à cette mesure, elle est choquante parce qu’elle n’a pas été concertée », renchérit-il.

Difficile en plein service !

Ainsi que le relatait La Voix du Nord le 20 juillet dernier, Franck Trouet, porte-parole du syndicat des indépendants de l’hôtellerie-restauration, le GNI, avait indiqué : « Nous sommes prêts à mettre à disposition de nos clients les moyens matériels de scanner le QR Code attestant qu’ils sont en possession d’un passe sanitaire en règle mais en plein service, quand il y a plein d’allées et venues, nous ne sommes en pas en mesure de faire des contrôles ». Selon lui, cette tâche « appartient à la police », car légalement, « nous n’avons pas le droit de demander une pièce d’identité à nos clients », avait-il rappelé. « C’est le principe même de la responsabilité que nous contestons », avait-il encore soulevé.

« Avec cette mesure, notre métier est en tension. Un salarié qui va être à l’entrée pour contrôler les passes sanitaires va être soustrait de ces tâches principales qui est l’accompagnement des convives pendant le temps qu’ils passent dans nos restaurants », détaille le patron du restaurant Le Baligan. « Il y a aussi cette idée de diviser les gens et de générer des tensions à l’entrée de notre établissement. De mettre nos salariés dans des situations qu’ils ne pourront pas gérer », conclut-il pour France 3.

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