Noces marines pour la fiancée de la Manche

Par La Rédaction
28 novembre 2021 18:10 Mis à jour: 29 avril 2023 18:21

Sa photo s’affiche partout : Maryam, tout sourire, porte une robe parme et un bouquet de pivoines. Ses longs cheveux noirs descendent jusqu’au bas de son dos, leur chute guidée par une couronne argentée posée sur sa tête. Presque une couronne de princesse. Elle a les yeux de quelqu’un pour qui va commencer un conte de fée. Dans l’entrebâillement d’une porte, en haut d’un perron, un jeune homme en costume, la barbe taillée et les cheveux soigneusement arrangés, sourit avec fierté devant sa fiancée.

Entre cette photo d’une promesse de bonheur et la fin de cette vie, fin novembre au milieu de la Manche avec près de trente autres migrants, que s’est-il passé pour Maryam, kurde d’une vingtaine d’années ? Par des détours que nous ne connaitrons pas, elle a quitté le Nord de l’Irak où les siens ont été abandonnés par les armées occidentales et est arrivée dans la boue de Calais. Là, si elle a eu de la chance, elle a peut-être dormi quelques jours dans une tente, avant d’acheter à des passeurs, pour plusieurs milliers d’euros, le droit de se noyer à mi-chemin entre la France et l’Angleterre. Au moins vingt-sept migrants l’y ont accompagnée comme porteurs de traîne, jeteurs de riz. Son fiancé, déjà arrivé en Angleterre, tentait de suivre sa traversée en communiquant avec elle via Snapchat.

Les associations de défense des migrants, dont certains des militants sont en grève de la faim depuis des semaines dans l’indifférence générale, soufflent entre leurs dents serrées qu’ils avaient alerté qu’un drame aurait bientôt lieu. France et Royaume-Uni se rejettent la responsabilité, chacun laissant entendre que l’autre n’a pas fait assez. Boris Johnson va plus loin et reprend la manière peu diplomatique de son homologue australien : il diffuse sur Twitter sa lettre à Emmanuel Macron. Dans celle-ci, il demande au président français de reprendre à sa charge tous les migrants qui arriveraient en Angleterre. Plus, il affirme qu’Emmanuel Macron lui a promis que la présidence de l’Union Européenne par la France serait l’occasion d’arriver à un tel accord au niveau européen. Grosse colère à Paris car « ces choses ne se font pas », surtout en période électorale : laisser penser que la France pourrait jouer la police aux frontières à la place du Royaume-Uni, à la manière dont la Turquie contrôle le flot de migrants syriens à destination de l’Europe, est une insulte.

Partout donc, les appels à dénoncer les accords du Touquet se multiplient : de Jean-Luc Mélenchon à Xavier Bertrand en passant par Yannick Jadot, tous les candidats ou presque considèrent que c’est au Royaume-Uni de gérer seul ses frontières plutôt que de maintenir sur le territoire français une zone tampon pour maîtriser son immigration. Et tous pointent la « promesse non tenue » d’Emmanuel Macron de renégocier ces accords. Que ce soit pour des motifs humanitaires ou pour le contrôle des frontières, tous exploiteront bien sûr la situation à Calais lors de la campagne présidentielle, et présenteront leurs solutions pour Calais sur un mode, « moi, Président… »

Mais en même temps que d’identifier de nouvelles solutions techniques de surveillance du « channel » entre Calais et Douvres, il faudrait aussi comprendre ce qu’était le rêve de Maryam, et quel monstrueux empilement d’illusions successives l’ont fait arriver en mer du Nord sur un bateau gonflable surchargé, en plein mois de novembre.

Sur Europe 1, le cardinal guinéen Robert Sarah appelle à un autre regard: « Il y a une triple trahison. On retire des jeunes d’Afrique, des intelligences, des forces vives, qui sont arrachés de leur pays. Ensuite, on présente à ces jeunes l’Europe comme l’Eldorado, on leur dit qu’ils auront tout, alors que ce n’est pas vrai. Et enfin, on ne réagit pas contre les passeurs qui profitent de leur naïveté et les font succomber en pleine mer. Il faudrait lutter contre ce mal à la racine et présenter l’Europe comme elle est, avec ses difficultés aussi.»

«Mon idée » ajoute celui qui accepte d’être défini comme un traditionaliste, « est que chacun garde ses racines, sa richesse culturelle, historique, et le communique à ses enfants. C’est ce que nous avons tous reçu». « Le meilleur accueil que vous pouvez offrir à ces migrants c’est de développer leur pays, qu’ils restent chez eux.»

Les véritables solutions aux problèmes de migration viendront peut-être lorsque nous penserons davantage à ce qui peut réellement aider les peuples qui créent ce flot des migrants, plutôt que de raisonner sous le seul angle de notre protection individuelle ou de notre bien-pensance.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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