Éducation: elle transforme la forêt en salle de classe avec « l’école en plein air »

Par Sarita Modmesaïb
22 janvier 2023 20:29 Mis à jour: 22 janvier 2023 20:29

À Mancenans, dans le Doubs, Elise Sergent, professeure des écoles, initie depuis 4 ans ses élèves à « l’école du dehors », pratiquant les cours en forêt.

« Éloignement de la nature », « syndrome du manque de nature »… Nombreuses sont les études scientifiques qui démontrent les bienfaits d’un rapprochement à la nature, alors que nous nous en éloignons toujours davantage. Écrans et technologies enferment bien souvent les individus entre quatre murs, et souvent trop tôt…

Aussi, depuis 1952 au Danemark et plus largement dans les pays scandinaves, les écoles s’étendent à la nature. Dans ces environnements où la nature se fait parfois rude, les classes évoluent au-dehors, qu’il pleuve, neige ou vente.

Au Danemark, on les nomme « skovbørnehave », c’est-à-dire « jardin d’enfants de la forêt » et en Suède, on l’appelle l’école sous la « tempête de neige et pluie battante »,  » Ur I och Skur », rapporte ainsi France3 Bourgogne Franche-Comté.

La forêt, un laboratoire d’apprentissages

En France, l’initiative est encore balbutiante. Dans le Doubs, à Mancenans, petit village de quelque 300 habitants niché entre deux collines verdoyantes, Elise Sergent emmène régulièrement ses élèves dans la forêt voisine pour y faire classe.

Si, au début, les autres membres de la communauté éducative, parents et rectorat, ont exprimé des doutes, ceux-ci se sont peu à peu estompés.

Avec l’aide de l’éducatrice nature Aurore Blanquet, la professeure de l’école communale emmène ses élèves de CE2-CM1-CM2 étudier les maths, les français ou les sciences en forêt.

« L’école, elle est souvent trop collective. On ne peut pas vivre à 24 les uns sur les autres, tout le temps ensemble, toute la journée, pendant 6 heures, assis sur sa chaise sans bouger, » explique Elise Sergent sur France3 Bourgogne Franche-Comté.

Elle explique ainsi la pratique de la numération en forêt, lieu de vie où les cinq sens sont sollicités. Associer le dénombrement au toucher, c’est ainsi possible en utilisant les feuilles des arbres comme outils. Après avoir convenu qu’une feuille d’érable symbolise une unité, une feuille de hêtre une dizaine et celle de chêne une centaine, les enfants peuvent ainsi former des groupes exprimant le nombre. 235 correspondra ainsi à 2 feuilles d’érables, 3 feuilles de hêtre et 5 feuilles de chêne, avec, en prime, le plaisir de chercher ces feuilles en forêt et ainsi de les identifier rapidement, favorisant aussi une meilleure connaissance des essences de la forêt.

Le bien-être et l’empathie au cœur des apprentissages

Si cette enseignante a souhaité renouer avec la nature, c’est qu’elle estime que le bien-être est au cœur de ces apprentissages en forêt.

Elle s’est référé entre autres, à l’ouvrage de « L’école à ciel ouvert » de Sarah Wauquiez, enseignante et psychologue suisse, qui a commencé à travailler avec des enfants de 3 à 5 ans en extérieur dès 1998. Le livre propose ainsi 200 activités concrètes mettant en scène des apprentissages conformes aux programmes scolaires. Sur le site suisse Silviva.ch, des formations ainsi que des témoignages sont disponibles, démontrant que ces enseignements sont non seulement de plus en plus pratiqués, mais aussi très bénéfiques au développement des enfants.

Sarah Wauquiez accompagne ainsi de nombreuses écoles afin de bénéficier de son expérience.

« On le voit aussi dehors, ils développent de l’empathie pour le vivant », souligne Aurore Blanquet. « Les arbres, les plantes, les animaux, même la terre. Quand on est dans notre coin forêt, ils ramènent les déchets parce que c’est chez eux. Ils ne vont pas laisser des poubelles partout. C’est naturel, ça se fait tout seul. » 

 

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