Émeutes: sur Snapchat ou TikTok les cyberenquêteurs traquent les violences

Par Epoch Times avec AFP
7 juillet 2023 12:49 Mis à jour: 7 juillet 2023 12:51

« On brûle tout dans le 57 », « mortier74 » : depuis les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, les cyberenquêteurs fouillent Snapchat, TikTok et autres réseaux sociaux pour identifier revendeurs d’engins pyrotechniques ou auteurs d’appels aux violences, une tâche titanesque.

Jeudi 29 juin, la France vient de connaître une deuxième nuit d’émeutes, après la mort du jeune Nahel, tué à Nanterre par le tir d’un policier. Alors que les forces de l’ordre sont déployées en nombre dans la rue, les cyberenquêteurs se mettent aussi en ordre de marche derrière leurs écrans.

Une cinquantaine de gendarmes et une douzaine de réservistes sont mobilisés par le Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend). Le but de cette cellule toujours active : « anticiper les appels à commettre des exactions » puis « capturer des preuves numériques » pour identifier leurs auteurs.

« Dans le week-end, un peu plus de 50 projets délictueux » ont ainsi été repérés par les gendarmes, explique à l’AFP le général Marc Boget, le patron du ComCyberGend.

Deux hommes sont par exemple arrêtés le 1er juillet à Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), au lendemain d’un appel lancé sur Snapchat à « commettre des exactions contre les bâtiments publics et patrouilles de gendarmerie », détaille le général.

Lors de perquisitions, des « tutos expliquant comment confectionner un cocktail Molotov », plusieurs téléphones et un bidon d’essence sont saisis.

Les deux suspects ont reconnu les faits et ont été condamnés à cinq et six mois d’emprisonnement avec sursis, ainsi qu’à une interdiction de port d’arme de cinq ans.

« On brûle tout dans le 57 », « appel à la guérilla » : en Moselle, des vidéos diffusées sur TikTok aboutissent à la géolocalisation et à l’arrestation d’un jeune de 16 ans qui postait ce type de messages sur plusieurs réseaux sociaux.

La responsabilité des ravitailleurs

Certains sont aussi mis en cause pour avoir « ravitaillé » des émeutiers en engins pyrotechniques, très utilisés lors des émeutes qui ont touché de nombreuses villes de France.

Mardi, à Cluses (Haute-Savoie), un homme qui revendait des mortiers d’artifice via les réseaux sociaux a été interpellé, après une enquête de l’Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC) de la police judiciaire.

Le profil des mis en cause est souvent le même qu’une majorité des émeutiers : des mineurs ou jeunes majeurs, pas connus de la justice, ou pour des faits de peu de gravité. Il y a « d’un côté des très jeunes, entraînés par une dynamique de groupe, et d’autres, un peu plus intelligents, qui en ont profité pour se faire du pognon », ajoute le général Boget.

Depuis dimanche et l’amorce d’un retour au calme, les cyberenquêteurs se concentrent sur la « partie investigation » et « entre 20 et 50 personnes » devraient être prochainement arrêtées, selon le ComCyberGend.

Haine et violence, des contenus retirés

Durant le week-end, « plus de 550 demandes de retraits » de contenus illicites, notamment des appels à la haine ou à la violence, ont été adressés aux modérateurs des réseaux sociaux. « On arrivait dans la demi-heure à faire enlever » des vidéos qui relayaient des exactions, assure Marc Boget.

Pharos, la plateforme de signalement rattachée à la police judiciaire, a de son côté notifié aux différents réseaux 236 demandes de retrait de contenus.

Des « supers » chiffres au vu des effectifs de police et gendarmerie impliqués, mais « ridicules » au regard de « l’immensité » du nombre de vidéos postées lors des nuits d’émeutes, juge Baptiste Robert, chercheur en cybersécurité et fondateur de Predicta Lab.

« Aujourd’hui, il n’existe pas de solutions techniques, d’outils automatisés, qui permettent une modération saine et efficace des contenus », poursuit le chercheur.

« Ce qui compte, c’est le symbole », complète Leïla Mörch, spécialiste de la gouvernance d’internet et de la modération des contenus. « Même si elles sont minoritaires », ces enquêtes « montrent qu’un cadre réglementaire se construit, que l’État se saisit de ces questions, malheureusement de manière encore trop parcellaire ».

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