Équateur: 57 gardiens de prison et policiers pris en otage

Par Epoch Times avec AFP
1 septembre 2023 09:55 Mis à jour: 1 septembre 2023 10:02

Des détenus ont pris en otage 57 gardiens et policiers dans six prisons en Équateur, en représailles contre de récents transferts de détenus et contre des interventions des forces de sécurité dans les établissements pénitentiaires du pays, ont annoncé jeudi les autorités.

Quelques heures plus tôt, dans la nuit de mercredi à jeudi, deux véhicules piégés avaient explosé devant des bâtiments de l’administration pénitentiaire à Quito, un début de mutinerie avait éclaté dans une prison pour adolescents, et les forces de l’ordre avaient désactivé trois grenades prêtes à exploser dans un autre quartier de la capitale.

« Ça n’a pas été une journée facile », a euphémisé le maire de la capitale de trois millions d’habitants, Pabel Muñoz, s’engageant à « travailler sur tous les fronts pour que la paix et la tranquillité continuent de régner ».

Des policiers inspectent l’épave d’une voiture brûlée devant le siège de l’agence chargée de la gestion des prisons (SNAI) le 31 août 2023 à Quito. (Photo RODRIGO BUENDIA/AFP via Getty Images)

Vague de violences liée au crime organisé et au narcotrafic

Autrefois considéré comme un îlot de paix en Amérique latine, l’Équateur, situé entre la Colombie et le Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, est frappé depuis plusieurs mois par une vague de violences sans précédent liée au crime organisé et au narcotrafic.

Une grande partie de ces violences se déroule dans les prisons, dont de puissantes bandes criminelles se disputent le contrôle et que le gouvernement tente de reprendre en main. Quelque 430 détenus sont morts en Équateur depuis 2021, le plus souvent dans des affrontements entre gangs de narcotrafiquants.

Selon les services pénitentiaires équatoriens (SNAI), sept policiers et cinquante gardiens de prison « sont détenus dans six centres de privation de liberté ». Le SNAI n’a fourni aucun détail sur ces incidents. Le ministre de l’Intérieur, Juan Zapata, avait déclaré plus tôt que tous les gardiens étaient pris en otage dans la prison de Cuenca (sud-ouest), où les détenus protestent depuis mercredi contre les opérations de maintien de l’ordre dans les prisons.

« Nous sommes inquiets pour la sécurité de nos agents », a déclaré M. Zapata lors d’une conférence de presse à Quito. La prise d’otages « serait une réponse des groupes criminels après les interventions de la force publique dans les centres pénitentiaires du pays, dont le but est la découverte d’objets interdits qui sont utilisés pendant les violences », a estimé le SNAI.

État d’urgence dans tout le système pénitentiaire

Mercredi, des centaines de soldats et de policiers avaient mené une opération de recherches d’armes, de munitions et d’explosifs dans une prison de Latacunga (sud), l’une des plus importantes du pays et le théâtre de fréquents affrontements mortels entre prisonniers. Par ailleurs, six personnes incarcérées pour l’assassinat le 9 août du candidat à la présidentielle Fernando Villavicencio avaient été transférées dans d’autres prisons, a indiqué le ministre de la Sécurité, Wagner Bravo.

Le 24 juillet, le président sortant Guillermo Lasso avait décrété l’état d’urgence dans tout le système pénitentiaire du pays pendant 60 jours, une mesure qui permet notamment à l’État d’envoyer l’armée dans les prisons.

(Photo RODRIGO BUENDIA/AFP via Getty Images)

La prise d’otages est intervenue après l’explosion d’une camionnette et d’une voiture piégées, à quelques heures d’intervalle, devant des bâtiments appartenant à l’administration pénitentiaire à Quito, sans faire de victime.

« Pour empêcher que les forces armées et la police continuent à assurer leur rôle »

Selon le directeur des enquêtes antidrogue de la police, le général Pablo Ramirez, les véhicules contenaient des « cylindres de gaz avec du carburant, une mèche lente et apparemment des bâtons de dynamite ». Trois grenades ont par ailleurs été détruites par les démineurs dans un autre quartier de Quito. Douze personnes, dont une de nationalité colombienne, ont été arrêtées pour les faits survenus dans la capitale, selon les autorités. « Ils veulent intimider l’État pour empêcher que les forces armées et la police continuent à assurer leur rôle et le contrôle des prisons », a déclaré Wagner Bravo sur une radio locale.

Vue de la fumée provenant d’une salle du Centre de détention Virgilio Guerrero pour adolescents délinquants, le 31 août 2023. (Photo RODRIGO BUENDIA/AFP via Getty Images)

Jeudi, une tentative de mutinerie a par ailleurs eu lieu dans un centre de détention pour adolescents de Quito. Plusieurs prisonniers ont mis le feu à leurs matelas, et l’incendie a fait quatre blessés légers, selon les pompiers.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.