Inflation alimentaire: gouvernement et distributeurs font monter la pression sur les industriels

Par Epoch Times avec AFP
12 mai 2023 09:45 Mis à jour: 12 mai 2023 09:59

Avec le soutien de la grande distribution reçue à Bercy, le gouvernement a redemandé jeudi aux industriels de l’agro-alimentaire de participer à l’effort collectif pour limiter la hausse des prix, ce à quoi ces derniers ont répondu qu’ils n’étaient pas « des profiteurs ».

« Aujourd’hui, ce sont les grands industriels de l’agro-alimentaire qui font les marges, donc il faut qu’ils participent », a déclaré à la presse le ministre de l’Économie en marge d’une visite en Essonne dans la matinée.

Bruno Le Maire a appelé à une réouverture des négociations commerciales entre industriels et distributeurs, « au moment où les prix de gros baissent ». Lors de cette réunion, les poids lourds de la grande distribution ont « demandé collectivement au gouvernement de prendre des mesures concrètes pour pousser à la table des négociations les industriels », a déclaré à l’AFP Dominique Schelcher, le PDG de Système U.

« Si jamais les industriels de l’agro-alimentaire refusent de rentrer dans cette négociation, ce qu’évidemment je ne peux pas imaginer, nous emploierons tous les instruments à notre disposition, y compris l’instrument fiscal, pour récupérer des marges qui seraient des marges indues faites sur le dos des consommateurs », a averti M. Le Maire.

« Dans tous les contrats des clauses de révision automatique »

Une vision de la situation rejetée par le président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) : « Non, il n’y a pas de profiteurs », s’est offusqué sur RTL jeudi matin Jean-Philippe André, ajoutant que « l’inflation, c’est mauvais pour (les industriels) » également. « Nous avons dans tous les contrats des clauses de révision automatique à la hausse ou à la baisse s’il y a des variations sur les matières premières », a-t-il rappelé.

Le nouveau président du syndicat agricole majoritaire FNSEA, Arnaud Rousseau, a regretté jeudi lors d’une conférence de presse une forme de « surenchère » alimentée par le ministre de l’Économie et les distributeurs. Cela risque, selon lui, de relancer « une guerre des prix » bas, qui pénaliserait le revenu des agriculteurs et la pérennité des exploitations.

Outre les demandes formulées auprès des industriels, M. Le Maire a également souhaité que les distributeurs prolongent au-delà du 15 juin le « trimestre anti-inflation » qu’il qualifie de « succès ». Cette opération a permis selon le ministre « à des millions de (Français) d’avoir accès à des produits alimentaires dont les prix ont baissé de 13% au cours des dernières semaines ».

« Prolongation des opérations anti-inflation »

« Les distributeurs présents (à la réunion) ont globalement donné leur accord à la prolongation des opérations anti-inflation » et « beaucoup vont aller dans ce sens-là », a assuré à l’AFP Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).

Le PDG de Système U a annoncé qu’il prolongeait le trimestre anti-inflation « jusqu’à la fin de l’année ». Le patron d’Intermarché Thierry Cotillard avait déclaré en amont de la réunion qu’il conditionnerait sa prolongation à la réouverture des négociations commerciales, tout en dévoilant sur France Info que l’opération allait se poursuivre quoi qu’il advienne sur certains produits. Une réunion avec les industriels est prévue à une date qui reste à définir, avait indiqué le ministère de l’Économie la semaine dernière.

Le coût de certaines matières premières baisse depuis quelques mois, sans que cela ne se traduise nécessairement par une diminution des prix dans les supermarchés. « On voit que le marché se retourne, j’ai des chiffres très précis : on a le beurre qui est à -60%, on a le fret maritime qui est à -80% donc on aimerait pouvoir répercuter (cette baisse) » sur les prix en rayon, a expliqué M. Cotillard. Le courrier que les distributeurs ont envoyé aux industriels pour « obtenir des baisses de tarifs » est resté lettre morte, s’est-il désolé.

Les dernières négociations commerciales se sont achevées au 1er mars et ont abouti à une hausse moyenne d’environ 10% des prix payés par les supermarchés à leurs fournisseurs industriels. Toujours selon M. Cotillard, l’inflation alimentaire risque de connaître « un pic à 17% » sur un an fin juin : « Soit on est en capacité d’obtenir des industriels des baisses de leurs tarifs (…) soit il ne se passe rien et l’inflation reste à 17% », a alerté le patron d’Intermarché.

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