La Chine nomme son nouveau chef des affaires religieuses, l’ancien directeur admet le rôle trompeur du bureau

Par Mary Hong
19 juin 2022 23:01 Mis à jour: 19 juin 2022 23:01

Cui Maohu a été nommé le 7 juin pour succéder à Wang Zuoan, qui était le chef des affaires religieuses depuis septembre 2009. Wang Zuoan occupait auparavant le poste de directeur adjoint sous la direction de l’ancien chef Ye Xiaowen, qui a dirigé le bureau de mars 1998 à septembre 2009.

M. Ye et M. Wang ont orchestré différentes persécutions brutales contre de nombreux groupes religieux en Chine. De ce fait, ils ont tous deux fait l’objet d’enquêtes de la part de la communauté internationale.

Ye Xiaowen (2e à dr.), alors directeur des affaires religieuses du Parti communiste chinois, lors de la cérémonie de clôture du Forum mondial des religions à Taipei le 1er avril 2009. (You-Hao Chin/Epoch Times)

Bien que Cui Maohu soit considéré comme très au fait des méthodes du Parti communiste chinois (PCC), car il a à son actif la gestion de certaines questions religieuses et d’autres relatives au Tibet en tant qu’ancien vice-gouverneur du Yunnan (où vivent de nombreux Tibétains), son curriculum vitae se démarque de ceux de ses prédécesseurs. Le nouveau directeur n’a aucun lien avec le Département du travail du Front uni (UFWD), contrairement à ceux qui l’ont précédé.

L’UFWD fait des efforts particuliers pour assurer l’influence du Parti sur les affaires religieuses, ethniques et étrangères et les Tibétains sont un des groupes ciblés par ses activités.

Par le biais de l’UFWD, le PCC s’efforce d’étendre la sphère d’influence de ses idéologies socialistes en entretenant un réseau mondial de capture d’élite. Grâce à ce réseau, il parvient à noyauter la société chinoise efficacement, ainsi que la communauté internationale.

On ne sait pas encore quelle sera l’approche de M. Cui pour surveiller la religion. On sait simplement qu’il restera fidèle à l’idéologie antireligieuse du Parti.

Éliminer toutes les croyances

Résident à Toronto, He Lizhi, autrefois ingénieur civil à Pékin, s’est souvenu d’une vidéo visionnée lors d’une séance de lavage de cerveau alors qu’il était en détention en Chine en tant que pratiquant de Falun Gong.

Le Falun Gong est une discipline spirituelle qui promeut le dépassement de soi. Elle est ancrée dans la culture chinoise et les traditions bouddhistes. Le Falun Gong enseigne aux pratiquants à vivre selon les trois principes universels que sont la vérité, la compassion et la tolérance. Depuis 1999, le PCC persécute le Falun Gong, poursuivant ainsi son œuvre d’éradication des traditions religieuses.

La vidéo montre Ye Xiaowen, alors chef des affaires religieuses, révélant les intentions du PCC à l’égard des groupes spirituels, à savoir : « La destruction des religions, non seulement en Chine mais dans le monde entier, et l’élimination de la notion de Dieu dans l’esprit des gens. »

Ces commentaires étaient formulés dans le cadre d’une « conférence théorique » durant laquelle Ye Xiaowen s’exprimait devant les hauts responsables du Parti. Il exposait les arguments du régime et tentait de persuader son auditoire que « l’éradication du Falun Gong est ce que le Parti doit faire pour atteindre son but ultime ».

M. He se souvient : « Selon Xiaowen, la raison pour laquelle le régime chinois maintenait encore la liberté de religion dans sa Constitution avait une finalité stratégique, temporaire et ‘trompeuse’, … cela permettait d’aliéner les jeunes générations de leurs parents grâce à une éducation athée… et finalement d’éradiquer toutes croyances. »

Depuis longtemps, des voix s’élèvent dans la communauté internationale dénonçant le fait que le PCC refuse au peuple chinois sa liberté religieuse. Le régime, tout en commettant diverses violations des droits de l’homme, nie continuellement ce type d’accusations sur la scène internationale et ce, malgré les dizaines de milliers de témoignages.

Selon un rapport de 2019 de Thomas F. Farr, le président de l’ONG Religious Freedom Institute (RFI) basée à Washington, le directeur Ye a assuré devant le Congrès en 2002 que « la liberté religieuse n’est pas mise en péril en Chine » sous la gouvernance du PCC et que « les parents sont, en réalité, libres de transmettre leur religion à leurs enfants. »

M. Farr a écrit : « Il y a une demi-vérité dans l’assurance de Xiaowen : les parents peuvent instruire leurs enfants discrètement, mais les conséquences encourues s’ils sont surpris en train de transmettre l’enseignement catholique sur des questions telles que la liberté religieuse pour tous, par exemple, ou l’égale dignité des personnes créées à l’image et à la ressemblance de Dieu, ou les méfaits de l’avortement, sont terribles. »

Mission politique du Bureau : « Sinisation des religions »

En 2015, le Bureau des affaires religieuses a été chargé d’opérer une « sinisation des religions », ce qui, selon les explications du chef du Parti Xi Jinping, signifie : « Maintenir le principe du développement des religions dans le contexte chinois, et fournir un accompagnement continu pour que les religions s’adaptent à la société socialiste. »

Selon Cai Xia, un initié du Parti, autrefois professeur à l’École centrale du Parti à Pékin, dans un message sur Twitter, la « sinisation des religions » a permis au PCC de placer des chefs religieux chinois « dans son dispositif de propagande pour qu’ils participent à l’endoctrinement et au contrôle de la populace – [qu’elle soit] bouddhiste, taoïste, catholique, chrétienne ou musulmane ».

En ce qui concerne le système de croyance du Falun Gong, qui puise ses origines en Chine, le PCC pensait avoir une cible facile à éliminer étant donné que personne en dehors de la Chine n’en avait entendu parler ni n’en avait une compréhension claire. Cependant, malgré une campagne d’éradication brutale, les pratiquants de Falun Gong en Chine ont résisté et n’ont pas abandonné leurs croyances.

Des pratiquants de Falun Gong se recueillent pour commémorer les vies sacrifiées et les 20 ans de persécution perpétrée par le régime communiste chinois, à Sydney, en Australie, le 19 juillet 2019. (Epoch Times)

L’ancien directeur Ye et le directeur adjoint Wang sont toujours accusés d’avoir incité, instigué, conspiré, ordonné, planifié, aidé et encouragé la torture, le génocide et d’autres violations des droits de l’homme commises à l’encontre des pratiquants de Falun Gong.

Lors d’une visite aux États-Unis le 5 juin 2006, chacun de ces hommes a été assigné à comparaître devant un tribunal américain pour rendre des comptes sur cette question extrêmement grave.

Haizhong Ning et Melanie Sun ont contribué à cet article.

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