L’écart entre Taïwan et la Chine

11 septembre 2017 11:08 Mis à jour: 11 septembre 2017 13:47

Un militant pro-démocratie taïwanais a reconnu lundi devant un tribunal chinois les charges de « subversion », au cours d’un procès vivement dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme et source de vives tensions entre Pékin et Taipei.

Mis en cause pour ses articles défendant la démocratie et critiquant le Parti communiste chinois, Lee Ming-cheh est apparu avec un co-accusé chinois, Peng Yuhua, devant une Cour intermédiaire de la province de Hunan (centre), selon une vidéo diffusée sur le compte de microblogs du tribunal.

On y voit M. Lee, les cheveux coupés ras, reconnaître les charges de « subversion contre le pouvoir de L’État » énoncées à son encontre, reconnaissant avoir écrit et propagé les articles incriminés.

« La télé (chinoise) que je regarde dans ma prison m’a permis de comprendre mieux la Chine », a-t-il ajouté, avant de conclure sur un ton contrit: « Je sais que je violais la loi chinoise (…) J’exprime ma culpabilité et mes regrets ».

Cet employé d’une ONG de défense des droits de l’homme avait été arrêté en mars durant un voyage en Chine continentale, laissant ses proches sans nouvelles pendant de longs mois.

Les autorités chinoises avaient finalement confirmé l’avoir placé en détention, le soupçonnant d’avoir « mis en danger la sécurité nationale ».

M. Lee indiqué lundi au procureur avoir rédigé les articles incriminés à l’attention de Peng Yuhua, dont il avait fait connaissance en ligne et qu’il avait rencontré plusieurs fois en Chine.

Le procès s’est terminé lundi après-midi, sans que soit communiquée la date attendue du verdict.

Le cas de M. Lee a avivé les tensions entre la Chine et Taïwan, une île de facto indépendante et gouvernée séparément du continent depuis 1949, mais dont Pékin revendique toujours la souveraineté.

Le gouvernement chinois a ainsi refusé à de nombreuses reprises de livrer à Taipei des détails sur la situation du détenu et les faits qui lui étaient reprochés.

Taipei demeure « extrêmement préoccupé », notamment en ce qui concerne la santé de M. Lee et « le respect de ses droits légitimes », a insisté lundi Alex Huang, porte-parole de la présidence taïwanaise.

« La ligne du gouvernement est de garantir sa sécurité et de déployer tous les efforts possibles pour le ramener sauf chez lui, au nom de la préservation de la dignité de notre nation », a-t-il martelé.

Des soutiens de M. Lee se sont par ailleurs rassemblés à l’extérieur du tribunal, dans la ville de Yueyang, selon des clichés diffusés sur les réseaux sociaux.

Son épouse Lee Ching-yu et sa mère étaient arrivées dimanche dans le Hunan pour assister au procès. À sa sortie de l’audience, Mme Lee a exhibé le tatouage de ses avant-bras, constitué des caractères: « Je suis fière de toi, Lee Ming-cheh! », selon des images de la télévision taïwanaise.

« J’ai assisté aujourd’hui à ce grand spectacle politique, découvrant de mes yeux l’écart entre les valeurs phare de Taïwan et celles de la Chine », a ajouté Mme Lee dans un communiqué diffusé peu après.

Selon l’ONG Amnesty International, Lee Ming-cheh soutenait de longue date en Chine continentale des militants et associations issues de la société civile.

« Il partageait (sur internet) les expériences démocratiques taïwanaises » avec ses contact chinois, et leur envoyait régulièrement des livres, précise la Taiwan Association for Human Rights.

Pour Patrick Poon, chercheur d’Amnesty International, le langage utilisé lundi par les deux co-accusés pour « avouer » leurs crimes « ressemble beaucoup au propre vocabulaire du gouvernement chinois ».

« C’est une parodie de procès », a-t-il estimé. « C’est tout à fait impossible que ce procès soit équitable selon les standards internationaux ».

Frances Eve, chercheuse pour l’ONG Chinese Human Rights Defenders, fustige elle « la fausse transparence » du procès.

« Il a été gardé prisonnier au secret pendant des mois, et avait +fait ses aveux+ avant même le procès, selon la presse d’État chinoise », a-t-elle indiqué à l’AFP, estimant probable que ses « aveux » ont pu « lui être extorqués sous la torture ».

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