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L’économiste Bruno Colmant croit au retour du concept de monnaie fondante

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Bruno Colmant, alors CEO adjoint de Fortis, Kurt De Schepper, Chief Risk Officer de Fortis (à gauche), Bart De Smet, Chief Executive Officer (CEO) de Fortis Holding (au centre) à l'occasion d'une conférence de presse le 10 mars 2010 à Bruxelles.

Photo: YORICK JANSENS/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Pour l’universitaire belge et auteur de l’ouvrage La Monnaie fondante : la plus stupéfiante des révolutions financières, le concept de monnaie fondante pourrait réapparaître très prochainement. Malgré l’ancienneté et les limites de cette théorie, le membre de l’académie royale de Belgique pense qu’elle pourrait revenir grâce au contexte économique et monétaire européen et à l’arrivée de l’euro digital.
La monnaie fondante, un concept datant de 1916
Dans son dernier livre paru en 2022, Bruno Colmant reprend le concept de monnaie fondante. Ce dernier a été imaginé par un théoricien monétaire belgo-allemand longtemps oublié, Silvio Gesell (1862-1930) qui la présente dans son ouvrage phare paru en 1916 L’Ordre économique naturel. Cette théorie consiste en la mise en circulation d’une monnaie qui perd progressivement sa valeur et qui se déprécie notamment à intervalle fixe.
Opposé à la thésaurisation, c’est-à-dire la détention improductive de valeurs (monnaie, billets, œuvres d’art, etc.), Gesell pense qu’en donnant une « date de péremption » à la monnaie et en la dépréciant à intervalles fixes, on force la circulation de cette monnaie et son utilisation dans l’économie. Toujours selon le théoricien, la monnaie « rouille » si elle n’est pas utilisée. Pour pénaliser la thésaurisation, il prône une perte de la valeur des sommes thésaurisées de 0,1 % par semaine, soit 5,2 % par an. La mise en pratique de ce concept sera la « monnaie estampillée », signifiant le tamponnage régulier des billets de banque de chacun à la poste, des billets recevant une valeur revue à la baisse selon la durée de sa détention.
Une théorie limitée mais renforcée par un contexte économique et monétaire européen favorable
Bruno Colmant reconnaît que la théorie de Gesell n’est pas parfaite. Elle ne marche que dans le cas d’une économie fermée. Le concept de monnaie fondante implique aussi que la monnaie soit le seul transmetteur de paiement.
Pourtant, l’économiste belge pense que la situation économique et monétaire actuelle au sein de l’Union européenne nous rapproche du concept de monnaie fondante de Gesell. D’une part, l’économiste constate que l’épargne européenne n’est plus rémunérée, et qu’elle est rongée par une inflation de plus de 5 %, correspondant à la perte de valeur préconisaée par Gesell dans L’Ordre économique naturel. D’autre part, Bruno Colmant pense que cette théorie de 1916 a des chances de revoir le jour avec l’arrivée des monnaies digitales. Il croit que tout va se jouer autour de ces nouvelles monnaies émises par les banques centrales modernisées (Central bank digital currencies, CBDC) ou monnaies numériques de banques centrales (MNBC) en français.
Il imagine ainsi un euro digital fonctionnant selon la théorie de monnaie fondante. Une fonte plus rapide pour des achats de biens et services néfastes pour la santé, et plus lente ou nulle pour des biens ou services contribuant à l’intérêt général. Une fonte variant selon l’utilisation de la monnaie et qui serait assez semblable au crédit social chinois, dans lequel les citoyens sont notés et récompensés ou pénalisés selon leur attitude. Elle prendrait également la forme d’un impôt émanant de la fiscalité environnementale.