Les protestations se poursuivent à Hong Kong après la publication détaillée de la loi sur la sécurité nationale proposée par le PCC

Par Frank Fang
23 mai 2020 16:06 Mis à jour: 28 mai 2020 19:10

Pékin a clairement fait savoir qu’il entendait contourner la législation de Hong Kong pour imposer une nouvelle loi draconienne de « sécurité nationale » dans la ville, qui va détruire les libertés fondamentales des Hongkongais, comme l’ont clamé certains critiques.

Le 22 mai, Wang Chen, vice-président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN) de la République populaire de Chine (RPC), le corps législatif chinois qui approuve la loi sur la sécurité nationale, a déclaré que la loi sur la sécurité nationale était nécessaire dans la mesure où Hong Kong est confrontée à des « risques de sécurité nationale » toujours plus importants et où le modèle « un pays, deux systèmes » de la ville est « sérieusement remis en question ». Il est également devenu évident au fil des ans qu’un projet de loi sur la « sécurité nationale » tel que l’article 23 ne serait pas adopté par la législation de Hong Kong.

L’article 23, un projet de loi anti-subversion, a été proposé pour la première fois au conseil législatif de Hong Kong en 2003. Mais il a dû être abandonné lorsque un demi-million de Hongkongais sont descendus dans la rue pour protester, estimant qu’une telle loi menacerait l’autonomie de la ville et leurs libertés fondamentales de réunion, de croyance et d’expression, que le gouvernement central de Pékin considère comme un danger.

Des manifestants défilent lors d’une manifestation contre l’article 23 et les interdictions sur la liberté d’association à Hong Kong le 21 juillet 2018. (VIVEK PRAKASH/AFP via Getty Images)

Depuis lors, les législateurs pro-Pékin de Hong Kong ont demandé à plusieurs reprises la réintroduction de ce projet de loi, en particulier depuis que le sentiment anti-PCC (Parti communiste chinois) s’est renforcé en juin de l’année dernière avec le projet de loi d’extradition du gouvernement Carrie Lam. Ce projet de loi a également été abandonné lorsque des millions d’habitants de Hong Kong ont protesté contre ce qu’ils considéraient comme l’influence politique croissante de Pékin dans les affaires de la ville.

Le projet du PCC relatif à la manière d’établir un système juridique et un mécanisme d’application compatibles « pour sauvegarder la sécurité nationale dans la Région administrative spéciale de Hong Kong » a également été révélé.

Carrie Lam (à droite), chef de l’exécutif de Hong Kong, et Ho Iat Seng (à gauche), chef de l’exécutif de Macao, assistent à la séance d’ouverture du Congrès national du peuple (CNP) dans le Grand Hall du peuple à Pékin le 22 mai 2020. (LEO RAMIREZ/AFP via Getty Images)

Le projet stipule que le comité permanent du NPC sera habilité à rédiger des lois connexes pour prévenir et punir toute activité liée à la sécession, à la subversion du pouvoir de l’État, au terrorisme et à l’ingérence étrangère contre le gouvernement de la RPC.

Pékin a accusé à plusieurs reprises les gouvernements occidentaux d’ « alimenter » les protestations à Hong Kong et de « s’ingérer dans ses affaires intérieures » en invoquant le principe « un pays, deux systèmes ».

La RPC est connue pour accuser les dissidents de « subversion du pouvoir de l’État » pour les réduire au silence sur le continent et à Macao, qui a adopté la loi controversée de l’article 23 en 2009.

Le projet demandait également à Pékin de créer une nouvelle institution à Hong Kong pour « sauvegarder la sécurité nationale ».

La loi sur la sécurité nationale sera ajoutée à l’annexe III de la Loi fondamentale, la mini-constitution de Hong Kong, ce qui signifie que la loi sera mise en œuvre sans passer par le processus législatif du Conseil législatif de Hong Kong (LegCo).

L’article 18 de la Loi fondamentale stipule que « les lois nationales ne sont pas appliquées dans la Région administrative spéciale de Hong Kong, à l’exception de celles qui sont énumérées à l’annexe III de la présente loi ».

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Ces lois peuvent être appliquées une fois que le chef de l’exécutif de la ville a publié un avis juridique dans le journal officiel, ouvrant ainsi la voie à une application intégrale des lois.

M. Wang a ajouté que le comité permanent du NPC examinera un rapport du Conseil d’État portant sur les modalités à appliquer pour « sauvegarder la sécurité nationale » à Hong Kong.

Opposition

Le législateur pro-démocratie Eddie Chu s’est rendu sur sa page Facebook pour critiquer le projet de loi de la RPC, soulignant les risques auxquels les Hongkongais seront confrontés si Pékin réussit à établir une institution « du gouvernement central » pour faire respecter les besoins de la RPC en matière de « sécurité nationale ».

M. Chu a expliqué que l’institut allait ouvrir aux policiers infiltrés du régime chinois la voie pour entrer « légalement » à Hong Kong. M. Chu se demande si les Hongkongais seront toujours protégés par les lois de Hong Kong, comme l’accès à un avocat s’ils sont détenus, interrogés ou arrêtés par des officiers chinois.

M. Chu s’est également inquiété de savoir quelles autorités pourraient protéger les Hongkongais s’ils étaient torturés par des officiers chinois pour avoir mis en danger la « sécurité nationale » de la Chine.

Enfin, M. Chu s’est interrogé sur l’autorité dont disposera la police de Hong Kong en vertu de la loi proposée si elle reçoit des informations sur des personnes détenues par des officiers chinois.

Jimmy Sham, responsable du Front civil des droits de l’homme (CHRF), pose lors d’un entretien avec l’AFP à Hong Kong le 20 août 2019. (ANTHONY WALLACE/AFP/Getty Images)

Jimmy Sham, responsable du groupe pro-démocratie Civil Human Rights Front (CHRF), a déclaré que la nouvelle loi détruira les droits de l’homme, la démocratie, la liberté et l’État de droit de Hong Kong, anéantissant ainsi la prospérité économique de la ville.

M. Sham a appelé les citoyens à soutenir les manifestations organisées par le groupe, ajoutant que plus de 2 millions de personnes doivent venir si un espoir de libération de Hong Kong du PCC existe.

Le leader chinois Xi Jinping (à gauche) et le Premier ministre Li Keqiang (à droite) arrivent pour la session d’ouverture de l’Assemblée populaire nationale (APN) dans le Grand Hall du peuple à Pékin le 22 mai 2020. (LEO RAMIREZ/AFP via Getty Images)

Le Parti civique, pro-démocratie locale, a déclaré sur sa page Facebook que le régime communiste de Pékin est un tueur qui a l’intention de supprimer les protections et le « haut degré d’autonomie » promis à Hong Kong dans le cadre de « Un pays, deux systèmes » avec l’introduction de la nouvelle institution du PCC dans la ville.

Un autre parti pro-démocratie, Demosistō, a écrit sur Twitter que Pékin « ignore complètement la volonté des Hongkongais » en appliquant la loi sans le contrôle législatif de Hong Kong.

La décision de Pékin d’imposer une plus grande volonté politique à Hong Kong a déjà fait l’objet d’avertissements sévères de la part de l’administration américaine de Donald Trump et des législateurs des États-Unis, du RoyaumeUni, de l’Australie et de Taïwan.

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