Les séparatistes du Nagorny Karabakh négocient le retrait de leurs troupes avec l’Azerbaïdjan

Par Epoch Times avec AFP
22 septembre 2023 17:20 Mis à jour: 22 septembre 2023 17:21

Les séparatistes du Nagorny Karabakh ont annoncé vendredi négocier avec l’Azerbaïdjan le retrait de leurs troupes de cette région dont la population en majorité arménienne « se terre » par crainte de violences, deux jours après la conclusion d’un cessez-le-feu.

« Des négociations sont en cours avec la partie azerbaïdjanaise sous les auspices des soldats de maintien de la paix russes », ont fait savoir les autorités de ce territoire sécessionniste, qui ont capitulé mercredi après une offensive éclair des forces azerbaïdjanaises. Cela doit permettre d’« organiser le processus de retrait des troupes et assurer le retour dans leurs foyers des citoyens déplacés par l’agression militaire », ont-elles poursuivi dans un communiqué. Les parties discutent également de « la procédure d’entrée et de sortie des citoyens » du Nagorny Karabakh, ont ajouté les séparatistes.

Les Azerbaïdjanais et les Arméniens du Nagorny Karabakh avaient engagé jeudi des pourparlers sur une « réintégration » de cette région dans l’Azerbaïdjan. Bakou avait annoncé qu’une nouvelle réunion aurait lieu « le plus rapidement possible ».

Les habitants de Stepanakert redoutent des massacres

L’annonce des séparatistes survient à un moment où la « capitale » du Nagorny Karabakh, Stepanakert, est encerclée par l’armée azerbaïdjanaise. « La situation à Stepanakert est horrible, les troupes azerbaïdjanaises sont partout autour de la ville, elles sont à la périphérie », a déclaré dans la matinée à l’AFP Mme Armine Hayrapetian, une porte-parole des autorités locales.

« Les gens craignent que les soldats azerbaïdjanais ne puissent entrer dans la ville à tout moment et commencer des massacres », a-t-elle affirmé, assurant que Stepanakert et d’autres régions du Nagorny Karabakh étaient privées de la plupart des services publics de base. Il n’y a « pas d’électricité, pas de gaz, pas de nourriture, pas de carburant, pas de connexions internet ni téléphoniques », « les gens se terrent dans les caves », a raconté Mme Hayrapetian.

Selon un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, l’Azerbaïdjan a promis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qu’il pourrait envoyer de l’aide et prendre en charge les soldats séparatistes blessés, avec des ambulances autorisées à venir d’Arménie. « Des travaux sont en cours avec les forces de maintien de la paix russes pour récupérer les corps des combattants restés sur le terrain », a-t-il précisé. D’après l’agence de presse d’État azerbaïdjanaise Azertag, Bakou a envoyé 40 tonnes d’aide humanitaire au Nagorny Karabakh. Selon le dernier bilan des séparatistes arméniens, l’opération militaire azerbaïdjanaise, qui s’est achevée en 24 heures mercredi à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés.

Dans le corridor de Latchine, la seule route reliant le Nagorny Karabakh à l’Arménie mais bloquée depuis plus de neuf mois par l’Azerbaïdjan, des hommes attendaient vendredi le retour de proches coincés dans cette région près d’un des derniers postes de contrôle tenus par l’armée arménienne. « Ça fait trois jours et trois nuits que j’attends. Je dors dans la voiture », a confié à un journaliste de l’AFP Garik Zakarian, 28 ans, en quête de nouvelles de son beau-frère et de sa belle-mère, qu’il espère voir rapidement évacués.

Une procédure de destitution à l’encontre de M. Pachinian

Accusé de passivité face à l’Azerbaïdjan, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a reconnu vendredi matin au cours d’un conseil des ministres que « la situation » restait « tendue » au Nagorny Karabakh où « la crise humanitaire se poursuit ». Mais « il y a un espoir de dynamique positive », a ajouté le chef du gouvernement, pour qui le cessez-le-feu entré en vigueur mercredi entre les séparatistes arméniens et Bakou est « globalement » respecté, malgré des « violations isolées » signalées jeudi.

Vendredi matin, des personnes hostiles à M. Pachinian ont de nouveau manifesté à Erevan, la capitale de l’Arménie, pour protester contre la gestion de la crise au Nagorny Nagorny Karabakh par le gouvernement. Les partis d’opposition, qui reprochent au Premier ministre d’avoir fait trop de concessions à Bakou, réclament sa démission et plusieurs de leurs dirigeants ont fait connaître leur intention d’ouvrir au Parlement une procédure de destitution à son encontre.

« Les gens doivent descendre dans la rue, le Karabakh a besoin de nous », s’est exclamée auprès de l’AFP Lida Mkrtchyan, 43 ans, originaire de cette région. « C’est un cauchemar dont nous ne pouvons pas nous réveiller. Pourquoi n’ouvrent-ils pas un couloir pour que les gens puissent partir ? »

Selon la police arménienne, 84 manifestants ont été arrêtés. Ces interpellations s’ajoutent à celles survenues mercredi et jeudi à la suite d’émeutes au cours desquelles des contestataires ont jeté des pierres et des bouteilles devant les bureaux de M. Pachinian. Ce dernier a appelé au calme, tout en promettant d’agir « fermement » face aux émeutiers. Il faut emprunter « le chemin » de la paix, même s’il n’est « pas facile », avait-il exhorté jeudi.

Le chef du gouvernement arménien a par ailleurs accusé la Russie, dont un contingent est déployé au Nagorny Karabakh depuis la guerre de l’automne 2020, d’avoir failli à sa mission de maintien de la paix. Selon l’Azerbaïdjan, six soldats de la paix russes ont été tués pendant son offensive. Le Président azerbaïdjanais Ilham Aliev a présenté « ses excuses » à son homologue russe Vladimir Poutine, selon le Kremlin.

Les craintes d’un départ massif

Le succès militaire des Azerbaïdjanais nourrit les craintes d’un départ massif des 120.000 habitants du Nagorny-Karabakh, même si l’Arménie a promis qu’aucune évacuation de masse n’était prévue. Elle s’est néanmoins dit prête à accueillir « 40.000 familles » de réfugiés.

Le Nagorny Karabakh a déjà été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l’Azerbaïdjan et l’Arménie: l’une de 1988 à 1994 (30.000 morts) et l’autre à l’automne 2020 (6500 morts).

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