Lyon: la Chine a fait pression pour exclure la communauté taïwanaise d’un évènement festif, dénonce l’Association culturelle des Taïwanais de Lyon

Par Etienne Fauchaire
14 juin 2023 23:19 Mis à jour: 14 juin 2023 23:19

L’Association culturelle des Taïwanais de Lyon (ACTL) a dénoncé le 6 juin auprès de la Central News Agency, principale agence de presse de Taïwan, son interdiction de participer le 16 septembre prochain à la fête des Bannières du monde, une manifestation culturelle promouvant les communautés étrangères présentes dans la région Rhône-Alpes. Selon l’ACTL, le comité des fêtes de Lyon, l’association qui organise le défilé, aurait cédé à des pressions de la part de participants chinois à cette Fête des Bannières : ils auraient menacé de la boycotter en cas de validation de la présence de la communauté taïwanaise.

Contactée par téléphone, la présidente de l’ACTL, Yang Pei-yu, confie à The Epoch Times sa stupéfaction face à cette décision, communiquée officieusement au téléphone par un membre du bureau du comité des fêtes, dont elle préfère ne pas divulguer l’identité par bienséance.

« Notre candidature a été rejetée en raison d’influence chinoise »

Soulignant que l’association participe pour la première fois à cet évènement festif, elle indique avoir été en contact régulier avec les organisateurs depuis le mois d’octobre 2022, date à laquelle leur candidature a été déposée. Avant d’être confrontée à un silence de plusieurs mois, qui s’est soldé par un refus le 1er juin : « En février, nous avons reçu une information selon laquelle nous étions la bienvenue, mais à partir du mois de mars, on ne nous a plus donné de réponses. Finalement, le 1er juin, on nous a informés par téléphone que notre candidature a été rejetée en raison d’une influence chinoise. » Et de s’étonner : « Cet évènement est culturel. Il n’est pas politique. Nous prévoyions seulement d’imprimer des bannières et des drapeaux taïwanais, et de présenter quelques spécialités culinaires locales aux Lyonnais ».

Interrogé par Le Figaro, le président du comité des fêtes, Christian Gelpi, dément toute pression chinoise : « Nous n’avons jamais parlé de refus pour la simple et bonne raison qu’aucune décision n’a encore été prise et que le comité qui statue sur les pays présents doit se réunir à la fin du mois. Par ailleurs, je peux vous dire que les Chinois n’ont jamais été consultés concernant cette demande donc ils ne peuvent pas avoir fait pression ».

Au téléphone, Mme Pei-yu partage avec nous son étonnement devant ses propos : elle fait valoir que des associations ukrainienne et japonaise ont déjà été informées de la validation de leur candidature, bien qu’elles aient déjà été présentes plusieurs fois à la Fête des Bannières par le passé, nuance-t-elle.

Selon une journaliste du journal Le Progrès, avec qui la présidente de l’ACTL a été en contact, un membre du comité des fêtes l’aurait informé que cette décision pourrait être le fruit d’une méprise : « De l’opinion de ce monsieur, comme Monsieur Huang qui s’est chargé de la procédure d’inscription pour l’ACTL a un nom chinois, ils auraient peut-être cru, par erreur, que nous étions une association chinoise ». Une version qui ne la convainc pas : « Pourquoi nous dire que notre candidature avait été refusée à cause d’une influence chinoise dans ce cas ? », s’interroge-t-elle.

Une affaire qui se politise

Comme le rapporte par ailleurs Le Figaro, lors de l’édition 2022 de la Fête des bannières, des tensions ont éclaté entre la communauté taïwanaise et le consulat chinois en raison de la présence de drapeaux taïwanais à cet évènement. « Ils avaient menacé d’appeler la police », nous confie la présidente de l’ACTL. D’où la volonté de monter officiellement un dossier cette année. Un évènement là aussi réfuté par le comité des fêtes.

Quoi qu’il en soit, l’affaire pourrait emprunter un virage politique. Samedi, l’eurodéputée Nathalie Loiseau, ancienne ministre chargée des Affaires européennes, en dénonçant sur Twitter une « ingérence du consulat de Chine » : « Depuis quand l’ambassade d’un pays étranger décide qui l’on peut ou non inviter en France ? Depuis quand des Taïwanais ne seraient pas les bienvenus et pour quel motif ? » Une position partagée par les Taïwanais lyonnais : « Si la Russie faisait pression pour que la communauté ukrainienne ne participe pas à un tel évènement, trouverions-nous ça acceptable ? »

Aux yeux de Stéphane Corcuff, maître de conférences à l’IEP de Lyon, spécialiste de la Chine contemporaine et de ses relations avec Taïwan, ces pressions mettent en lumière « une Chine qui s’autorise des formes d’ingérence directes et pour qui, conformément à la logique communiste, tout est politique. Même un petit événement culturel comme cette fête ».

La décision finale du Comité des fêtes, qui devrait être rendue début juillet, promet donc d’être suivie de près.

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