Malaisie : Mahathir Mohamad confiant dans une victoire aux législatives

9 mai 2018 22:00 Mis à jour: 9 mai 2018 22:09

L’ancien dirigeant autoritaire malaisien Mahathir Mohamad, 92 ans, s’est déclaré confiant mercredi soir dans une victoire aux législatives, à la lumière de décomptes non-officiels mettant en évidence une nette progression de son alliance d’opposition, face à la coalition du Premier ministre Najib Razak, englué dans un scandale financier. Les résultats officiels sont très lents à être publiés et sont très serrés entre la coalition au pouvoir et l’opposition. Plusieurs décomptes indiquent toutefois que l’alliance de l’opposition, Pakatan Harapan, menée par Mahathir Mohamad, serait en tête et progresserait fortement dans certaines régions du pays.S’exprimant devant la presse à Kuala Lumpur, Mahathir a estimé que sa coalition disposait d’ores et déjà du nombre nécessaire de sièges parlementaires pour lui assurer une victoire.

« Il leur est impossible de rattraper » leur retard, a assuré Mahathir Mohamad, en parlant de la coalition gouvernementale Barisan Nasional (Front national, BN) qui dirige la Malaisie depuis son indépendance de la Grande-Bretagne en 1957. Selon un décompte publié sur le site du journal pro-gouvernemental Star, l’opposition gagne 63 sièges contre 41 pour le BN. L’opposition a besoin de 112 sièges sur les 222 du Parlement et « il semble que nous avons effectivement atteint ce chiffre », a dit Mahathir Mohamad. L’opposition enregistre également des percées importantes sur l’île de Bornéo, dans l’Etat de Sarawak, pourtant longtemps un fief du BN, selon l’agence d’Etat Bernama.

Selon des résultats non-officiels, plusieurs responsables du BN ont perdu leurs sièges parlementaires. Mahathir a accusé la Commission électorale de ne pas vouloir publier les résultats « car nous estimons de par nos décomptes non-officiels qu’ils (le BN) sont loin derrière et il est probable qu’ils ne formeront pas le gouvernement ». Najib Razak, 64 ans, cherche à se maintenir à son poste. Mais le retour surprise sur le devant de la scène politique du charismatique ex-Premier ministre Mahathir Mohamad a bouleversé la donne. Excédé par un énorme scandale financier qui a sapé l’image de la Malaisie à l’étranger, Mahathir s’est allié avec des partis qui étaient opposés à lui du temps où il était au pouvoir (1981-2003), en particulier avec un dirigeant de l’opposition emprisonné, Anwar Ibrahim, ex-ennemi juré du nonagénaire.

Pour remporter les élections, il suffit de la majorité simple au Parlement, qui élit le Premier ministre. La coalition d’opposition avait gagné du terrain ces dernières semaines. Elle a rogné sur le socle électoral des partis au pouvoir, les Malais musulmans qui forment l’ethnie majoritaire de cet état multi-ethnique d’Asie du Sud-Est. Les bureaux de vote ont fermé à 17h00 (09h00 GMT) et la participation était de 69% deux heures avant la clôture du scrutin, a indiqué la commission électorale. Les résultats devraient être connus tard dans la soirée de mercredi ou jeudi. Dans la capitale Kuala Lumpur, Lim Kok Tong, un électeur de 43 ans, a émis l’espoir d’un changement de régime.

« Quand les gouvernements réalisent qu’ils peuvent être remplacés, ils se montrent attentifs aux citoyens », a déclaré le quadragénaire issu de la minorité chinoise, qui soutient traditionnellement l’opposition. Les électeurs sont de plus en plus désabusés par les politiques qui sèment la division entre groupes ethniques, l’augmentation du coût de la vie et les scandales de corruption. L’affaire de détournements au détriment du fonds souverain 1MDB, créé par M. Najib à son arrivée au pouvoir en 2009 pour moderniser la Malaisie, affecte le Premier ministre qui a toujours nié tout acte répréhensible. Depuis 2015, la Malaisie est secouée par le scandale autour de ce fonds endetté aujourd’hui à hauteur de 10 milliards d’euros. Il est au cœur d’allégations de corruption qui font l’objet d’enquêtes dans plusieurs pays, notamment en Suisse, à Singapour et aux Etats-Unis.

Des partisans de l’opposition et des représentants de la société civile ont dénoncé des tentatives de triche de la part de la coalition au pouvoir, affirmant que des millions d’électeurs sans adresse et même des personnes décédées étaient apparues sur les listes électorales, à la suite d’un redécoupage électoral en mars, favorable à la coalition au pouvoir.

DC avec L’AFP

 

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