Nantes : des habitants à bout face à une cohabitation sous tension avec des familles roms

Le square des Rochelets, quartier Bellevue à Nantes (Loire-Atlantique).
Photo: Crédit photo capture d'écran Google Maps
Depuis quatre ans, au sein d’une copropriété du quartier Bellevue à Nantes (Loire-Atlantique), résidents et familles roms cohabitent avec beaucoup de difficultés. Et les multiples médiations n’ont pas réussi à apaiser les tensions, de plus en plus vives. Les victimes souhaitent que le préfet et les forces de l’ordre interviennent.
Même s’ils ne sont qu’une minorité à commettre des perturbations, la situation devient intenable pour les résidents de la copropriété du square des Rochelets, située dans le quartier Bellevue à Nantes. De nombreuses incivilités – nuisances sonores, odeurs, insultes – empoisonnent leur quotidien.
Des propriétaires ont voulu « donner leur chance » à ces familles
Tout a commencé en 2021, lorsque des familles roms se sont installées dans cet immeuble, relate Ici Loire Océan. Pauline Brosset Izquierdo, responsable du service copropriété chez 4’immo chargée de gérer celle des Rochelets explique au Figaro qu’à cette époque, des propriétaires « ont voulu donner un coup de main à des familles et leur donner leur chance ». « Pour certains, ça s’est bien passé, pour d’autres, cela ne s’est pas bien passé », explique-t-elle, soulignant que l’origine du problème est dû au « manque de civisme ».
Pauline Brosset Izquierdo précise que chacun des cinq logements problématiques – sur les 360 que compte l’ensemble – fait l’objet d’environ une centaine de signalements par an. « On n’est pas abandonné par la force publique mais personne [ne] sait trop par quel bout prendre les choses », souligne-t-elle au passage.
Nuisances sonores, déchets, excréments, insultes…
Et ce n’est pas faute d’avoir tenté d’améliorer les choses. Un budget de 350 millions d’euros a été consacré à la transformation du quartier dans le cadre du projet Grand Bellevue. Par ailleurs, plusieurs rencontres et médiations ont été menées. Les propriétaires ont de leur côté engagé de multiples démarches et frappé à de nombreuses portes, tout cela en vain.
Les habitants, qui n’en peuvent plus, doivent pourtant continuer à subir de nombreuses incivilités : nuisances sonores tard dans la nuit, dégradations, dépôts de déchets dans les parties communes, présence d’excréments dans les ascenseurs, sans oublier les insultes et menaces de toutes sortes.
« Moi, je vais m’en aller », assure auprès d’Ici Loire Océan un homme, propriétaire depuis 15 ans de l’un des appartements du square des Rochelets. « On n’est pas écouté, ce n’est plus possible ! Le conseil syndical est fatigué ! » ajoute-t-il. « Des membres du conseil syndical me disent qu’ils veulent déménager et vendre, même à perte », indique dans les colonnes du Figaro une mère de famille, qui n’ose plus laisser sa fille sortir seule et doit emprunter le souterrain ou le local poubelle pour rentrer chez elle. « C’est un enfer », poursuit-elle.
Une entreprise de gardiennage privée engagée « fait le boulot de la police »
Dernièrement, une entreprise de gardiennage privée a été engagée pour assurer le respect du règlement intérieur entre 17 heures et minuit. « Elle fait le boulot de la police et du préfet, payée par la copropriété », témoigne une résidente au Figaro. Toutefois, cette intervention, qui doit durer pendant deux semaines, représente un coût total de 12.000 euros, une charge financière pour laquelle les copropriétaires espèrent obtenir une subvention.
Bien qu’elles fassent l’objet de procédures d’expulsion, trois des familles posant problème demeurent malgré tout dans les lieux. « Le préfet doit agir. C’est son rôle », s’agace sur Ici Loire Océan l’un des propriétaires. « Il y a eu plein de médiations mais cela n’a servi absolument à rien. On n’en peut plus ! » ajoute une autre.
Certains habitants, particulièrement excédés, laissent entendre qu’ils détiendraient des armes chez eux. Des altercations éclatent et les résidents se sentent toujours plus menacés. « Là, ça devient de plus en plus dangereux », constate une mère de famille. Tous en appellent au préfet, espérant une intervention des forces de l’ordre pour en finir avec ces troubles.
« Ça m’a dégoûté à vie ! Je ne louerai plus jamais à ces personnes »
Un propriétaire ayant loué à des familles roms il y a 4 ans se retrouve au cœur du problème. Alors qu’il accusait les autres habitants des lieux de manifester du racisme envers ses locataires, il explique aujourd’hui avoir mis fin aux baux problématiques et lancé des procédures d’expulsion.
« J’ai fait ce que je devais […] tout est dans les mains du préfet », affirme-t-il à Ici Loire Océan. Désabusé par les conflits, les impayés et la lenteur des procédures, celui qui souhaitait donner sa chance à ce type de population, souvent confrontée à des difficultés d’accès au parc privé, confie : « Ça m’a dégoûté à vie ! Je ne louerai plus jamais à ces personnes. » Alors qu’il cumule 20.000 euros de loyers impayés, il estime être injustement tenu pour responsable : « Tout le monde me reproche tout, alors que j’ai juste donné leur chance à des gens ! »
De son côté, l’adjointe au maire de Nantes, Abbassia Hakem, souligne que « beaucoup de choses ont été faites », tout en reconnaissant le « ras-le-bol physique et psychologique » des habitants.

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