Nikola Tesla: génie scientifique ou savant fou?

Par Christina Spirk
25 juillet 2023 14:31 Mis à jour: 30 juillet 2023 17:29

Avec plus de 300 brevets à son actif, Nikola Tesla est considéré comme l’un des inventeurs les plus géniaux de notre époque. De son vivant, il a été qualifié d’« ésotérique », de « mentalement dérangé » ou même de « savant fou ». Mais que disait réellement Tesla à propos de l’énergie, de la fréquence, de l’univers et de la croyance au divin ?

Nikola Tesla est né le 10 juillet 1856 en Croatie et a travaillé plus tard comme ingénieur électricien. Bien que Tesla soit à l’origine d’importantes inventions sur le transfert d’énergie, l’utilisation de l’électricité et la transmission de signaux sans fil, ainsi que de 300 autres brevets et de centaines d’inventions non encore brevetées, il n’a lui-même tiré que peu d’avantages financiers de ses inventions et a été peu reconnu de son vivant. Au contraire, il a même souvent été qualifié d’« ésotérique » ou de « fou », alors que d’autres entrepreneurs et scientifiques ont gagné de l’argent et se sont fait un nom grâce aux idées de Tesla.

Alors qu’aujourd’hui, nombre de ses inventions font partie intégrante de notre quotidien, d’autres aspects sont toujours ignorés et peu discutés. Il s’agit entre autres de ses déclarations sur l’univers ou de l’intégration de la force de l’esprit et du divin dans ses réflexions scientifiques.

L’homme le plus intelligent du monde, et une mère encore plus intelligente

Alors que de nombreux concurrents ont confronté Tesla à des critiques, à des querelles de brevets et à l’accusation de « savant fou », son collègue scientifique Albert Einstein en avait toutefois une bonne estime. À la question d’un journaliste posée après la publication de la théorie de la relativité « qu’est-ce que ça fait d’être l’homme le plus intelligent de la planète ? », Einstein aurait répondu : « Je ne sais pas. Il faut le demander à Nikola Tesla. ».

Nikola Tesla a grandi avec quatre autres frères et sœurs dans l’actuelle Croatie, qui faisait alors partie de la monarchie austro-hongroise. Ses parents étaient très pieux et son père était un religieux orthodoxe serbe. La mère de Tesla n’avait aucune formation scolaire, mais elle était capable de réciter par cœur des passages de la Bible comme des œuvres littéraires entières. Dans ses récits, elle a également décrit Nikola Tesla comme étant doué pour les travaux manuels et techniques, ce qu’il aurait hérité d’elle. Il trouvait son éducation très positive et disait d’elle :

« Ma mère comprenait mieux la nature humaine (que lui-même) et elle ne réprimandait jamais. Elle savait qu’un homme ne peut jamais être sauvé de sa propre stupidité ou de ses vices par des efforts extérieurs à lui-même ou des protestations, mais seulement par l’engagement de sa propre volonté. » – Nikola Tesla

Nikola Tesla et son destin de devenir ingénieur

Alors que Tesla s’intéressait déjà enfant à la nature, à la technique et aux expériences, et qu’il voyait son destin dans le fait de devenir ingénieur, son père voulait qu’il suive ses traces en tant qu’ecclésiastique et qu’il aille au séminaire. Après la mort accidentelle de son frère aîné et désormais seul fils de la famille, le jeune Nikola ne voyait aucune possibilité d’échapper à la voie souhaitée par son père.

Peu de temps après, il tomba malade du choléra. Gravement marqué par la maladie, il dut rester alité pendant neuf mois. Lors d’une poussée particulièrement violente de la maladie, alors que Tesla était à l’article de la mort, son père s’est précipité à son chevet :

« Je vois encore son visage pâle, alors qu’il essayait de me remonter le moral sur un ton qui faisait semblant d’être confiant. ‘‘Peut-être, lui ai-je dit, que je pourrai guérir si tu me laisses étudier l’ingénierie’’. ‘‘Tu iras dans la meilleure école d’ingénieurs du monde’’, a-t-il répondu solennellement, et j’ai su qu’il était sincère. (…) Au grand étonnement de tous, je suis revenu à la vie comme un nouveau Lazare », a écrit Tesla dans sa biographie.

Son père est resté fidèle à sa parole et Nikola Tesla s’est inscrit à l’université technique de Graz en ingénierie mécanique. Bien qu’il n’ait jamais terminé ses études, Tesla a parlé des événements de l’époque qui ont finalement ouvert la voie à sa carrière d’ingénieur aux États-Unis :

« Je suis convaincu que mon sauvetage n’était pas un hasard, mais l’œuvre d’une puissance divine. Les efforts d’un inventeur sont essentiellement destinés à sauver des vies. Qu’il rassemble des forces, améliore des appareils ou crée de nouvelles commodités, cela contribue à la sécurité de notre existence. » – Nikola Tesla

Des inventions, des amitiés et du divin

L’un des domaines scientifiques qui a fasciné Tesla tout au long de sa vie était l’électricité. C’était toutefois à une époque où l’utilisation de l’électricité n’en était qu’à ses débuts. Dans la société, l’électricité était considérée comme un « jus occulte » qui « coulait comme par magie ». À l’époque, on utilisait uniquement de très grandes bobines qui produisaient du courant continu alimenté par des piles.

Nikola Tesla menant des expériences (1891) (Domaine public)

Tesla a dit de lui-même que, dès son plus jeune âge, il pouvait voir des flashs lumineux éblouissants ainsi que des pièces et des objets dans son « œil mental ». « Dans certains cas, tout l’air autour de moi était rempli de langues vivantes et flamboyantes », a déclaré Tesla dans son autobiographie.

Alors qu’au début, il avait du mal à distinguer ce qui était réel dans cet espace, il a appris à contrôler ces phénomènes avec le temps. Selon ses propres dires, il pouvait voyager par la pensée dans des lieux inconnus, discuter avec d’autres personnes et se faire des amis.

Il a conservé cette capacité tout au long de sa vie. Il n’avait pas besoin de modèles ou de dessins pour développer des appareils, mais pouvait suivre des processus de création entiers et des analyses d’erreurs dans ses pensées.

« Cela n’a absolument aucune importance pour moi que je fasse fonctionner une turbine dans mon esprit ou dans un atelier », écrit Tesla. « Je peux même remarquer (dans mon esprit) si elle est déséquilibrée ».

Au sujet de ses capacités, Tesla a déclaré : « Le don de la force mentale vient de Dieu, de l’être divin, et si nous accordons notre esprit à cette vérité, nous serons en harmonie avec ce grand pouvoir. Ma mère m’a appris à chercher toute la vérité dans la Bible ».

Une nouvelle science

Au début du XIXème siècle, la science a commencé à représenter les expériences et les théories de manière mathématique, ce dont Tesla n’était pas un grand amateur. Il n’était pas non plus d’accord avec la théorie de la relativité publiée par Albert Einstein, bien qu’il appréciait généralement le travail de ce dernier.

« Les scientifiques d’aujourd’hui ont remplacé l’expérimentation par les mathématiques, et ils errent d’équation en équation et finissent par construire une structure qui n’a aucun rapport avec la réalité. » – Nikola Tesla

Tesla, qui, contrairement aux autres chercheurs, croyait à la réalisation du courant alternatif (sans alimentation par batterie) et à la transmission d’électricité sans fil, disait de ses recherches sur l’énergie et l’électricité :

« Dans tout l’espace, il y a de l’énergie. Cette énergie est-elle statique ou cinétique ? Si elle est statique, nos espoirs sont vains ; si elle est cinétique – et nous le savons avec certitude – ce n’est qu’une question de temps avant que les hommes ne parviennent à relier leur machinerie aux rouages de la nature ».

Dans la longue exposition, les éclairs de la décharge électrique d’une bobine moderne Tesla sont visibles. (kkiks/domaine public)

Plus tard, Tesla fut le premier à publier sur la manière dont l’électricité circule : « Le courant électrique, après avoir pénétré dans la terre, se déplace vers la région diamétralement opposée de celle-ci et revient de là à son point de départ avec une force pratiquement inchangée. Le courant sortant et le courant revenant s’entrechoquent et forment des nœuds et des boucles semblables à ceux que l’on peut observer sur une corde vibrante. Pour parcourir la distance totale d’environ vingt-cinq mille miles, qui correspond à la circonférence de la Terre, le courant a besoin d’un certain intervalle de temps, que j’ai approximativement déterminé. Avec cette connaissance, la nature a révélé l’un de ses secrets les plus précieux, d’une valeur inestimable pour l’homme. (…) Les faits dans ce contexte sont si étonnants qu’il semblerait que le Créateur lui-même ait conçu électriquement cette planète (…) ».

Les « forces surnaturelles » et la « destinée de l’homme »

Alors que les recherches les plus connues de Tesla concernaient l’électricité et l’énergie, il s’est également intéressé aux relations fondamentales entre l’esprit et la matière. Il a également étudié les phénomènes dits non physiques ainsi que la mystique des nombres 3, 6 et 9 ou les constellations des pyramides de Gizeh. Ce qui était et est toujours considéré comme de l’« ésotérisme » par la science empirique était essentiel pour la recherche de Tesla. Il disait à ce sujet :

« Le jour où la science commencera à étudier les phénomènes non physiques, il y aura plus de progrès en une décennie que pendant tous les siècles passés de son existence. » – Nikola Tesla

En dehors de la Bible et de la foi chrétienne orthodoxe, Tesla s’est également intéressé aux écrits bouddhistes, bien que, selon différentes sources, il n’aurait pas cru à la réincarnation. Cependant, comme le montre sa biographie, la puissance de l’esprit était essentielle pour lui et il cherchait à comprendre comment contrôler la matière à l’aide de l’esprit. Tesla s’est donc demandé :

« L’homme peut-il contrôler ce processus, le plus grandiose et le plus impressionnant de tous les processus de la nature ? Peut-il utiliser ses énergies inépuisables pour exécuter toutes ses fonctions sur son ordre ? Ou peut-il même les faire fonctionner par la simple force de sa volonté ? S’il y parvenait, il disposerait de pouvoirs presque illimités et surnaturels. (…) Il pourrait changer la taille de cette planète, contrôler ses saisons, la guider sur n’importe quel chemin à travers les profondeurs de l’univers. Il pourrait faire entrer en collision des planètes et produire ses soleils et ses étoiles, sa chaleur et sa lumière. (Et) il pourrait faire naître et développer la vie sous toutes ses formes infinies ».

Enfin, Tesla concluait : « Créer et détruire la substance matérielle, l’agréger en formes selon son désir, serait la plus haute manifestation de la puissance de l’esprit humain, son triomphe le plus complet sur le monde physique, sa réalisation couronnée qui le placerait aux côtés de son Créateur et lui permettrait d’accomplir sa destinée ultime ».

Même si Tesla admettait ne pas disposer de cette connaissance de l’univers, pour lui, une chose était sûre :

« Si tu veux comprendre l’univers, pense en termes d’énergie, de fréquence et de vibration. »

ainsi que

« Tout notre système biologique, le cerveau mais aussi la Terre elle-même, fonctionnent sur les mêmes fréquences. »

Nikola Tesla et ses particularités

Alors que les réflexions de Tesla sur l’univers et les phénomènes non physiques ont été peu discutées, ses particularités ont toujours été mises en avant pour créer l’image d’un « savant fou ».

Bien que Tesla veillât scrupuleusement à une apparence soignée et à une présentation polie et élégante, il possédait en réalité plusieurs comportements singuliers. Il aurait notamment eu une aversion pour les perles et les boucles d’oreilles, aurait été dégoûté par les cheveux des autres et aurait répété certaines activités si souvent que le nombre de répétitions est divisible par trois.

Nikola Tesla en couverture de Time Magazine du 20 juillet 1931 (Vol. 18, n°3). (Time Magazine/ domaine public)

Tesla avoua qu’il comptait ses pas lorsqu’il marchait et que, dans la vie quotidienne, il calculait toujours mentalement le volume des assiettes à soupe, des tasses de café et des aliments avant de manger. De plus, il dormait peu – souvent deux heures seulement – et pouvait se livrer à des phases de travail excessives sans interruption.

Il disait de lui-même : « J’avais une véritable manie de terminer tout ce que j’avais commencé une fois. Un jour, j’ai commencé à lire les œuvres de Voltaire quand j’ai découvert, à mon grand désarroi, que j’avais devant moi cent volumes que ce monstre avait écrits en buvant soixante-douze tasses de café noir. Il fallait le faire, mais lorsque j’ai mis de côté le dernier livre, j’étais très heureux et j’ai dit : « Plus jamais ça ! ».

Le célibataire et le rôle de la femme

Outre les défis scientifiques, les difficultés financières et les brevets volés, la vie de Tesla a également été marquée par deux guerres mondiales et des changements sociaux.

D’une part, on se focalisait de plus en plus sur l’égalité des droits dans le monde professionnel des femmes. Tesla, qui n’était certes pas marié lui-même car « les inventeurs n’ont pas le temps de s’occuper de leur vie de couple », savait que les femmes pouvaient atteindre un grand potentiel, mais il voyait aussi ce mouvement avec inquiétude.

« L’esprit féminin a montré qu’il était capable de toutes les réalisations et performances intellectuelles de l’homme, et au fil des générations, cette capacité s’étendra encore ; la femme moyenne sera aussi bien formée que l’homme moyen, puis encore mieux, car les capacités dormantes de son cerveau seront stimulées pour une activité qui sera d’autant plus intense et puissante en raison de son silence pendant des siècles. La femme se moquera des précédents et secouera la civilisation par ses progrès », a déclaré Nikola Tesla.

Alors que, jeune adulte, il indiquait qu’il avait le sentiment de ne jamais être assez digne pour une femme et qu’il considérait les femmes comme supérieures à tous égards en raison de leurs qualités féminines, il a déclaré au cours de la modernisation : « La tendance des femmes à mettre l’homme de côté et à supplanter l’ancien esprit de coopération avec lui dans toutes les affaires de la vie est très décevante pour moi ».

« Peut-être que l’homme est inutile dans la société humaine. J’avoue franchement que je ne le sais pas. Si les femmes commencent à ressentir cela – et il y a des preuves frappantes de cela – alors nous sommes au début de la période la plus cruelle de l’histoire du monde. » – Nikola Tesla

Nikola Tesla et la société entre la paix et la guerre

En outre, Tesla était résolument opposé à la guerre et était convaincu, tant pendant la Première que la Seconde Guerre mondiale, que les conflits ne pouvaient prendre fin qu’en élevant l’esprit de la société.

« Ce que nous voulons maintenant, c’est un contact plus étroit et une meilleure compréhension entre les individus et les communautés à travers le monde, ainsi que l’élimination de l’égoïsme et de l’orgueil, qui rendent toujours le monde vulnérable aux barbaries et aux conflits primitifs (…) La paix ne peut être atteinte que comme une conséquence naturelle de l’illumination universelle. » – Nikola Tesla

Nikola Tesla, pensif, avec le livre « Theoria Philosophiae Naturalis » de Rudjer Boscovich devant une bobine à haute tension de son laboratoire à New York. (Domaine public)

Plus loin, il disait : « De toutes les résistances, celle qui freine le plus le mouvement humain est l’ignorance, que Bouddha appelait ‘‘le plus grand mal dans le monde’’. Les conflits qui résultent de l’ignorance (…) ne peuvent être réduits que par la diffusion du savoir et le dépassement des éléments hétérogènes de l’humanité. Aucun effort ne pourrait être mieux utilisé ».

Tesla a raconté que son père s’était lui aussi engagé pour la paix tout au long de sa vie et qu’il avait ainsi reçu dans son berceau l’aversion « indéracinable » pour la guerre. De même, il était clair pour lui que la foi et les idéaux étaient indispensables aux hommes dans tous les domaines. Il poursuit :

« Bien que je ne sois pas un croyant au sens orthodoxe du terme, je recommande la religion, d’abord parce que chaque personne devrait avoir un idéal – religieux, artistique, scientifique ou humanitaire – qui donne un sens à sa vie. Ensuite, parce que toutes les grandes religions contiennent des préceptes de sagesse pour la conduite de la vie, qui sont aussi valables aujourd’hui qu’à l’époque où ils ont été proclamés. »

Notes confisquées par l’armée : des pensées insignifiantes

Toute sa vie, il se serait opposé à ce que ses inventions soient utilisées pour la guerre. Selon des sources non clairement étayées, il aurait détruit les données relatives à un « rayon électrique mortel » afin de préserver le monde des dommages causés par ses inventions pendant la Seconde Guerre mondiale.

Cependant, après le décès de Tesla à l’âge de 86 ans, alors que la Seconde Guerre mondiale était encore en cours, ses proches ont déclaré que sa chambre d’hôtel avait été fouillée et que des documents ainsi que son carnet de notes personnelles de plusieurs centaines de pages avaient disparu. Bien des années plus tard, on a appris que les services de sécurité américains avaient confisqué les documents.

Plus tard, un communiqué annonça : les « pensées et efforts (de Tesla) au cours des 15 dernières années étaient principalement de nature spéculative, philosophique et publicitaire, et portaient souvent sur la production et la transmission sans fil d’énergie ; mais ils ne contenaient pas de principes innovants ou de nouvelles méthodes, solides et réalisables pour obtenir de tels résultats ». Cependant, lorsqu’ils ont finalement été partiellement publiés, de nombreuses parties avaient été noircies et le nom de Tesla était presque tombé dans l’oubli.

Dix millions de dollars pour l’invention du courant alternatif

Tesla n’a jamais terminé ses études, mais grâce à ses connaissances et à son talent, il a rapidement obtenu un poste dans l’entreprise en plein essor de Thomas Edison, qui détenait le brevet de l’ampoule électrique.

C’est à Manhattan qu’Edison a construit la première centrale électrique publique au monde. Cependant, le courant continu qui y était produit ne pouvait éclairer que les lampadaires électriques dans un rayon de quelques centaines de mètres. Edison avait alors l’intention de couvrir la ville d’un réseau de générateurs. Nikola Tesla voulait quant à lui révolutionner l’utilisation de l’électricité et remplacer les générateurs de courant continu relativement faibles.

La « turbine à disque » de Nikola Tesla atteint théoriquement un rendement de 99 pour cent. Mais jusqu’à présent, aucun matériau ne résiste à ces contraintes et cette valeur n’a jamais pu être atteinte. (Stanislav Kozlovskiy/domaine public)

La production de courant alternatif à l’aide d’un champ magnétique et d’une puissance plus élevée était considérée à l’époque comme une « fantaisie » et irréalisable. Nikola Tesla a cependant déclaré qu’il avait eu l’idée d’une telle construction lors d’une promenade en soirée et qu’il espérait pouvoir la réaliser dans l’entreprise d’Edison.

Edison lui-même ne travaillait cependant qu’avec du courant continu et soutenait cette technologie : « Les gens aiment le courant continu, et c’est tout ce à quoi je serai à jamais confronté », estimait Edison. Il a cependant reconnu le talent du jeune Tesla, l’a engagé et lui a promis une prime de 50.000 dollars s’il parvenait à améliorer les performances du courant continu. Cela correspondrait aujourd’hui à une prime de près de dix millions de dollars.

Nikola Tesla a conçu la première centrale hydroélectrique à Niagara Falls, New York, qui a commencé à produire de l’électricité en 1895. Ce fut le début de l’électrification des États-Unis et du reste du monde.

Nikola Tesla a conçu la première centrale hydroélectrique à Niagara Falls, New York, qui a commencé à produire de l’électricité en 1895. Aujourd’hui, une statue sur place rappelle son invention et le triomphe du courant alternatif. (Milan Suvajac/domaine public)

Lorsque Tesla a présenté son nouveau concept au bout d’un an, Edison n’en a pas voulu et a refusé de lui verser la prime promise. Nikola Tesla, qui avait 29 ans, a alors démissionné et créé sa propre entreprise.

« Tout ce qui était grand dans le passé a été raillé, condamné, combattu et réprimé – uniquement pour pouvoir émerger plus puissant et triomphant de la bataille. » – Nikola Tesla

Cependant, Edison ne s’est pas contenté de refuser la prime, il a également tenté de saper l’utilisation du courant alternatif par différents moyens. Avec succès, car Tesla ne trouva guère d’intéressés ou d’investisseurs. Edison recommanda en outre d’utiliser le courant alternatif pour les premières exécutions de prisonniers à l’électricité, afin de créer une association négative dans la population et propagea le fait qu’il pouvait provoquer des accidents domestiques.

Des idées volées, des conflits et l’avenir

Finalement, l’ingénieur et inventeur George Westinghouse a investi dans l’idée de Tesla et a acheté ses brevets. Il a convenu avec Nikola Tesla de deux dollars et demi pour chaque cheval-vapeur d’« électricité Tesla » vendue.

En raison des faibles pertes d’énergie dues à l’invention de Tesla, les centrales électriques sous le nom de Westinghouse ont pu être construites en dehors des villes. En outre, des câbles de cuivre plus fins suffisaient pour le courant alternatif que pour le courant continu, de sorte que le coût des lignes était inférieur à celui d’Edison. Bientôt, Westinghouse eut plus de clients et finit par fournir de l’électricité à 130 villes américaines. Peu de temps après, le courant alternatif a complètement remplacé le courant continu.

Tesla était sur le point de devenir l’homme le plus riche du monde grâce à l’accord sur les brevets passé avec Westinghouse. Cependant, des investisseurs ont fait pression sur Westinghouse pour qu’il modifie l’accord et ont menacé d’arrêter le flux d’argent.

George Westinghouse a alors dit à Tesla que sa décision de renoncer à l’accord déciderait du sort de toute l’entreprise. Tesla, qui voyait en Westinghouse un ami et souhaitait que sa technologie puisse être mise à la disposition des gens dans le monde entier, a déchiré son contrat et échangé les droits d’auteur de ses brevets contre une somme forfaitaire unique de 216.000 dollars.

Tesla a ainsi perdu environ douze millions de dollars d’honoraires déjà gagnés – d’une valeur actuelle de près de quatre milliards de dollars – ainsi que d’innombrables milliards qui auraient encore dû être versés. Parallèlement, l’inventeur italien Guglielmo Marconi a utilisé l’idée de Tesla pour mettre en œuvre la transmission radio sans fil.

Interrogé à ce sujet, Tesla a répondu : « Marconi est un bon gars. Laissez-le continuer. Il utilise dix-sept de mes brevets ». Finalement, Marconi est entré dans la légende comme inventeur de la radio et a reçu le prix Nobel pour cela, tandis que Tesla est reparti bredouille.

(Trop) en avance sur son temps

Pendant ce temps, Nikola Tesla travaillait déjà sur sa véritable vision : un monde dans lequel tous les hommes pourraient être approvisionnés en énergie gratuitement et sans limite – grâce à un système sans fil qui enverrait des informations et de l’énergie à travers le monde entier.

La tour Wardenclyffe inachevée, 1904. (Domaine public)

 

Vision d’avenir de 1925 : avions (électriques) et tours énergétiques de Tesla. (Frank R. Paul/ domaine public)

Cependant, lorsque les investisseurs ont compris que si Tesla réussissait, ils ne gagneraient plus d’argent, ils ont alors décidé de détruire la « Wardenclyffe Tower » de Tesla et cette dernière a été dynamitée avant d’être achevée et vendue pour 1000 dollars de ferraille.

Tesla aurait alors été victime d’une dépression nerveuse. Peu de temps après, on lui a remis une médaille en reconnaissance de ses réalisations, mais Tesla a refusé de l’accepter. Lors de l’hommage, il a été dit : « Si nous voulions retirer de l’industrie tout ce qui a été créé jusqu’à présent par l’œuvre de Tesla, ses roues ne tourneraient plus, nos voitures et nos trains électriques seraient immobilisés, nos villes seraient sombres et nos moulins morts et inutiles. Oui, son œuvre a une telle portée qu’elle est devenue le fondement de notre industrie ».

Dans le même temps, divers moyens ont été mis en œuvre pour faire tomber Tesla dans l’oubli et empêcher que ses idées ne soient financées. Tesla est finalement mort dans la misère dans une chambre d’hôtel. Avant de mourir, il a toutefois déclaré à propos de ce qui s’était passé : « Je ne suis pas prêt à accorder à quelques individus bornés et jaloux la satisfaction d’avoir fait échouer mes efforts. Ces hommes ne sont pour moi que les microbes d’une mauvaise maladie. Mon projet a été freiné par les lois de la nature. Le monde n’était pas encore prêt pour cela ».

« Laisser l’avenir dire la vérité et évaluer chaque personne en fonction de son travail et de ses performances. Le présent appartient aux autres ; l’avenir, pour lequel j’ai vraiment travaillé, est le mien. » – Nikola Tesla

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