« On a les preuves qu’on n’a rien pété » : 91 agriculteurs interpellés à Rungis

Par Nathalie Dieul
31 janvier 2024 20:51 Mis à jour: 15 avril 2024 12:53

Un total de 91 personnes ont été interpellées mercredi à Rungis, au sud de Paris, en marge d’une manifestation d’agriculteurs. Les faits se sont déroulés sans violence ce mercredi 31 janvier.

Des personnes « à pied sont entrées brièvement sur une zone de stockage » a indiqué une source policière à l’AFP. Elles ont été « sorties des lieux par les forces de l’ordre », a-t-elle ajouté, précisant que plus personne ne se trouvait désormais à l’intérieur du site.

Vers 16H50, plusieurs dizaines d’agriculteurs dont certains membres de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne sont arrivés devant des entrepôts en lisière du marché de Rungis.

Au moins cinq agriculteurs sont entrés à plusieurs reprises dans un bâtiment puis ressortis, sans violence, escortés par les forces de l’ordre. Selon une source policière, ils auraient « commis des dégradations ».

« On est rentré six secondes là-dedans et on a des preuves »

Une version des faits contredite par Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne qui menait le cortège. Il a pris la parole pour s’adresser aux agriculteurs lorsque ceux-ci étaient encerclés par la police. Selon lui,  le dépôt de plainte pour dégradations n’a pas lieu d’être. « On est rentré six secondes là-dedans et on a des preuves, avec des images, qu’on n’a rien pété ».

Interpellés, certains sont montés dans les camions des forces de l’ordre et une nasse s’est formée, tandis que Serge Bousquet-Cassagne les enjoignait à « rester tranquille » et à ne « pas avoir peur ». « Vous ne risquez rien et vous le savez », a-t-il lancé aux agriculteurs.  « Ça s’appelle de l’affaiblissement et de l’épuisement ».

« On n’a rien dégradé ! », a répété le responsable devant les agriculteurs et les journalistes présents.

« Maintenant ils nous encerclent, c’est le travail normal des forces de l’ordre, et nous parce qu’on est des républicains, des agriculteurs responsables, tous des pères et des mères de famille ici, on ne va pas risquer à se bagarrer pour rien », a-t-il déclaré quelques minutes avant l’interpellation, assurant que les « véhicules (des CRS) ne risquent rien et eux non plus ».

« Ce n’est pas une ligne rouge qu’on a franchie », commente Karine Duc, co-présidente de la coordination Rurale du Lot-et-Garonne, une autre figure des agriculteurs en colère, un peu avant d’être interpellée elle aussi. « On est là, on n’a pas de tracteurs, on est de simples visiteurs », remarque la trentenaire.

« C’est complétement disproportionné », a ajouté la jeune femme. « Ce n’est pas faute d’avoir demandé à visiter Rungis. Le directeur accepte, nous attendons qu’il vienne nous chercher, on n’a pas besoin de tout ce dispositif ».

« Blindés contre tracteurs »

Plus tôt dans la journée, 15 autres personnes avaient été interpellées près de Rungis (Val-de-Marne) pour entrave à la circulation. Ces 15 gardes à vues ont été levées dans la soirée après l’audition des agriculteurs concernés.

Dans l’édito de l’émission Punchline de CNews, Laurence Ferrari commente l’image de ces arrestations d’agriculteurs et de la mise en fourrière de plusieurs tracteurs : « L’image pourrait faire rire si elle n’était pas aussi triste. Blindés contre tracteurs, policiers contre agriculteurs, mais des deux côtés le même peuple, les mêmes petits salaires, le même désespoir, le même nombre de suicides. »

Selon des informations recueillies par BFMTV ce soir, le ministère de l’Intérieur va déployer demain vingt compagnies de CRS , jeudi 1er février, dans la région parisienne.

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