Pourquoi le Parti n’a-t-il pas de position officielle sur les actions en justice contre l’ancien dirigeant chinois ?

8 juillet 2015 07:00 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:11

 

Pour les fonctionnaires communistes chinois dans toute la Chine, c’est un dilemme : les citoyens ordinaires sont en train d’utiliser le système légal pour mener devant les tribunaux un ancien dirigeant qui, 16 ans plus tôt, a débuté une répression illégale. Bien que ce soit parfaitement autorisé, l’affaire pour laquelle ils réclament justice – la persécution de la pratique spirituelle Falun Gong – touche un profond tabou politique.

La violente campagne politique contre Falun Gong, une pratique populaire de méditation et d’enseignements moraux, a été lancée en 1999, par l’ancien dirigeant du Parti, Jiang Zemin, l’homme qui est actuellement l’objet des plaintes pénales.

Jiang Zemin, qui a créé un vaste réseau politique visant à protéger ses intérêts au cours des années, s’avère être aussi le principal opposant politique de l’actuel dirigeant du Parti, Xi Jinping.

Le résultat est qu’aucune ligne politique sur la façon de réagir à ces plaintes n’a été présentée aux membres du Parti dans toute la Chine. Les fonctionnaires rencontrant les pétitionnaires remplissent souvent les blancs eux-mêmes.

Ainsi, la façon dont sont traités les plaignants varie largement.

Des différences de traitement

Selon un reportage publié sur Minghui, un site Internet qui fournit des informations sur la persécution du Falun Gong, ceci est devenu public le 28 juin, dans un bureau de poste d’une ville non précisée en Chine.

Selon le reportage, trois pratiquants se sont rendus dans un bureau de poste pour adresser leurs plaintes au Parquet Suprême du Peuple et du Tribunal Suprême du Peuple. Comme un agent de police se tenait à proximité dans le hall, l’employé stupéfait a refusé d’accepter leur affaire.

« Vous, pratiquants de Falun Gong êtes vraiment courageux—et vous osez envoyer des actions en justice comme cela ? » a demandé l’employé. « Est-ce que vous pensez que la répression est bientôt terminée ? »

Après plusieurs échanges, un responsable a été appelé pour clarifier la situation. Incertain quant à la politique à employer, il a appelé de nombreux supérieurs pour savoir comment traiter les envois. Finalement, l’un d’entre eux lui a donné une réponse claire : « Allez-y ! »

Mais à Tianjin, le résultat n’a pas été le même.

Minghui a rapporté que le 25 juin, au moins 10 pratiquants de Falun Gong de la ville septentrionale de Tianjin ont été détenus et leurs domiciles fouillés après qu’ils aient engagé des poursuites contre Jiang. La police a aussi ordonné aux bureaux de poste, où les actions en justice ont été soumises, de refuser les cas.

Zhu Yuanzhu, victime de la persécution du Falun Gong et plaignante, lors du rassemblement devant l’ambassade de Chine, organisée par les pratiquants de Falun Gong dans l’agglomération de New York, afin de soutenir l’effort mondial pour poursuivre Jiang en justice, le 3 juillet 2015, (Larry Dye/Epoch Times)
Zhu Yuanzhu, victime de la persécution du Falun Gong et plaignante, lors du rassemblement devant l’ambassade de Chine, organisée par les pratiquants de Falun Gong dans l’agglomération de New York, afin de soutenir l’effort mondial pour poursuivre Jiang en justice, le 3 juillet 2015, (Larry Dye/Epoch Times)

Une des pratiquantes, Mme Li Chunxia, a été tirée hors de chez elle, dans la matinée, par les agents du Bureau de la Sécurité Publique de Tianjin, qui l’ont envoyée au poste de police du district de Qiaobei, où elle a été enchaînée à une chaise et interrogée. Les membres de sa famille ont filmé alors que les agents sont entrés dans leur maison et ont aussi réussi à obtenir une vidéo de l’interrogatoire de Li.

Une autre femme, Dong Chaofeng, a été détenue, plus tard ce même jour. Ses effets personnels, dont un ordinateur et des matériaux de Falun Gong, ont été confisqués. La voisine de Dong, Mme Tang Li, pratiquante également, a aussi été détenue et son téléphone, son argent liquide et ses livres, confisqués. Les policiers seraient devenus furieux en découvrant chez elle une copie de la soumission d’action en justice.

Une évolution discrète

Selon Li Tianxiao, commentateur politique pour la télévision New Tang Dynasty basée à New York, le manque de direction centrale venant du Parti communiste sur la façon de traiter la montagne de plaintes – d’un groupe persécuté, pas moins – signale probablement le souhait d’un régime de faire évoluer discrètement sa politique concernant Falun Gong.

« La persécution de Falun Gong est un des actes politiques les plus significatifs de Jiang Zemin », a déclaré Li Tianxiao lors d’un entretien avec Epoch Times. Ces dernières années, Jiang Zemin, qui a quitté son poste de secrétaire général du Parti communiste en 2002, a vu son réseau d’alliés au sein du Parti communiste chuter en disgrâce au cours de la campagne actuelle anti-corruption initiée en 2013 par le secrétaire général actuel, Xi Jinping.

Un signe que Xi Jinping ne partage pas l’enthousiasme de Jiang pour écraser les pratiquants pacifiques de la méditation, réside dans son traitement du Bureau 610, agence du Parti Communiste créée par Jiang Zemin, le 10 juin 1999, pour mener la persécution de Falun Gong.

Par exemple, en 2013, Li Dongsheng, un bras-droit de Jiang Zemin et ancien responsable du Bureau 610 a fait l’objet d’une enquête pour corruption et renvoyé du Parti Communiste. En début d’année, Liu Jinguo, qui a remplacé Li Dongsheng a été renvoyé de son poste et n’a laissé aucun successeur.

Alors que les alliés de Jiang Zemin tombent les uns après les autres, même l’omnipotent Bureau 610 qui exerçait son autorité extralégale sur la police et les organisations du Parti à tous les niveaux de la société, pourrait être proche de sa fin.

Actions en justice dans le pays

Les actions en justice contre Jiang Zemin, débutées en mai, ont été déposées par des dizaines de milliers de citoyens chinois, des professeurs d’écoles aux vétérans militaires, des pilotes d’avions aux ingénieurs en génie électrique.

La vague a été rendue possible par une nouvelle législation chinoise entrée en vigueur au 1er mai, qui a assoupli les exigences pour déposer des plaintes légales. Selon le reportage le plus récent de Minghui, au 2 juillet, plus de 34 000 actions en justice avaient été soumises avec succès auprès des services juridiques chinois.

Article original:  Why the Party Has No Party Line on Lawsuits Against Former Chinese Leader

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