Puidgemont : un cas de conscience pour la Belgique

6 novembre 2017 12:49 Mis à jour: 6 novembre 2017 12:50

La présence sur le sol belge de M. Puidgemont, qui s’est dit prêt, avec le soutien de son parti (le PDeCAT), à être tête de liste aux élections régionales en Catalogne du 21 décembre, risque de raviver des tensions politiques au sein de la coalition gouvernementale belge.

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a appelé lundi matin sur la radio Bel-RTL, à « laisser la justice belge et la justice espagnole faire leur travail », loin des considérations politiques.

Le chef de la diplomatie belge était interrogé sur les tensions provoquées par la crise catalane dans le gouvernement fédéral belge, au sein duquel les nationalistes flamands de la N-VA sont très sensibles à la cause catalane.

Ce parti de la coalition avait dans un premier temps applaudi le Premier ministre francophone Charles Michel, un des rares dirigeants européens à avoir condamné les violences policières lors du référendum illégal d’autodétermination en Catalogne.

Mais M. Michel avait ensuite appelé les nationalistes flamands « à ne pas jeter de l’huile sur le feu » dans les relations tendues avec Madrid.

Il visait en particulier le secrétaire d’État Theo Francken, qui avait jugé « pas irréaliste » que M. Puigdemont formule une demande d’asile en Belgique, et laissé entendre que son pays lui réserverait le meilleur traitement.

Depuis, le ministre de l’Intérieur belge Jan Jambon, lui aussi issu de la N-VA, est revenu à la charge dimanche, en disant qu’il « se posait des questions » sur le fait que le gouvernement espagnol « peut aller aussi loin ».

« Si la même chose se passait en Hongrie et en Pologne je pense qu’on aurait des réactions très différentes », a-t-il poursuivi, citant notamment la mise en détention de membres du gouvernement catalan destitué. « Ils n’ont fait qu’exécuter le mandat qu’ils ont reçu de leurs électeurs », a-t-il estimé.

« La première des choses, c’est de garder le dialogue avec l’Espagne, parce que notre interlocuteur, c’est l’Espagne, c’est le gouvernement espagnol », a insisté de son côté lundi son collègue M. Reynders.

« C’est un dossier qui concerne avant tout l’Espagne », a ajouté le ministre des Affaires étrangères, déplorant qu’il y ait « une animation autour de ce dossier qui dépasse un peu les limites du raisonnable en Belgique ».

En Espagne, de petits groupes de manifestants indépendantistes ont brièvement coupé quelques routes dans l’agglomération de Barcelone ainsi que des voies ferrées lundi matin, pour protester contre la détention des membres du gouvernement catalan destitué.

Le président catalan destitué Carles Puigdemont s’en est pris lundi à un gouvernement espagnol « loin de la pratique démocratique » selon lui, dans sa première déclaration depuis sa remise en liberté en Belgique, où sa présence provoque des remous politiques.

Puidgemont « Libre et sans caution » 

« Libre et sans caution » a lancé lundi M. Puidgemont, dans un message en catalan sur le réseau social Twitter, au lendemain de la notification qui lui a été faite par les autorités belges du mandat d’arrêt émis par Madrid à son encontre.

« Nos pensées sont pour les collègues injustement emprisonnés par un État qui est loin de la pratique démocratique », a-t-il ajouté, en référence à l’inculpation et au placement en détention en Espagne d’autres anciens membres de son gouvernement destitué.

Carles Puigdemont et quatre de ses anciens ministres exilés en Belgique depuis une semaine sont pour leur part finalement ressortis libres dans la nuit de dimanche du bureau d’un juge d’instruction belge au terme d’une longue journée d’audition.

Les cinq Catalans ont été laissés en liberté sous conditions, dans l’attente de l’examen des mandats d’arrêt émis par l’Espagne.

M. Puigdemont et ses conseillers (ministres) ont interdiction de quitter le territoire belge, doivent avoir une adresse fixe, et devront se présenter « personnellement » à toute convocation de la justice et de la police, a précisé le parquet de Bruxelles.

Il revient désormais à une autre juridiction, la Chambre du conseil, de se prononcer dans les 15 prochains jours sur l’exécution du mandat d’arrêt émis vendredi soir par la justice espagnole pour « rébellion, sédition, détournement de fonds publics et désobéissance à l’autorité ».

Le mandat d’arrêt européen a été créé pour faciliter l’extradition entre États membres de l’UE, mais la procédure judiciaire qui s’est ouverte sera probablement assez longue.

Elle peut durer jusqu’à trois mois, en incluant les différents recours possibles à plusieurs stades. Et M. Puigdemont et son avocat ont déjà clairement annoncé leur volonté de s’opposer au mandat d’arrêt le visant.

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