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Rare réunion irano-saoudienne en Chine pour sceller la réconciliation

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À Téhéran, un homme tient un journal local qui affiche en première page l'accord conclu entre l'Iran et l'Arabie saoudite signé la veille à Pékin, le 11 mars 2023.

Photo: ATTA KENARE/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères se sont rencontrés jeudi à Pékin pour mettre en œuvre la normalisation des relations entre les deux puissances du Moyen-Orient après des années de forte tension, selon Téhéran.
L’Iranien Hossein Amir-Abdollahian et le Saoudien Fayçal ben Farhane Al Saoud « ont négocié et échangé des opinions en mettant l’accent sur la reprise officielle des relations bilatérales et les mesures à prendre en vue de la réouverture des ambassades et des consulats des deux pays », a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères. Les deux ministres « ont également discuté de questions bilatérales », a-t-il ajouté.
Sous l’égide de la Chine communiste
L’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite avaient rompu leurs liens début 2016 après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique à la suite de l’exécution par Ryad d’un célèbre religieux chiite. Toutefois, les deux pays ont surpris le monde en annonçant le 10 mars vouloir rétablir leurs relations diplomatiques dans les deux mois à l’issue de pourparlers menés secrètement en Chine.
Ce rapprochement devrait permettre à l’Iran et à l’Arabie saoudite de rouvrir leurs ambassades d’ici la mi-mai, et de mettre en œuvre des accords de coopération économique et de sécurité signés il y a plus de 20 ans. Il devrait être formellement célébré à l’occasion d’une visite du président iranien, Ebrahim Raïssi, à Ryad, à l’invitation du roi Salmane d’Arabie saoudite, un déplacement prévu après la fin du ramadan fin avril. Ce climat de détente pourrait avoir des répercussions sur plusieurs conflits régionaux, notamment en Syrie et au Yémen, où les deux pays soutiennent des camps opposés.
L’Iran et l’Arabie saoudite ont ainsi remercié en mars le régime communiste chinois « pour avoir accueilli et soutenu les discussions » entre eux. Ils ont salué le rôle de médiation joué par l’Irak et le sultanat d’Oman à partir du printemps 2021.
Un changement de paradigme ?
De leur côté, les États-Unis ont « salué » l’annonce du 10 mars, tout en soulignant qu’il restait « à voir si l’Iran remplirait ses obligations ». Pour certains experts, cet accord pourrait représenter un changement de paradigme qui remettrait en question la domination traditionnelle au Moyen-Orient de Washington, ennemi juré de l’Iran.
Allié des États-Unis et autre adversaire de l’Iran, Israël observe avec inquiétude ce rapprochement entre Ryad et Téhéran, qui pourrait affecter les Accords d’Abraham, le processus de normalisation qu’il a lancé avec certains pays arabes. En parallèle des négociations avec Ryad, Téhéran cherche à renouer les liens avec les autres capitales qui avaient réduits leurs liens diplomatiques depuis 2016 pour soutenir l’Arabie saoudite.
Ces derniers mois, les Émirats et le Koweït ont ainsi repris leurs relations diplomatiques avec l’Iran. Le processus est engagé avec Bahreïn et l’Égypte pourrait suivre. Mardi, Téhéran a nommé un ambassadeur à Abou Dhabi après près de huit années d’absence, alors que les Émirats avaient annoncé en août l’envoi d’un ambassadeur à Téhéran avec la volonté affichée de « renforcer les relations » avec l’Iran.