Remaniement en perspective pour la direction de la Chine en 2017

6 janvier 2017 16:56 Mis à jour: 3 février 2017 09:21

En 2017, les première et deuxième économies mondiales auront l’occasion de prendre un nouveau départ politique. Au mois de janvier, une nouvelle équipe de dirigeants sélectionnés par Donald Trump se joindra à lui lorsqu’il deviendra le 45e président des États-Unis.

Un peu plus tard, cinq des sept membres du Comité permanent du Politburo, l’organe directif suprême du régime chinois, devront prendre leur retraite lors d’un important conclave politique prévu pour la deuxième moitié de 2017. De plus, au moins deux cinquièmes des membres du Politburo actuel et plus de la moitié des 376 fonctionnaires d’élite formant le Comité central devraient aussi être remplacés.

Le dirigeant chinois Xi Jinping devrait être tenté de les remplacer par ses alliés afin de renforcer davantage sa campagne anti-corruption. Il semble également décidé à ce que le régime respecte ses propres lois, restreignant ainsi les fonctionnaires corrompus. Toutefois, que Xi Jinping réussisse ou non à faire entrer ses partisans dans la direction du pays dépend du progrès qu’il obtiendra dans la consolidation de son pouvoir face à la faction politique rivale dirigée par l’ancien chef du Parti Jiang Zemin.

Politiquement correct

De 1989 à 2002, Jiang Zemin a été secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) et, pendant la décennie suivante, il a continué à superviser le régime chinois par l’intermédiaire de ses acolytes qu’il avait placé dans l’administration de son successeur, Hu Jintao. Les médias de langue chinoise de Hong Kong et d’autres pays rapportaient que souvent les ordres de Hu Jintao ne sortaient même pas de Zhongnanhai, le quartier général et la résidence des principaux dirigeants chinois.

Par exemple, comme l’a laissé entendre dans son rapport l’ancien chef d’état major, les militaires chinois ne se pressaient pas de suivre les instructions de Hu Jintao pour organiser les secours d’urgence après un violent tremblement de terre survenu au Sichuan en 2008, car les généraux de haut rang recevaient encore des directives de Jiang Zemin. Jiang s’est assuré d’un important soutien des fonctionnaires chinois à tous les niveaux parce qu’il encourageait la corruption et l’ambiance régnante de « kleptocratie ». D’ambitieux responsables obtenaient également des faveurs s’ils participaient activement à la persécution lancée par Jiang Zemin contre une pratique spirituelle traditionnelle chinoise, le Falun Gong. Selon Jiang Weiping, un journaliste chinois , Jiang Zemin à confié à son fidèle lieutenant Bo Xilai : « Tu dois montrer ta fermeté envers le Falun Gong… Ce sera ton capital politique. »

Bo Xilai orchestrait des viols collectifs et d’autres violences envers les pratiquantes de Falun Gong lorsqu’il gouvernait la province du Liaoning dans le nord-est de la Chine. En outre, comme l’a écrit en 2015 le journaliste d’investigation américain Ethan Gutmann dans son livre « The Slaughter », le Liaoning était « l’épicentre » des prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong. Lorsque Bo Xilai a dirigé plus tard la métropole de Chongqing, la police a dû admettre que les organes d’un pratiquant âgé avaient été prélevés et utilisés comme « spécimens médicaux » sans consentement de sa famille.

(GREG BAKER / AFP / Getty Images)

Si Bo Xilai n’avait pas été placé sous enquête et poursuivi pour corruption en 2013, il serait probablement membre du Comité permanent du Politburo dans l’administration de Xi Jinping. Ce dernier a passé ses quatre ans au pouvoir à essayer de diminuer l’influence de la faction de Jiang Zemin et de changer le sens de ce qu’on appelle être « politiquement correct ».

Xi Jinping a porté un coup dur à la corruption en Chine. Plus d’un million de fonctionnaires ont été placés sous enquête et punis. Plus de 200 fonctionnaires soumis à la purge étaient des cadres supérieurs dans le gouvernement, dans l’armée et dans les entreprises d’État. La campagne anti-corruption de Xi Jinping est très populaire auprès des Chinois, qui devaient souvent soudoyer les fonctionnaires locaux pour obtenir de simples prestations de base.

À travers sa campagne anti-corruption, le dirigeant chinois a également montré que les responsables chinois devaient faire un choix entre lui et l’ancien Premier secrétaire. L’année dernière, Xi Jinping et le chef de l’agence anti-corruption Wang Qishan ont souvent critiqué les alliés de Jiang Zemin purgés – les anciens hauts responsables et ambitieux conspirateurs politiques Bo Xilai, Zhou Yongkang, Xu Caihou, Guo Boxiong et Ling Jihua.

Selon Bill Gertz, journaliste du Washington Free Beacon, un fonctionnaire de l’administration d’Obama a déclaré que Wang Lijun, ancien maire adjoint de Chongqing, avait révélé aux diplomates américains l’existence d’une « lutte de pouvoir violente au sommet du Parti communiste chinois qui avait pourtant l’air calme » lors de sa tentative de défection au consulat des États-Unis à Chengdu en 2012. Selon des sources internes du PCC, Bo Xilai, l’ancien patron de Wang Lijun, et le responsable de la sécurité Zhou Yongkang, avaient en effet planifié un coup d’État.

Xi Jinping a incité le régime à diriger « conformément à la loi » et à la constitution. Depuis mai 2015, le tribunal de grande instance et le Parquet général doivent accepter toutes les plaintes pénales, alors qu’auparavant les plaintes pouvaient être rejetées sans raison. En décembre 2016, un tribunal chinois a annulé une célèbre condamnation pour meurtre, dont les autorités locales auraient bloqué les recours légaux depuis 21 ans.

Cependant, les mesures initiales de la réforme judiciaire sont facilement négligées, tandis que rien ne semble arrêter les pratiques abusives, comme dans les cas d’arrestation de plus de 300 avocats des droits de l’homme entre 2015 et 2016 ou de longues peines de prison prononcées aux militants pacifiques.

Consensus nécessaire

Compte tenu de la politique de Xi Jinping, il est probable que ce dernier souhaiterai voir élu au Comité permanent du Politburo des membres « propres », loyaux et coopératifs, qui soutiendraient sa politique de lutte anti-corruption permanente et les principales réformes juridiques. Mais ses manœuvres pourraient être condamnées à l’échec si la faction de Jiang Zemin conserve un important pouvoir de négociation au moment où le Parti communiste tiendra son congrès national dans la seconde moitié de 2017.

Les candidats au Politburo et à son Comité permanent sont habituellement désignés à huis clos par les hauts dirigeants et les aînés retraités du PCC. Les factions politiques au sein du Parti négocient entre elles et font des concessions, dont les résultats sont confirmés lors du congrès national du PCC qui se tient tous les cinq ans.

Par exemple, la nomination de Xi Jinping au poste du secrétaire général lors du congrès national de 2012 est largement considérée comme un compromis entre les anciens dirigeants du PCC Hu Jintao (qui voulait nommer son protégé Li Keqiang) et Jiang Zemin (qui a permis à Xi Jinping de devenir dirigeant chinois en échange de trois places au Comité permanent qui ont été attribuées à ses fidèles).

Même si aujourd’hui Xi Jinping semble monter en pouvoir – il est « leader central » du Parti, commandant en chef de l’armée et il dirige personnellement une dizaine de groupes politiques clés – mais si Jiang Zemin a encore suffisamment d’influence, il pourrait introduire un ou même deux de ses lieutenants au Comité permanent pour entraver la ligne de Xi Jinping.

Une source interne de haut niveau qui est au courant des discussions à Zhongnanhai a confié à Epoch Times en novembre 2016 que Xi Jinping essaierait au moins de préserver un siège au Comité permanent pour son ami d’enfance et proche allié Wang Qishan. Selon cette source, Wang Qishan, qui a dépassé l’âge habituel de la retraite, pourrait être gardé parce qu’il « a contribué énormément à l’éradication de la corruption et est donc irremplaçable ».

Wang pourrait conserver ses pouvoirs, ou même les élargir. Par exemple, il pourrait diriger le nouvel organe anti-corruption que l’administration de Xi Jinping teste à Pékin et dans deux provinces. Cet organe peut interroger les non-membres du Parti, ainsi que surveiller l’appareil juridique et sécuritaire du régime.

Version anglaise : Top Chinese Leadership to Reshuffle in 2017

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