Logo Epoch Times

À Rennes, des drones pour la police contre le narcotrafic

top-article-image

Un membre de l'unité de police française Brigade de Recherche et d'Intervention (BRI) tient un drone DJI Avata 2 à Villepinte, dans la banlieue nord de Paris, le 16 juin 2024.

Photo: VALENTINE CHAPUIS/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 5 Min.

Pour lutter contre le trafic de stupéfiants à Rennes, la police utilise désormais le drone dont la discrétion et l’altitude de vol permettent une meilleure coordination des équipes au sol, une pratique encadrée par la Cnil et soumise à autorisation préfectorale.
« Tous les mois, un arrêté autorisant le survol par drone des quartiers où se concentre le deal afin d’assurer la surveillance de l’espace public par voie aérienne » est signé, a déclaré fin juin le préfet d’Ille-et-Vilaine Amaury de Saint-Quentin, devant les élus du conseil municipal de Rennes.
Contre les « enclaves sous contrôle des dealers »
Dans la capitale bretonne, le « premier semestre (a été) marqué par des épisodes de violences inadmissibles liées au narcotrafic », a souligné le préfet, qui n’entend pas « laisser s’installer des enclaves sous contrôle des dealers ».
« Orienter les patrouilles au sol »
Selon lui, le drone « est un outil extrêmement efficace pour orienter les patrouilles au sol ». De plus, « à la différence des caméras de vidéo-protection, dont certaines viennent à nouveau d’être dégradées à proximité d’un point de deal, le drone ne peut pas être détruit par les trafiquants ».
Depuis une décennie, l’usage du drone s’est multiplié (armée, agriculture, spectacle, secours…) mais ce n’est qu’en 2023 que le décret définissant son utilisation pour des missions de police a été publié.
« Ça pourrait devenir un outil indispensable »
« Le drone, pour la lutte contre le trafic de stups, c’est un peu une nouveauté opérationnelle. Ça pourrait devenir un outil indispensable, comme ça l’est pour les missions de secours et de sécurité civile », note Benoît Fayet, consultant en sécurité chez Sopra Steria.
Ainsi, la Brigade des moyens aériens (BMA) de Rennes, composée de cinq télépilotes, a été créée en juin 2023, selon une porte-parole de la police rennaise.
« Sécurisation et la prévention et notamment pour les trafics de stups »
« Bruno Retailleau a publié des circulaires pour que chaque préfet définisse des plans départementaux de prévention de la délinquance. Il a été demandé à ce que les préfets s’appuient sur les drones pour la sécurisation et la prévention et notamment pour les trafics de stups », souligne M. Fayet.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, lors de la cérémonie d’inauguration de l’hôtel de police de Saint-Quentin-en-Yvelines à Elancourt, en banlieue parisienne, le 4 juillet 2025. (DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images)

« On se demande comment on faisait avant »
Côté syndicat de police, on voit son utilisation d’un bon œil. « On se demande comment on faisait avant quand on ne les avait pas. Ça s’est mis en place un petit peu tardivement parce qu’on s’est heurté à des problématiques administratives pour les autorisations de voler », relève Frédéric Gallet, délégué départemental d’Ille-et-Vilaine du syndicat policier Alliance.
Pour Yoann Leandri, secrétaire régional adjoint zone ouest Unsa Police, « on doit aussi évoluer avec les drones vu les moyens utilisés désormais par les narcotrafiquants ».
« Les drones permettent de visionner pas mal de choses d’en haut et c’est un excellent appui pour les policiers au sol. Mais leur utilisation est extrêmement encadrée », ajoute le syndicaliste.
Une règlementation stricte d’utilisation
En effet, depuis avril 2023, une réglementation encadre l’utilisation d’images de drones par les forces de l’ordre à des fins de sécurité publique. Il ne s’agit « pas de collecter des preuves ou d’enquêter comme en procédure judiciaire », de même qu’il est interdit de « recourir à de la reconnaissance faciale », selon le ministère de l’Intérieur.
La Cnil souligne que « les drones sont des dispositifs discrets par nature, dont la position en hauteur permet de filmer des lieux difficiles d’accès », qui « présentent des risques spécifiques pour la protection de la vie privée ».
Ainsi, l’autorisation préfectorale doit déterminer « l’objectif poursuivi et fixe la zone géographique strictement nécessaire », tandis que les images sont conservées pour une durée de sept jours, avertit la Cnil.
Élargir les prérogatives des polices municipales
En avril, la Ligue des droits de l’homme (LDH) de Rennes avait attaqué des arrêtés préfectoraux, critiquant leur « utilisation généralisée » sur « une partie considérable » de la capitale bretonne. Le tribunal administratif avait rejeté la demande.
Dans un discours au Sénat en mai, François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, avait faire part de l’intérêt « de recourir à des drones » pour les polices municipales, dans un souhait d’élargissement de leurs prérogatives.