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Résultats catastrophiques pour Nissan : la firme contrainte de fermer sept usines et supprimer 20.000 postes

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Photo: MARTIN BUREAU/AFP/Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Le constructeur automobile japonais en difficulté Nissan a essuyé en 2024-2025 une perte nette annuelle colossale, plombé par une douloureuse restructuration qui le conduira d’ici 2027 à fermer 7 usines et à supprimer 20.000 emplois, soit 15% de ses effectifs mondiaux.
« Nous avons une structure de coûts très élevée. Pour compliquer les choses, le marché mondial est volatil et imprévisible, rendant la planification et l’investissement de plus en plus difficiles », a déclaré mardi le PDG Ivan Espinosa.

Ivan Espinosa, PDG du constructeur automobile japonais Nissan, participe à une conférence de presse pour annoncer les résultats de l’exercice 2024 de l’entreprise, au siège de la ville de Yokohama, préfecture de Kanagawa, le 13 mai 2025. (RICHARD A. BROOKS/AFP via Getty Images)

Nissan plombe les résultats de Renault
Nissan, dont le français Renault détient 35%, a enregistré une perte nette de 671 milliards de yens (4,1 milliards d’euros) sur l’exercice décalé achevé fin mars. Renault a dit mardi s’attendre lui-même à un impact négatif de 2,2 milliards d’euros au premier trimestre 2025 en raison des difficultés du constructeur japonais.
Cette contre-performance s’explique notamment par les coûts liés au plan de redressement engagé : fortement endetté, non rentable et miné par l’essoufflement des ventes sur ses marchés-clés, Nissan avait annoncé en novembre vouloir réduire de 20% ses capacités de production.
« Réductions des dépenses d’investissement »
Il avait dans le même temps annoncé viser 9000 suppressions de postes dans le monde. Un chiffre finalement porté mardi à 20.000 au total d’ici l’exercice budgétaire 2027. « Nous ne ferions pas cela si ce n’était nécessaire pour survivre », a assuré M. Espinosa.
Nissan ajoute qu’il « consolidera le nombre de ses usines de production de véhicules de 17 à 10 d’ici l’exercice 2027 et accélérera les réductions des dépenses d’investissement ».
L’entreprise a récemment abandonné son projet, tout juste approuvé, d’une usine de batteries au lithium d’un milliard de dollars dans le sud du Japon.

Cette photo prise le 8 décembre 2023 montre une ouvrière sur la ligne de production lors d’une visite médiatique de l’« usine intelligente Nissan » à l’usine Nissan Motor Tochigi, la plus grande de l’entreprise au Japon, à Kaminokawa, dans la préfecture de Tochigi, à quelque 105 km au nord de Tokyo. (Photo by Richard A. Brooks / AFP) (Photo by RICHARD A. BROOKS/AFP via Getty Images)

Un énorme endettement
Nissan, dont l’action a perdu 40% sur l’année écoulée, reste sous la pression d’un énorme endettement : les agences de notation ont abaissé sa note et l’ont placée en catégorie spéculative, Moody’s pointant sa « faible rentabilité » et « sa gamme de modèles vieillissants ». Lors des trois premiers mois de 2025, il a encore vu ses ventes mondiales plonger de 5,5% sur un an, à quelque 869.000 véhicules, plombées par la Chine (-27,5%), le Japon (-9,8%) et l’Europe (-3,4%).
Les perspectives restent moroses : à l’effritement de la demande s’ajoute la hausse des droits de douane engagée par Washington. Le constructeur a réalisé en 2024-2025 un chiffre d’affaires stable (-0,4%) de 12.633 milliards de yens (76,9 milliards d’euros), et attend des revenus du même ordre pour l’exercice 2025-2026 entamé début avril. Mais – chose rare – il n’a dévoilé aucune prévision de bénéfices pour ce nouvel exercice. « L’incertitude liée aux politiques douanières américaines nous empêche d’estimer rationnellement nos prévisions annuelles », explique M. Espinosa.
Depuis avril, Washington surtaxe à 25% les voitures importées aux États-Unis. Or, Nissan y a réalisé l’an dernier 30% de ses ventes mondiales : 924.000 véhicules, dont 45% étaient importés du Japon et du Mexique. Parmi les constructeurs japonais, Nissan sera probablement le plus durement touché, explique à l’AFP Tatsuo Yoshida, analyste chez Bloomberg Intelligence. Dans l’immédiat, Nissan assure disposer de stocks « importants » chez ses concessionnaires américains, mais ensuite il sera confronté à un dilemme : répercuter les surtaxes sur les prix de vente pourrait dissuader sa clientèle, prévient M. Yoshida.
Le groupe fragilisé
Le groupe apparaît fragilisé : il avait entamé fin 2024 avec Honda des négociations en vue d’un mariage pouvant donner naissance au troisième constructeur mondial, mais les discussions se sont effondrées mi-février. Cette débâcle a précipité le départ du PDG Makoto Uchida, remplacé par M. Espinosa, qui entend muscler le « plan de redressement ». « Nissan doit donner la priorité à son amélioration continue avec une urgence accrue », a réaffirmé ce dernier mardi.
Soucieux de gagner en efficacité, Nissan entend « réduire la complexité des pièces (détachées) de 70% » et accélérer ses efforts censés « réduire significativement le délai de développement d’un nouveau modèle à 37 mois ». Enfin, l’entreprise continue de parier sur le vaste marché chinois, où il affronte la concurrence acérée des marques locales : Nissan a vu ses ventes s’y effondrer de 27% sur les trois premiers mois de 2025.
Le constructeur s’est pour autant engagé mi-avril à investir l’équivalent de 1,4 milliard de dollars d’ici fin 2026 en Chine, y voyant un marché irremplaçable par son ampleur et le terrain idéal pour tester le développement de véhicules électriques et hybrides.

Des visiteurs regardent les voitures exposées dans la galerie Nissan à l’intérieur du bâtiment du siège du constructeur automobile japonais Nissan dans la ville de Yokohama, préfecture de Kanagawa, le 13 mai 2025. (RICHARD A. BROOKS/AFP via Getty Images)

La situation précaire de Nissan pourrait accélérer sa recherche d’un partenaire : aux aguets, le géant taïwanais de l’assemblage électronique Foxconn (Hon Hai), fournisseur d’Apple et soucieux de diversification, s’est déclaré ouvert à racheter la participation de Renault dans Nissan.