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Selon Pierre de Villiers, les armées françaises n’ont pas «aujourd’hui les moyens» d’une guerre de «haute intensité»

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L’ancien chef d’état-major des armées françaises, Pierre de Villiers.

Photo: ETIENNE LAURENT/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Le général Pierre de Villiers a de nouveau indiqué que la France ne pourrait faire face à une guerre « de haute intensité », un spectre qui selon lui, plane au-dessus de nos têtes. Il appelle donc à une modernisation rapide de ses équipements.
L’ancien chef d’état-major des armées françaises, qui avait quitté ses fonctions au début du mandat d’Emmanuel Macron en 2017, s’est livré dans les colonnes du Parisien à l’occasion de la sortie de son livre Paroles d’honneur. Il a notamment indiqué que la guerre en Ukraine « doit nous forcer à une réadaptation de notre modèle ».
« Accroître les crédits budgétaires »
Cette réadaptation de notre modèle, Pierre de Villiers explique qu’il faut « l’adapter non pas à ce que nous faisons depuis des dizaines d’années, des opérations de guerre, mais à gagner une guerre. Il faut compter avec sa durabilité, donc être capable de tenir, et avec la dureté de la guerre ».
« Comme l’a montré un rapport parlementaire en février dernier, les armées françaises n’ont pas aujourd’hui les moyens » pour résister à une guerre de haute intensité, précise-t-il, recommandant d’ « accroître les crédits budgétaires ». Cinq ans plus tôt, le général considérait déjà que le budget de la défense était insuffisant. « Je note avec satisfaction les + 1,7 milliard d’euros par an depuis 2017 – peut-être y ai-je modestement contribué – et même 3 milliards d’euros pour 2023 », admet-il néanmoins.
« Ça ne va pas assez vite »
« Il faut poursuivre la modernisation de nos forces », poursuit-il, détaillant que cela passe par le « remplacement des vieux matériels dans les trois armées (terre, air, marine) », ainsi que « la réadaptation ».
Il signale aussi que « tout l’aspect logistique est à revoir » et regrette que depuis le 24 février de cette année, marquant le début de la guerre russo-ukrainienne, « on n’en soit toujours qu’aux travaux préparatoires de la prochaine Loi de programmation militaire ». Il réclame donc « la montée en puissance de notre appareil industriel » et une « accélération des calendriers » car selon lui, « ça ne va pas assez vite ».
La menace nucléaire, une « tactique » utilisée par la Russie
Si le général de Villiers est conscient qu’une guerre nucléaire est possible – une « tactique » valable pour la Russie mais qui « n’est pas la nôtre », en France – « il faut tout faire pour que cette guerre, devenue une espèce de conflit entre la Russie et l’Occident, ne dégénère pas », indique-t-il, car une réalité est là, « la mort revient au-dessus de nos têtes », et « personne ne peut dire avec certitude » que Vladimir Poutine n’aura pas recours au nucléaire dans les mois qui viennent. Il pense effectivement que le dirigeant russe, qui se trouve actuellement « en situation d’échec militaire » en Ukraine, est capable de l’utiliser, « parce qu’un dictateur ne recule jamais dans un tunnel ».
Le président Emmanuel Macron a assuré, ce mercredi 9 novembre à Toulon (Var), que la dissuasion nucléaire française « contribuait » à la « sécurité » de l’Europe. « Aujourd’hui plus encore qu’hier, les intérêts vitaux de la France ont une dimension européenne. Nos forces nucléaires contribuent donc par leur existence propre à la sécurité de la France et de l’Europe », a-t-il expliqué dans son discours sur les grands enjeux stratégiques de la France. « Gardons-nous d’oublier que la France a bien la dissuasion nucléaire et gardons-nous parfois de dramatiser quelques propos », a-t-il ajouté.