Tribune en faveur de Gérard Depardieu: l’acteur estime que les signataires sont «très courageux»

Par Emmanuelle Bourdy
27 décembre 2023 13:03 Mis à jour: 27 décembre 2023 13:03

Une cinquantaine d’artistes ont signé une tribune pointant le « lynchage » médiatique dont fait l’objet Gérard Depardieu depuis le reportage choc de Complément d’enquête. Plusieurs féministes et des collectifs ont dénoncé ce soutien et une association a même rompu son partenariat avec Pierre Richard, également signataire de la tribune.

Au total, 56 artistes – dont Nathalie Baye, Carole Bouquet, Charlotte Rampling, Jacques Weber, Gérard Darmon, mais aussi le réalisateur Bertrand Blier, ou encore Carla Bruni, Arielle Dombasle, Roberto Alagna et Jacques Dutronc – ont signé une tribune, publiée par Le Figaro ce lundi 25 décembre.

« Lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque »

Les signataires ne peuvent « plus rester muets face au lynchage » qui s’abat sur Gérard Depardieu, mis en examen pour viols depuis 2020, et « face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne », et cela « au mépris d’une présomption d’innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s’il n’était pas le géant du cinéma qu’il est ».

« Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma », écrivent encore les signataires, ajoutant que « lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque. Par son génie d’acteur, Gérard Depardieu participe au rayonnement artistique de notre pays ».

Gérard Depardieu déclare ne pas être à l’origine de ce texte

Contacté par RTL, le comédien a déclaré : « Je trouve que c’est très courageux de la part des signataires. » Précisant ne pas être à l’origine de ce texte et n’avoir appelé personne ni demandé l’aide d’aucun artiste, il a indiqué avoir simplement autorisé son auteur, Yannis Ezziadi, à le publier.

Ce comédien, qui est également éditorialiste au magazine conservateur Causeur, est un proche de la fille de l’acteur, Julie Depardieu. Yannis Ezziadi, qui veut par cette tribune dénoncer une « idéologie de terreur, de chasse aux sorcières », a exprimé auprès de l’AFP son inquiétude face à l’ampleur des réactions aux « blagues » entendues dans le reportage Complément d’enquête.

L’association Les Papillons décide de se séparer de Pierre Richard

Mais cette tribune n’a pas fait que des émules, au contraire. La présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert, a indiqué à l’AFP qu’il s’agissait d’une tribune « très pédagogique », toutefois, « ce que l’on voit, c’est comment un entourage va s’organiser et utiliser des arguments tels que ‘c’est un monstre sacré, c’est un génie’ pour protéger quelqu’un », a-t-elle poursuivi.

« J’ai l’impression qu’il y a une incompréhension quand j’entends parler de torrent de haine qui se déverse sur Depardieu… Il n’y a jamais de vengeance mais un besoin de protéger les autres », a expliqué sur BFMTV Emmanuelle Dancourt, la cofondatrice de #MeTooMedias, qui se dit « attristée » et « atterrée ».

Parmi la liste des personnes choquées par cette tribune figure également Laurent Boyet, le président de l’association Les Papillons. Cette association, dont l’ambassadeur n’est autre que Pierre Richard, recueille la parole d’enfants victimes de violences. Reconnaissant l’amitié qui uni cet acteur à Gérard Depardieu, « née des films qu’ils ont tournés ensemble et d’une certaine conception du bien vivre », le président de l’association a décidé de se séparer de Pierre Richard, plaidant sur X qu’« il y a des actes et des propos qu’on ne peut accepter ou excuser, même au nom d’une quelconque amitié ».

« On refuse de voir ce qu’a fait l’homme »

Raphaëlle Rémy-Leleu, élue au conseil de Paris, a elle aussi fustigé cette tribune, assurant que celle-ci défendait « la culture du viol » en privilégiant « l’artiste » au mépris de « la parole de chaque victime ». « Cette tribune assume de faire diversion », a encore pointé Raphaëlle Rémy-Leleu dans un entretien accordé à France info. Elle aurait préféré « retrouver ces personnalités, ces artistes, ces voix publiques dans tellement d’autres combats, dans tellement d’autres tribunes, notamment pour défendre les victimes de violences sexistes et sexuelles, pour lutter contre le sexisme en général ».

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