Une «dernière chance» pour des adolescents impliqués dans des rixes

Par Epoch Times avec AFP
18 mars 2023 10:30 Mis à jour: 18 mars 2023 15:40

La justice leur donne une « dernière chance » : en Essonne, au sud de Paris, onze jeunes ayant participé à des rixes violentes, mais sans infliger de graves blessures, suivent une journée de stage en alternative aux poursuites.

Les prénoms de ces garçons, mineurs au moment des faits et aujourd’hui âgés de 13 à 20 ans, ont été modifiés. Ils sont convoqués dans les locaux de l’association « Générations II » à Évry-Courcouronnes, partenaire de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) qui dépend de la Chancellerie et met en œuvre les décisions de justice concernant les mineurs.

Au programme du stage, auquel l’AFP a pu assister : prises de parole sur la violence, sur l’orientation professionnelle, initiation à la boxe pour « libérer les émotions »… La journée vise à inciter les adolescents à se percevoir comme « des ressources pour l’avenir », explique Blanche Saraga-Aplogan, chargée de mission PJJ. « Il faut qu’ils prennent conscience qu’on leur donne une dernière chance », abonde Sidi Koné, éducateur à la PJJ. La plupart affirment avoir mûri depuis leur dernière bagarre et ne plus « vraiment avoir besoin » du stage. Pourtant, tous tombent des nues en visionnant des vidéos sur les peines encourues : jusqu’à 10 ans de prison et 150.000 euros d’amende pour un adulte ayant commis des coups et blessures. La moitié pour un mineur. « C’est chaud, on ne savait pas », soufflent-ils.

Et comment comprennent-ils la notion de « légitime défense » ? « On peut se venger, mais pas au point de tuer », avance Younès, 20 ans. « Non, ça ce sont des violences réciproques », recadre l’éducateur. « Et si le mec vous tue, c’est comment ? », l’interpelle Moussa, 18 ans : « si le gars veut me planter et que je réussis à prendre son couteau, je le plante ». « Si tu as pris son arme, tu es en sécurité, alors pourquoi le planter ? », lui demande Sidi Koné. Moussa reste coi.

Pas seul devant la situation

Après une garde à vue et une hospitalisation, Maxime, 14 ans, raconte avoir « arrêté les rixes » et essayé de s’extraire des vieilles rivalités entre quartiers. Mais il y a peu, un groupe « adverse » l’a « attrapé », lui dérobant son téléphone. Pour la première fois, « j’ai porté plainte », dit-il, déclenchant l’hilarité des autres stagiaires. « Aux yeux du quartier, tu es vu comme une ‘salope’ quand tu fais ça », explique-t-il aux adultes.

« Au moins, tu n’es pas seul devant la situation et tu ne te fais pas justice toi-même », l’encourage Hakim Tilouche, directeur territorial de la PJJ. « Si vous ne portez pas plainte, on n’attrapera jamais les personnes qui s’en sont pris à vous », renchérit Stéphanie Gauthier, représentante du parquet d’Évry, pour qui les bandes de jeunes constituent une priorité dans un département où ont été recensées, en 2020, un quart des rixes du pays.

Maxime s’accroche : s’il assiste au stage aujourd’hui, c’est de son plein gré. Lors d’un stage antérieur, il a compris « l’ampleur de ses actes » et a souhaité revenir témoigner. « C’est débile de gâcher notre avenir », insiste-t-il, déplorant que des jeunes renoncent à leurs souhaits d’orientation quand les lycées qui les proposent se situent en « secteur ennemi ».

Calmer le jeu

Mais comment éviter l’affrontement ? Mise en situation : l’éducateur Sidi Koné demande aux jeunes de s’observer avec colère, amusement… et de ne pas surinterpréter les regards. Les adolescents simulent aussi une rencontre entre deux groupes : l’un provoque, l’autre doit calmer le jeu. « Vous aimez la même musique, les mêmes vêtements, parlez des choses qui vous réunissent », suggère Blanche Saraga-Aplogan.

L’exercice embarrasse. Seul Yannis, 17 ans, se lance. « On veut pas d’galère ! Qu’est-ce que vous faites ?! », tente-t-il, les mains en l’air alors que des jeunes le bousculent. L’éducateur intervient et s’adresse aux coéquipiers de Yannis : « Pourquoi ne l’avez-vous pas soutenu ? Vous n’avez pas peur de taper, mais vous avez peur de parler ? » L’un d’eux lâche : « Je suis timide ».

Le soir, leurs parents viennent les récupérer. « J’attends que mon fils sorte de cet engrenage, dont on connaît l’issue : la prison ou la mort », confie la mère de Yannis. Une autre la rassure : « je viens pour mon cadet aujourd’hui, mais mon aîné aussi a été convoqué à un stage et il s’est bien calmé depuis ».

 

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